Bilan 2022 du groupe franco-britannique

Résultats annuels de Getlink : du trafic et du jus

Le groupe franco-britannique Getlink, gestionnaire des infrastructures du Tunnel sous la Manche, vient de réaliser des résultats historiques pour l’année 2022 avec 1,6 milliard d’euros. La marée est fortement remontée et elle s’est accompagnée d’un booster électrique. Compte-rendu.

Dans son activité Tunnel, Getlink est en hausse avec +63% avec un chiffre d’affaires s’élevant à 1,049 milliard d’euros. © Getlink/Eurotunnel
Dans son activité Tunnel, Getlink est en hausse avec +63% avec un chiffre d’affaires s’élevant à 1,049 milliard d’euros. © Getlink/Eurotunnel

Champagne. Il est fort probable que la trésorerie de l’entreprise gestionnaire du Tunnel sous la Manche ne se soit jamais portée aussi bien qu’aujourd’hui… L’an dernier, Getlink a cartonné à peu près partout. Dans son activité Tunnel, le chiffre d’affaires est en hausse de 63% (à 1,049 milliard d’euros). Les navettes seules pèsent pour 732 millions d’euros avec près de 8,3 millions de passagers transportés. En termes de fret, Eurotunnel approche la barre du million et demi de camions en hausse de 6%.

L’arrêt des navires de P&O de mai à août a orienté une partie de ce trafic vers le tunnel. Seul le fret ferroviaire connaît une baisse significative (-10 %, soit 200 000 tonnes transportées de moins qu’en 2021) «malgré le développement d’un nouveau service pour le Groupe CAT pour le compte de Toyota» indique le groupe. En dépit de la reprise des flux, Getlink doit faire face à une augmentation sensible de ses coûts : +21% sur le segment du Tunnel avec une note d’énergie qui a cru de 25 millions d’euros. Maintenance, frais généraux, frais commerciaux ont également grimpé au fil de la très forte reprise de l’activité. 

Dans la partie Gestion des Infrastructures, la filiale Europorte affiche une croissance plus mesurée avec 5% à 137 millions d’euros. Comme pour Eurotunnel, la profitabilité augmente (+63%), alors même que les charges d’exploitation ont cru. Cette croissance continue est due aux flux transfrontaliers (France-Belgique-Allemagne) qui représentent plus d’un cinquième de son activité.

Hausse générale des flux et montée en charge d’ElecLink

La grande nouveauté dans l’activité du groupe en 2022, c’est la mise en route du projet ElecLink d’interconnexion des réseaux français et anglais qui a nécessité 826 millions d’investissements depuis 2015. Six mois d’activité en 2022 ont généré 420 millions de chiffre d’affaires… 153 millions de charges d’exploitation et un Ebitda* de 264 millions d’euros après intégration d’une provision de 142 millions qui doivent être partagés. En année pleine, cette activité pourrait dépasser l’activité ferroviaire.

«On ne passe pas par magie sur ElecLink, nous restons considérablement attachés à l’activité d’Eurotunnel et au travail patient d’améliorer nos services aux clients» a indiqué le président du conseil d’administration de Getlink, Jacques Gounon. Qui trouve là l’occasion de gratifier, «de manière significative», les actionnaires avec un dividende de 0,50 euros/action. L’actualité de 2022, c’est toujours les impacts du Brexit sur les flux : «Le Brexit, ce sont finalement de nouvelles formalités douanières. Grâce au digital (Border pass dont 60% l’ont choisi), on a réussi à faire en sorte que traverser la frontière soit simple. On a des engagements des gouvernements de traiter les demandes de contrôle physiques. Pour que nos clients n’aient pas à attendre» a ajouté le dirigeant. Les clients ont pris des habitudes en 2022.

Résultats en hausse et dette en baisse

Si Getlink vend de la vitesse, elle ne répugne pas le temps plus long. Ainsi, les ventes passent d’un quart à un tiers pour les séjours dépassant 6 nuits. En outre, 1 client sur 2 est un nouveau client. Enfin, depuis 2019, le chiffre de ceux qui prennent des billets plus flexibles a doublé. «On n’arrête pas d’ajouter des machines à laver pour nos clients qui ont besoin de faire une lessive» complète le président. Les perspectives dressées sont les suivantes : «Aller plus loin dans les terres où il y a une possibilité de croissance extrêmement forte. En 2023, on continue d’investir (entre autres dans la nouvelle génération des navettes camions) » projette-t-il. Rien ne semble assombrir l’horizon pour le groupe. La dette ? Pas d’échéance avant 2025. La dette nette est passée sous la barre des 4 milliards (en réduction de près de 400 millions depuis 2021). Le résultat est de 242 millions d’euros. Net.

*Ebitda : Excédent d’exploitation avant impôt, dépréciation, charges financières et amortissement.