Groupe dentellier Holesco
Riechers & Marescot retrouve ses pénates caudrésiennes
Le groupe de production de dentelles Holesco a décidé de rapatrier sa célèbre marque de Calais à Caudry. Compte-rendu d'un retour salvateur.
C'est le haut de la botte. L'entreprise de fabrication de dentelles Leavers Riechers & Marescot, déjà intégrée au groupe Holesco (17 millions d'euros de chiffre d'affaire et 250 salariés), va rejoindre le site de la maison-mère caudrésienne. Dans le monde du luxe, R & M fait office de référence mondiale. Mais, comme dans toute la filière, la marque a vu sa production chuter. «On a fait tout ce que l'on a pu», déclare sans ambages Romain Lescroart, dirigeant du groupe. «Mais la très faible activité ne pouvait tout simplement plus supporter la structure à Marck-en-Calaisis» ajoute t-il.
Une marque réputée mondialement
En 1997, l’acquisition du dentellier spécialisé dans la robe s’est faite dans la douleur. Bruno Lescroart, père de Romain, nous avait confié avant sa retraite en 2012 : «Riechers nous a coûté cher, mais c'est le prix du futur». La qualité des métiers et leurs montages particuliers ont fait longtemps le succès de l'entreprise. Les grandes maisons de couture ne s'y trompaient pas et conféraient à la marque une réputation mondiale.
Aujourd'hui, sur le terrain de plus d'un hectare, l'activité et la vétusté du bâtiment ne justifient plus une telle structure. Les sept salariés restants vont devoir choisir la suite qu'ils donnent à leur carrière : licenciement ou mutation à Caudry. «Aujourd'hui, on est dans une situation hybride, certains doivent prendre une décision qui n'est pas simple. Les gens ont des familles à Calais» explique le dirigeant. Depuis l'an dernier, les effectifs avaient commencé à fondre passant de 15 à 7 personnes.
Les machines Leavers vont rejoindre La Ramette
Sur place, dans l'énorme atelier d'un demi hectare, une vingtaine de métiers à tisser demeurent. Une partie est destinée à rejoindre l'armada des machines Leavers de «La Ramette», l'usine du groupe qui se constitue depuis près d'une décennie dans la zone d'activité industrielle de Caudry. L'ancienne «usine L'Oréal» accueille ainsi, au fil des déménagements, les métiers qui tournaient jadis dans les multiples sites du groupe.
Les crises successives ont naturellement conduit la direction d'Holesco à rationaliser les processus de fabrication du précieux tulle : depuis 25 ans, ce sont successivement les usines Gaillard, Martyn, le site de Codentel, d'Eurodentelles, et de Riechers & Marescot qui ont rejoint, ou s'apprêtent à le faire, les pénates de la famille Lescroart.
La dentelle Hurtrel devrait suivre
Dans une des salles du grand bâtiment marckois demeure aussi la filiale de découpage et de finition des dentelle Hurtrel qui a, elle aussi, vocation à quitter le site. «On a le temps de voir venir pour cela», précise Romain Lescroart. «La vente du terrain et du bâtiment prendra un peu de temps».
Avec cette fermeture, le groupe caudrésien tourne sa dernière page de production de dentelles à Calais, non sans un certain déchirement : «J'ai commencé chez Riechers et mon père chez Berthes», soupire le chef d'entreprise. «Nous sommes tous deux attachés à Calais». L'ensemble des capacités de production rejoindra donc La Ramette. Comme un ultime feuillet venu épaissir encore l'histoire séculaire des derniers gardiens de la dentelle de Caudry... - Calais.