Région et entreprises font front contre le chômage des jeunes
Dans la droite ligne de l'engagement présidentiel de mettre la jeunesse au centre des politiques publiques, Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil Régional a lancé la première plate-forme territoriale dédié à l'emploi des jeunes, à la Cité des Echanges le 19 octobre dernier.
La nouvelle plate-forme ne sera-t-elle qu’un outil de plus qui va se superposer avec ce qui existe déjà ? C’est exactement ce que veulent éviter le Conseil régional, le Medef Nord-Pas-de-Calais et la CCI Grand-Lille. «C’est clairement le cycle court qui est au centre de ce nouveau dispositif », a déclaré Pierre de Saintignon, vice-président chargé du développement économique, aux nouvelles technologies et à la formation permanente. «Les jeunes de notre région, ceux de la seconde ligne, souffrent. Ils sont stigmatisés. Nous voulons faire redécouvrir à nos entreprises qu’il y a une jeunesse qui correspond à leurs attentes, et les mettre en relation directe.» «Ce n’est pas un dispositif spécifique aux jeunes en difficulté. Nous voulons sortir de cela», renchérit Michel-François Delannoy, vice-président de LMCU chargé du développement économique. Lors de la conférence de presse étaient également présents Jean-Pierre Guillon, président du Medef Nord-Pas-de-Calais, Philippe Hourdain, président de la CCI Grand-Lille, Henri Lepoutre, dirigeant de Westaflex et responsable de la plate-forme lilloise, Xavier Huillard, président de l’Institut de l’entreprise… C’est d’abord un patron qui dirigera la plate-forme. Il sera appuyé par une directrice. La plate-forme métropolitaine réunit plusieurs intercommunalités comme LMCU et le Pays pévélois mais c’est bien la sphère privée qui doit piloter le dispositif.
Gouvernance au pluriel. La première plate-forme métropolitaine a déjà placé 530 jeunes ces 12 derniers mois. D’autres plates-formes ont été créées : Douai, Dunkerque, Cambrai et Saint-Omer, le Boulonnais, le Valenciennois, l’Artois, la Sambre-Avesnois, le Montreuillois. Il doit y en avoir 14 au total d’ici le premier trimestre 2013. Dans trois ans, elles devront prendre leur part dans la création des 50 000 emplois visés, soit 12 000 postes pour 14 territoires dont le budget global sera de 1,7 million d’euros… Elles devront travailler avec les structures traditionnelles de l’emploi : Missions locales, Maisons de l’emploi, Pôle emploi… C’est le second objectif des promoteurs du dispositif : optimiser le travail de ces structures largement boudées par les entreprises. «Il y aura environ 78 000 intentions d’embauches des entreprises en 2012 ; 20 000 répondent à nos questions et 2 000 déposent une offre. C’est comme ça», a indiqué Karim Khétib, directeur régional de Pôle emploi. Pour qu’elles regagnent en crédibilité auprès des entreprises, ces structures devront jouer le jeu des plates-formes, faute de quoi le système pourrait échouer. «Il faut ouvrir les réseaux aux jeunes», a plaidé Ellen Van den Broek, et anticiper sur le terrain les créations de postes. A Lille, c’est la Mission locale qui fournit les moyens de la plate-forme. Mais rien n’est figé dans les autres territoires. “Il faut que cela soit souple” selon Pierre de Saintignon et Jean-Pierre Guillon. Elles devront reposer sur le cadre des plans locaux de développement économiques signés entre les territoires et le Conseil régional. La gouvernance interpelle : «le pilotage stratégique de la plate-forme est porté par son pôle dirigeant. Il est composé d’une représentant du Pôle emploi, de l’Etat, des organisations consulaires et de trois coprésidents» : un élu territorial, le vice-président du Conseil régional et un chef d’entreprise reconnu par ses pairs. Une conférence locale est également établie afin de mettre tout le monde autour de la table et le portage technique n’est pas définitivement établi bien qu’il reste l’enjeu principal.
“Au cœur de la vie économique“… Va t-on ouvrir un énième bureau au Pôle emploi ou à la Mission locale ? La Région a indiqué à cet égard que les plates-formes devaient être installées «au cœur de la vie économique». Si la tentation est grande du côté des structures traditionnelles de tirer à elles le nouveau dispositif, «les plates-formes ne seront pas dans les missions locales ou les maisons de l’emploi ou au Pôle emploi. C’est une bagarre», a reconnu Pierre de Saintignon. Et Jean-Pierre Guillon d’ajouter : «Si c’est le cas, c’est une couche de plus qui ne servira à rien.» Les plates-formes devront donc se montrer solidaires entre elles, surtout quand leurs périmètres sont contigus. Elles ont trois ans pour atteindre leur objectifs.