Rémunérations : cadres et entreprises réajustent leurs attentes
Après une période post-Covid marquée par une effervescence inédite, le marché de l’emploi des cadres amorce un retour à la normale. Moins d’offres, des tensions toujours vives sur le marché de l’emploi avec des recrutements complexes, mais des cadres toujours confiants : voici les tendances mises en lumière par la dernière étude de rémunération du cabinet de conseil Robert Walters pour 2025.
L’année 2025 pourrait marquer une nouvelle étape dans les relations employeurs-candidats. Face à la pression économique, les cadres semblent ajuster leurs aspirations. Près de 45 % d’entre eux pensent bénéficier d’une augmentation en 2025, une proportion en baisse par rapport à l’an passé. Ces augmentations devraient être limitées, oscillant entre 1 et 3 %, selon 68 % des répondants. Côté entreprises, seules 49 % envisagent d’augmenter les salaires cette année, révèle l’étude Robert Walters, cabinet de conseil spécialisé dans le recrutement*. Pour rappel, ils étaient 53 % en 2024.
Jusqu’à 5% d’augmentations dans la santé
Dans un contexte économique toujours tendu, avec des hausses de salaires qui restent mesurées, certains secteurs en 2025 devraient toutefois tirer leur épingle du jeu. Ainsi, les fonctions liées à la santé devraient bénéficier d’augmentations de 5 %, en moyenne, selon Robert Walters. Notamment pour les profils de directeur médical, directeur assurance qualité et affaires réglementaires ou encore de directeur business development.
Autre métier favorisé, les avocats, qui bénéficieraient d’augmentations de l’ordre de 7% (collaborateur mid en financement, collaborateur en restructuring, partner en private equity). D’autres fonctions affichent une prévision de + 4 %, à savoir les ressources humaines (responsable paie ou RH, DRH), les fonctions « engineering et manufacturing » (responsable et directeur amélioration continue et qualité, directeur HSE, Hygiène sécurité environnement) ou encore les métiers du juridique (responsable éthique et conformité, fiscaliste international, directeur juridique). Et, dans une moindre mesure (+3%), les métiers du sales marketing, de la finance, de la tech et du digital, des achats et de la supply chain.
La rémunération moins prioritaire…
Malgré un climat économique et géopolitique incertain, 73 % des cadres restent optimistes quant aux opportunités dans leur secteur. Toutefois, cette confiance est plus mesurée qu’auparavant. Ainsi, un sur deux envisage de changer de poste dans les 12 prochains mois, un chiffre en légère baisse par rapport à 2023. Leurs motivations évoluent également : si la rémunération demeurait prioritaire l’an dernier, l’envie d’évolution professionnelle ou de changer de management prend désormais le dessus. Toutefois, une fois engagés dans une démarche de mobilité, les cadres se montrent fermes sur leurs attentes financières, exigeant une prime de risque pour toute transition.
… Mais des attentes salariales toujours trop élevées
Selon l’étude Robert Walters, le marché de l’emploi cadre en 2024 enregistre un recul de 9% des offres. Une décrue qui s’explique par l’atténuation de la dynamique artificielle observée après la crise sanitaire. Pourtant, les besoins restent importants, en particulier pour les postes de middle et top management.
Du côté des entreprises, les difficultés à recruter s’accentuent. En effet, 84 % d’entre elles signalent une pénurie de talents, un chiffre en hausse de six points par rapport à l’an dernier. En cause également, des attentes salariales trop élevées (77%), des candidats très sollicités (49%) et un manque de candidatures (44%). Cette situation pousse 41 % des recruteurs à recourir aux services d’intermédiaires pour identifier des profils adaptés. « Dans ce contexte de pénurie, les entreprises recherchent des partenaires capables d’aller au-delà du simple cahier des charges », souligne Coralie Rachet, Managing Director de Robert Walters.
Flexibilité et bien-être au travail : des priorités maintenues
En ce qui concerne le télétravail, la France maintient sa position avec 75 % des entreprises qui n’ont pas modifié leur politique sur le sujet en 2024, et 56 % qui ne prévoient aucun changement cette année, alors que certains marchés internationaux envisagent un retour massif au bureau. Cependant, les attentes des cadres vont au-delà du simple télétravail. L’équilibre entre vie professionnelle et personnelle reste une priorité pour 73 % d’entre eux. Dans un marché en quête de stabilité, la flexibilité apparaît comme un levier essentiel d’attractivité. « Au-delà du télétravail, essentiel pour beaucoup de candidats qui n’hésitent plus à l’afficher sur leur CV, c’est la flexibilité qui est devenue indispensable », abonde Coralie Rachet.
* Entretiens réalisés auprès de 50 000 candidats et clients dans le monde, de janvier à novembre 2024 et plus de 1 300 cadres et entreprises interrogés en France, fin 2024
Charlotte DE SAINTIGNON