«Rev3 est le fil conducteur de l’ensemble de nos projets»

Comment votre ville s’inscrit-elle dans la transition écologique et quelles initiatives concrètes sont mises en oeuvre pour favoriser le développement durable ?

Notre volonté est d’être autonomes en énergies renouvelables d’ici 2050. À ce titre, nous devons développer leur production et réduire notre consommation énergétique d’au moins 60%. Dès 2022, nous avons mis en place un réseau de chaleur sur neuf bâtiments publics, grâce notamment à des aides de l’Europe et de l’Ademe, avec une chaudière biomasse alimentée en bois avec la taille des haies autour des terres agricoles. Et nous travaillons aujourd'hui sur le déploiement d’un réseau de chaleur à l’échelle de la ville qui permettrait de couvrir 45% de la consommation de la ville toutes structures confondues, particuliers, entreprises et industries, et bâtiments publics ; un projet pour lequel l’appel d’offres sera relancé en début d’année prochaine et qui nous offrira une maitrise des coûts synonyme d’une baisse des factures énergétiques pour nos habitants et d’une hausse de la compétitivité de nos entreprises. 

En parallèle, nous avons développé des centrales photovoltaïques sur les toitures de plusieurs bâtiments publics qui permettent à la commune de disposer d’une énergie d’avenir et de réduire du même coup, sur la durée, ses dépenses de fonctionnement puisque l’électricité produite sert en autoconsommation pour alimenter différents bâtiments municipaux. Et nous avons créé une structure juridique avec les entreprises du territoire pour définir les surfaces permettant le développement du parc photovoltaïque, la première phase du projet étant programmée pour 2025. On peut dire que nous sommes des précurseurs sur les énergies renouvelables !

Quels sont les dispositifs dédiés à la réduction souhaitée de 60% de la consommation énergétique de la ville ?

Le premier concerne la rénovation globale de 5 des 11 écoles de la ville ; au-delà des économies d’énergie, ces travaux ont permis d’améliorer sensiblement la qualité de vie des élèves et des enseignants. Avec Fourmies Habitat, notre Office Public de l’Habitat (OPH) qui dispose à ce jour d’un parc de 1 200 logements sociaux sur la ville, nous avons également lancé en 2020 un programme de réhabilitation de 50% du parc d’ici 2030, pour un investissement de 25 millions d'euros ; et la démolition et la reconstruction de 25% du parc soit 300 logements dans le cadre de l’ANRU 2 (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, ndlr) pour 25 millions d'euros supplémentaires, soit une enveloppe globale de 50 millions d'euros. 

Le patrimoine privé doit aussi bénéficier de dispositifs de réhabilitation puisque, selon une étude de 2018, le taux de vacances est de 14% ! Nous avons donc lancé un dispositif en 2023 pour aider la rénovation de 2 000 logements privés sur la ville, avec une enveloppe de subventions de 4,7 millions d'euros jusqu’à 2028, et j’ai demandé à l’État d’étendre le dispositif… à Fourmies la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette qui vise à ralentir et compenser l'artificialisation des sols, ndlr) s’est imposée naturellement dès 2015, avant la promulgation de la loi, afin de redynamiser le centre-ville.

En matière d’attractivité économique, quelles actions envisagez-vous pour encourager l’implantation de nouvelles entreprises et soutenir les acteurs économiques locaux ?

Comme expliqué, les actions mises en oeuvre dans le cadre de la transition écologique ont également pour objectif de permettre à nos entreprises d’être plus rentables et compétitives ; et dans nos projets, comme sur la nouvelle salle polyvalente qui est une vitrine de Rev3, nous sollicitons les entreprises locales. Nous avons également déployé un dispositif de formation intégrée au travail, par exemple. D’une manière générale, une vraie dynamique économique s’est mise en place à Fourmies avec Rev3 ! Preuve en est, la bâtiment qui abrite la ruche, la pépinière et l’hôtel d’entreprises affiche complet contre un taux de remplissage de 30% en 2017 ; nous envisageons d’ailleurs la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir de nouvelles PME sur notre territoire. Un autre chiffre est parlant : le taux de chômage est passé de 34% en 2014 à 18% en 2022. C’est toujours élevé, mais encore une fois une dynamique forte est en marche… et d’ailleurs le marché de l’immobilier à Fourmies ne s’est jamais aussi bien porté. C’est un signe qui ne trompe pas. 

Quels sont les projets phares concernant la qualité de vie des habitants, les mobilités ou encore la santé ?

Pour améliorer toujours davantage la qualité de vie des habitants de Fourmies, nous travaillons sur la redynamisation du centre-ville. Trois millions d'euros ont été investis depuis trois ans dans la rénovation de l’éclairage public, avec un passage au Led, je ne souhaitais pas éteindre l’éclairage la nuit donc il fallait le faire ! Nous avons également inauguré un nouveau cinéma il y a deux ans et un tiers-lieu de 1 000 m2 en 2023.

Concernant la mobilité, différents projets ont été lancés en lien avec les acteurs associatifs : la création d’un garage solidaire, d’un service de location de véhicules (voitures avec ou sans permis et deux-roues) qui fonctionne très bien, une auto-école sociale pour les personnes qui rencontrent de grandes difficultés à passer leur permis de conduire et bénéficient d’un coaching sur-mesure, un atelier de location de vélos électriques et un dispositif de transport à la demande qui permet à nos habitants de se déplacer pour un euro quelque soit la distance. L’objectif est que chacun puisse se déplacer dans les meilleures conditions pour aller travailler, faire ses courses, chercher les enfants à l’école, se rendre à un rendez-vous médical, etc.

Et sur la santé, comme de nombreuses villes de France, Fourmies est confrontée à une problématique de désertification médicale. Il n’y a plus aujourd’hui que trois médecins généralistes installés sur la ville pour près de 12 000 habitants. Une cabine de téléconsultation ouvrira en fin d’année sur le site de France Services, c’est une première étape. Et nous avons lancé, avec la Faculté de médecine de Reims, un dispositif pour inciter les jeunes diplômés à s’installer chez nous… cela prendra du temps d’en voir les effets concrets puisque les études de médecine sont longues, mais il fallait bien commencer. 

En résumé, Rev3 s’est imposé comme un élément fondateur et fédérateur ?

Rev3 est le fil conducteur de l’ensemble de nos projets et j’y associe toujours les habitants de la ville. Quand je suis arrivé à Fourmies en 2014, la population était résignée, elle avait perdue sa fierté. Aujourd’hui, nous avons retrouvé cette fierté et la ville est très souvent citée en exemple sur la dynamique Rev3. Je suis toujours surpris d’être invité à des conférences pour parler de notre expérience et de voir que nos habitants connaissent bien le sujet, mais surtout ravi qu’on parle désormais de Fourmies avec une image positive !