"Réduire la dette oui, mais pas à cette vitesse"
Patrick Masclet, le président de l'association des maires du Nord pointe du doigt la nouvelle baisse de dotations. Dans sa ligne de mire : le projet de loi 2016 contre lequel il part en campagne en vue de la mobilisation générale du 19 septembre prochain.
“Sur trois mois, 8 communes de la région sont rentrées dans le réseau d’alerte, qui comptera cette année 1 000 nouvelles communes. Et si rien n’est fait d’ici 2017, c’est une commune sur deux qui sera concernée” annonce Patrick Masclet. Le président de l’association des maires du Nord a pris son bâton de pèlerin et rôdé son argumentaire pour mobiliser ses comparses contre le projet de loi 2016 et la nouvelle baisse de dotations infligées aux collectivités locales. A grand renfort de chiffres et d’exemples tirés du quotidien de la commune d’Arleux dont il est aussi le maire, celui-ci veut convaincre ses confrères nordistes “que ce n’est qu’un début, et que le problème c’est qu’on va se reprendre une baisse en 2016, puis une autre en 2017… On est au-delà des appartenances politiques, aujourd’hui les communes sont menacées.”
“Desserrer le garrot”. “2 000 milliards de dettes c’est insupportable, il faut ralentir, on est tous d’accord, mais pas à cette vitesse, poursuit l’élu. Qui prend le plus aujourd’hui? C’est le bloc communal, alors que les communes ne représentent que 4 % du poids de la dette de l’Etat, rappelle ce dernier. Comme vous je serre les boulons de partout, ce qui va nous permettre de tenir cette année, mais est-ce que ce sera suffisant pour 2016, puis 2017? L’AMF dit non. Il faut desserrer le garrot, réduire la dette oui, mais pas à cette vitesse“. Entre un panier du maire qui augmente plus vite que l’inflation, la revalorisation des bases fiscales qui stagne et la DGF qui diminue, le président de l’entité nordiste préconise vivement “d’essayer d’avoir une trajectoire pour 2017 et d’avoir des plans pluriannuels de gestion ou d’investissement, sans lesquels il n’est plus possible de s’en sortir.” Diaporama à l’appui, il poursuit sa revue de détails avec le transfert des charges et la diminution des ressources qui comprend entre autres la réforme des nouveaux rythmes scolaires, la création de 100 000 places en crèches, l’abrogation du jour de carence dans la fonction publique, la revalorisation des catégories C, la hausse du taux de cotisation, la prise en charge de digues, la prévention des inondations… Mais aussi la suppression des 100 petites taxes locales, l’élargissement des exonérations, etc. “Que des beaux cadeaux“, résume Patrick Masclet. Pour assimiler ces “cadeaux“, le président de l’association a quelques idées : “la priorité est que ça aille moins vite, ensuite, il faut trouver de nouveaux financements, et enfin, il faut penser à la mutualisation, que les communes s’arrangent entre elles pour dépenser moins en faisant leurs achats en commun par exemple. Réduire les dépenses c’est aussi une source d’économie.“
En résumé, à ce rythme là, et selon la projection de l’AMF, la capacité d’autofinancement net des communes, autrement dit l’argent disponible pour investir, passera de 9,6 milliards d’euros en 2014 à 1 milliard d’euros en 2017. “Nous avons fabriqué 60 000 demandeurs d’emploi en ralentissant l’investissement (la commande publique représente 72 % du CA du BTP), puis nous allons devoir réduire les services publics. Il faut montrer notre mécontentement, le faire pour notre population. Il faut se réveiller, aller dire qu’on a besoin de nos communes de France pour faire vivre la France,” concluait Patrick Masclet avant de donner rendez-vous le 19 septembre à Paris pour une mobilisation générale des collectivités locales. D’ici là les élus recevront notamment des kits de communication à destination de la population.