Renault Douai, une référence électrique européenne
Le 9 mai dernier, la Manufacture Renault Douai a basculé ses lignes de production vers 100% d’assemblage de véhicules électriques ; une première en Europe qui s’appuie sur un écosystème régional ambitieux.
Il aura fallu trois semaines d’arrêt pour basculer d’une ligne de production déjà mixte électrique/thermique à 100% électrique. Mais en amont, cela fait déjà deux ans que les équipes travaillent sur ce projet. Elles ont transformé les lignes de production pour qu’elles soient flexibles. L’ingénierie a industrialisé un ensemble de systèmes qui permettait d’assembler à la fois des véhicules thermiques et électriques sur une même ligne. Puis en avril, la production a été stoppée, pour dédier les lignes à l’assemblage uniquement de véhicules électriques. Et le 9 mai dernier, les opérateurs reprenaient le travail, avec une cadence de 52 véhicules /heures.
De la Mégane à l’Alpine électrique
C’est une première en Europe - tout constructeur confondu - qu’une ancienne usine thermique réalise cette mutation. Elle s’inscrit dans la stratégie du pôle Renault ElectriCity qui regroupe les usines de Douai, Maubeuge et Ruitz depuis 2022. Son ambition est de produire 500 000 véhicules 100% électriques à horizon 2025 sur les sites de Douai et Maubeuge contre 55 000 jusqu’à maintenant. Ca concerne toute la gamme Renault. Dès maintenant la Mégane E-Tech Electric est assemblée à Douai et le Kangoo E-Tech à Maubeuge (l’usine basculera à terme 100% électrique sans de date fixée pour l’instant), ainsi que certains véhicules de Nissan et Mercedes.
Durant la semaine du 9 mai, la Manufacture de Douai a aussi lancé la phase d’industrialisation pour produire la voiture familiale Renault Scenic en fin d’année. Puis s’enchaîneront en 2024 la Renault 5 et l’Alpine A290 (une citadine sportive de la gamme Alpine) et la future Micra de chez Nissan. La Renault 4 électrique sera montée à Maubeuge.
De son côté, la Manufacture de Ruitz accueille la fabrication des bacs de batteries : ce sont les socles sur lesquels seront posés les modules conçus par l’usine de batteries Envision AESC de Douai, toujours en construction. Les batteries seront ensuite assemblées dans les manufactures de Douai et Maubeuge. Une manière de maîtriser l’intégralité de la chaîne de valeur des batteries.
Cette volonté de multiplier par dix la production de véhicules électriques est un vrai pari pour le groupe Renault. Encore faut-il espérer que les acheteurs soient au rendez-vous. Les voitures électriques restent encore chères et le réseau de bornes de recharge à développer. Mais pour Luciano Biondo, directeur général de Renault ElectriCity, ces freins sont à dépasser. Selon lui, ces véhicules sont trois fois moins chers à l’usage que les véhicules thermiques : «Rien que pour la Mégane E-Tech, il faut juste 3 à 4 euros pour 100 km. Et les batteries se rechargent aujourd’hui en 25 mn pour 300 km d’autonomie. Le temps de recharge est plus important que l’autonomie.» Sans compter une réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère.
Trois milliards d’euros
L’investissement a été massif comme explique Luciano Biondo : «Un milliard d’euros aura été nécessaire pour financer les changements vers la production électrique sur les usines de Douai et Maubeuge. L’accompagnement du groupe concerne aussi les projets d’installation d’usines de batteries électriques Envision à Douai et Verkor à Dunkerque qui dépassent les deux milliards d’euros.» Pour Luciano Biondo, la réussite de cette mutation à Douai s’appuie sur trois points : «une manufacture performante, un écosystème unique avec une usine de batteries Envision AESC installée à 100 mètres et 80% des fournisseurs à moins de 300 mètres, et la volonté d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2025». Le directeur général de Renault ElectriCity espère maintenant que cette performance fasse de son pôle, une référence tant au niveau du groupe que parmi les autres constructeurs européens.