Social
Regards sur trois Tiers-Lieux made in Picardie, acteurs du développement du territoire
Ils sont 2 500 en France, dont 153 dans les Hauts-de-France. Les tiers-lieux, ces nouveaux centres dédiés au "faire ensemble" offrent un axe de développement social et économique pour les territoires. Le Gouvernement a d’ailleurs annoncé un plan de 130 millions d’euros pour développer ce nouvel écosystème.
Début septembre, le Gouvernement annonçait un grand plan de soutien aux tiers-lieux. Des structures qui se caractérisent par une gouvernance partagée, une hybridation des activités, un fort ancrage local mais aussi une forte appétence pour l’innovation et l’expérimentation. Pour encourager leur développement, une enveloppe de 130 millions d’euros, dont la moitié provient de France Relance, a été débloquée. Cette dotation doit favoriser la formation professionnelle, aider au renforcement du maillage territorial, financer 3 000 contrats de services civiques mais aussi des postes de conseillers numériques...
Elle doit aussi faire émerger 1 000 "Manufactures de proximité", des lieux stratégiques qui doivent préserver et développer des entreprises principalement artisanales tout en modernisant les process de production. L’État a également lancé un appel à manifestation d’intérêt doté de 45 millions d’euros pour identifier 300 « fabriques de territoire », soit des tiers-lieux qui souhaitent élargir leurs services et devenir la tête de pont de réseaux locaux. Les Hauts-de-France sont évidemment largement inscrits dans ce processus. 153 tiers-lieux ont été identifiés, dont 52 seulement en dehors de la métropole lilloise.
Regard sur trois de ces atypiques implantés en Picardie.
1- La Machinerie à Amiens
En 2011, Sébastien Personne et Jean-Baptiste Heren imaginent un atelier de fabrication numérique - FabLab - à Amiens. Autour de cette initiative, naît l’association la Machinerie, qui permet d’étoffer l’offre avec un premier co-working. « À l’époque on ne parlait pas beaucoup de télétravail, c’était assez précurseur », se souvient Sébastien Personne, vice-président de la Machinerie. La location d’un espace partagé en centre-ville permet au FabLab, activité difficilement rentable, de monter en puissance. « Nous avions de plus en plus de porteurs de projets qui venaient de façon informelle, nous avons donc voulu donner un cadre à tout cela, en lançant le programme Starter», détaille-t-il.
Labellisée "Fabrique du numérique" depuis 2019, la Machinerie a également reçu le soutien de la Fondation Orange, de la Fondation de France, ou encore de la Fondation Caisse d’Epargne. Reconnue comme un acteur social et économique du territoire, l’association qui compte aujourd’hui cinq salariés, multiplie les projets. Après avoir accompagné l’installation d’autres FabLab à Amiens, La Machinerie, installée depuis 2017 dans le quartier Gare-La Vallée, souhaite cette année développer la médiation, y compris hors les murs. « Nous étions jusqu’ici très orientés scientifique et robotique, nous avons envie d’ouvrir nos horizons et de toucher d’autres publics, notamment les plus jeunes », détaille Sébastien Personne.
2- Le Quai Numérique à Chauny
« Nous avions envie de créer un tiers-lieu depuis plusieurs années », se souvient Dominique Ignaszak, président de la Communauté d’agglomération Chauny Tergnier la Fère. Lorsque l’entreprise ADN décide de s’installer quai Crozat à Chauny, la collectivité y voit une opportunité pour relancer son projet de tiers-lieu. Un endroit qu’elle souhaite ouvert à tous - entrepreneurs, indépendants, touristes, lycéens, artisans - pour redynamiser la vie locale, favoriser l’innovation, l’émergence de nouveaux projets et apporter des services supplémentaires à la population. « Nous voulons en faire un lieu hybride qui favorise les rencontres mais aussi le développement du territoire », résume l’élu.
Pour cela, le Quai Numérique alliera un point de restauration géré par un professionnel, un coworking, un FabLab ou encore un espace numérique. « L’idée c’est que le tiers-lieu soit la tête de pont du réseau de médiation qui existe sur le territoire » note encore Dominique Ignaszak. Le Quai Numérique, qui devrait ouvrir ses portes dans un an, sera une société coopérative d’intérêt collectif. Un statut qui permet d’associer privé et public dans un intérêt collectif. « Nous avons répondu aussi à l’appel à manifestation d’intérêt ''Fabriques de territoire'' lancé par le Gouvernement. Cette labellisation offrirait notamment la possibilité de recruter un animateur qui ferait aussi le lien avec les acteurs du territoire », confie l’élu.
3- Le Faitout Connecté à Saint-Erme-Outre-et-Ramecourt
Après s’être intéressée à la sociologie du territoire, la commune de Saint-Erme-Outre-et-Ramecourt décide de créer un tiers-lieu dans un ancien cabinet médical. Là, la collectivité fait cohabiter une maison d'assistantes maternelles, une maison France Service, un espace de coworking, un Maker Space, des salles de réunion et de formation ou encore un point dédié à la médiation numérique. « L’accueil des jeunes enfants répondait clairement à un besoin des parents sur le territoire et les acteurs comme la mission locale, les impôts, Solia, les référents RSA ou les assistantes sociales ont tout de suite répondu présents, analyse Claire Dubos, directrice générale adjointe de la Communauté de communes Champagne Picarde, en charge des services à la population. Par contre nous avons eu très peu de demandes pour le coworking ».
Ce dernier s’est transformé depuis la rentrée en Campus connecté où les jeunes peuvent suivre à distance une formation. « Cet endroit répond très clairement à un enjeu de cohésion sociale, de vrais liens se sont créés entre les acteurs, cela permet de faire émerger des projets communs et il y a même un impact au niveau de l’emploi », souligne Claire Dubos. Avide de nouveaux projets, le Faitout Connecté va tester prochainement une borne de télémédecine, proposera de la location de vélos électriques et sera le point d’inscription pour le service "Autostop citoyen".