Qui sont les professionnels du numérique ?

Quelque 800 000 personnes travaillent en France dans des métiers du numérique. La Dares (ministère du Travail) dresse un panorama de ces métiers très variés, qui vont de l'informaticien, figure devenue depuis longtemps incontournable, à des profils émergents, comme chief digital officer.

En France, environ 800 000 personnes exercent un métier dans le domaine du numérique. © Framestock
En France, environ 800 000 personnes exercent un métier dans le domaine du numérique. © Framestock

Certaines professions font désormais partie du quotidien de nombreuses entreprises, comme les informaticiens, tandis que d’autres émergent, à l’image des data scientists. La Dares, Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail, vient de publier une étude sur l’univers éclectique et mouvant de ces métiers du numérique : «Data scientists, community managers… et informaticiens : quels sont les métiers du numérique ?». Au total, d’après les chercheurs, en France, environ 800 000 individus, soit 3% des personnes en emploi, exercent un métier dans le domaine du numérique. En  2009, cette part n’était que de 2,7%.

De fait, le numérique est considéré comme un «gisement d’emplois», révèlent les chercheurs de la Dares. Ainsi, 40% des emplois créés dans les pays de l’OCDE entre 2006 et 2016 l’ont été dans le quart des secteurs où le numérique tient la plus grande place. Mais si le numérique constitue un gisement d’emplois, c’est aussi parce que ces métiers ont tendance à se diffuser à l’ensemble des secteurs. Certes, ces spécialistes travaillent encore majoritairement dans des entreprises liées aux domaines qui leur sont propres, comme l’informatique ou les télécommunications. Mais ils ont également essaimé bien au-delà, vers d’autres secteurs du tertiaire. C’est particulièrement le cas des métiers de l’analyse de données et de la communication. Mais cela peut également concerner des métiers liés au support informatique, aux systèmes d’information ou à la programmation. A l’inverse, les métiers de l’expertise et du conseil dans ce domaine restent majoritairement cantonnés dans les entreprises du secteur de l’informatique ou des télécommunications.

Plus de 800 types  de poste différents

Autre particularité des métiers du numérique, leur très grande variété : les chercheurs ont relevé 820 intitulés de postes ! Reste que tous les métiers n’ont pas la même importance, en termes d’effectifs : en 2017, les métiers classiques de support informatique et des systèmes d’information représentent encore 38% des métiers du numérique. Toutefois, leur part recule de six points par rapport à 2009. Il s’agit, par exemple, des informaticiens, des ingénieurs informatiques, des gestionnaires d’applications, des administrateurs de bases de données ou encore des opérateurs de saisie. Autre groupe de métiers dont la part diminue sur la même période, ceux liés aux infrastructures et télécommunications, avec, par exemple, les informaticiens des télécoms ou les administrateurs réseau de télécommunications.

À l’inverse, des métiers nouveaux, aux effectifs encore confidentiels, voient leur part augmenter, pour partie liés aux nouveautés technologiques, intelligence artificielle ou analyse de données. Ainsi, les data analystes ont progressé d’un point. Mais ce sont les métiers de développeurs et de programmeurs qui se sont développés le plus fortement depuis dix ans (+2 points), jusqu’à représenter 14% de l’emploi du numérique. Juste derrière, viennent les métiers de la communication, eux aussi en croissance, qui pèsent 13% de l’emploi. Parmi eux, ceux relatifs à l’animation de sites Web, l’élaboration de plans média, au marketing digital… Reste enfin les métiers de management et de la stratégie, ainsi que ceux de l’expertise et du conseil. Eux aussi alimentent la progression de l’emploi, avec, par exemple, des postes de chief digital officer (responsable de la transformation numérique) ou de consultant.

«Les métiers de développeurs et de programmeurs se sont développés le plus fortement depuis dix ans»

Des emplois particulièrement qualifiés

Au-delà de la diversité des emplois, les métiers du numérique présentent une certaine homogénéité. Tout d’abord, ils sont très masculins : les hommes occupent 77% des emplois du numérique (à comparer aux 58% d’hommes parmi l’ensemble des cadres), et même 91% des emplois des infrastructures réseaux et télécommunications. C’est seulement dans la communication et l’analyse des données que près d’un emploi sur deux est occupé par une femme.

Autre caractéristique, il s’agit d’emplois particulièrement qualifiés : dans plus de 60% des cas, ce sont des postes de cadre (alors que ces derniers représentent 18% de l’ensemble des emplois), et pour 32% d’entre eux de professions intermédiaires (contre 26% dans l’ensemble). Comme ceux des cadres en général, les emplois du numérique sont le plus souvent salariés : c’est le cas de neuf sur dix d’entre eux. Et ce sont très majoritairement des contrats à durée indéterminée, le plus souvent à temps complet.

Particularité, les emplois du numérique restent peu présents dans le secteur public (6%), par rapport aux emplois de cadres en général (21%). Toutefois, les conditions d’emploi varient selon les métiers. En particulier, ceux de la communication et de l’interface utilisateur connaissent des conditions beaucoup moins favorables que les autres : près d’un tiers des individus qui les occupent sont non salariés, 15% employés à temps partiel et, quand il s’agit de salariées, le plus souvent en contrat à durée déterminée (14%). Les métiers de l’expertise et du conseil, qui incluent les consultants, comptent également davantage de non‑salariés.


Le télétravail : une fausse bonne idée

En 2017, 11% des cadres pratiquent le télétravail au moins un jour par semaine, contre 3% de l’ensemble des salariés. Mais «ils n’en tirent pas une meilleure conciliation avec leur vie personnelle, ayant tendance à pratiquer des horaires plus longs et atypiques», explique la Dares. De plus, ils peuvent moins compter sur l’aide de leurs collègues et de leur hiérarchie, même si la convivialité des relations et l’implication dans les actions collectives organisées par les représentants du personnel ne sont pas affectées.