quelles perspectives?
Quelque 63 000 défaillances d'entreprises ont été enregistrées en octobre 2014, le chiffre le plus bas depuis août 2013, tandis que celui des créations augmente de 0,3 %. Un signal positif pour l'économie ? Ces données cachent une situation complexe et des projections plus pessimistes.
En 2014, avec son 0,4 %, la France affiche un taux de croissance inférieur à 1% pour la troisième année consécutive, montrant une économie essoufflée. Pour prendre son pouls, il est pertinent de se pencher sur les derniers chiffres concernant les défaillances (redressement ou liquidation judiciaire) et créations d’entreprises. Selon le dernier baromètre de la Coface, ces défaillances ont été moins nombreuses à fin octobre, cumulant une baisse de 0,9 % sur douze mois, soit le premier recul en glissement annuel depuis… 22 mois. Autre bonne nouvelle, ces défaillances touchent dorénavant moins d’employés. Leur nombre moyen par défaillance est de 2,92, soit le plus bas niveau enregistré depuis octobre 2008 (il était alors de 2,90). Il faut cependant relativiser ces données encourageantes puisque le coût financier (cumul des dettes fournisseurs) augmente lui de 0,5 %. Va-t-on malgré tout voir s’amorcer un cycle de baisse des défaillances ? Une nouvelle impulsion dans les créations d’entreprises ?
Vers l’embellie ?
En octobre 2014, les défaillances ont été moins nombreuses en partie grâce à la légère accélération de la consommation des ménages, des crédits aux entreprises non-financières et la stabilisation du volume des exportations de biens et services. Certains secteurs restent cependant sévèrement touchés par un contexte difficile. Comme l’agroalimentaire par exemple (+2,7 %), en particulier les sociétés spécialisées dans la boulangerie (+9 %), la culture de céréales (+47 %) et les activités d’élevage (+21 %) où les défaillances d’entreprise se multiplient. C’est aussi le cas dans les services aux particuliers avec une hausse de 1,1 % des défaillances, fin octobre 2014, sur un an. Et les situations demeurent très différentes suivant les secteurs et les régions : une région sur deux connaît une nouvelle augmentation des défaillances. Quinze d’entre elles affichent encore des volumes de défaillances supérieurs à ceux de 2009, avec un bilan très défavorable en haute-Normandie (+24 %) et en Champagne-Ardenne (+11 %). Ce phénomène atteint même la région Île-de-France (+2,5 % sur les 12 derniers mois), selon les chiffres d’Euler hermes, spécialiste en assurance-crédit.
De nombreux signes de fragilité
En effet, les défaillances d’ETI-grandes entreprises ont légèrement augmenté fin octobre à un rythme annuel de 5,9 %, alors qu’elles diminuent pour toutes les autres catégories d’entreprises. Constat inquiétant puisque des sociétés plus importantes et généralement plus vieilles disparaissent. Leur âge moyen progresse, atteignant huit ans et sept mois, en octobre 2014, contre sept ans à son plus bas niveau à fin 2008. Une tendance qui ne devrait sans doute pas s’inverser puisque «les observations sur une longue période montrent qu’il faut en moyenne une croissance du PIB de 1,7 % pour enclencher un vrai recul des défaillances», selon Euler hermes. Les prévisions tablent sur une croissance à 0,8 %, en 2015, ce qui est loin du compte. Autre facteur à prendre en compte, l’accroissement du nombre de créations d’entreprises depuis mi2013 qui pourrait accentuer la hausse des défaillances. Car les premiers pas d’une société (entre une et trois années d’existence) sont associés à un risque de défaut élevé.
Augmentation du nombre d’auto-entreprises
Depuis janvier 2014, 465 299 entreprises ont vu le jour, parmi elles 240 848 auto-entreprises, ce qui correspond à une légère hausse de 1,7 % par rapport à la même période en 2013. «Ces dernières tendances permettent de constater que le troisième trimestre a été très favorable au régime de l’auto-entreprise, note Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs. Les secteurs qui contribuent le plus à cette augmentation sont le soutien aux entreprises, l’enseignement, la santé et l’action sociale. L’auto-entrepreneuriat semble s’inscrire dans la durée au sein du paysage économique, au point d’en devenir incontournable. Le défi principal pour ces structures, comme pour les autres, sera de durer et de ne pas venir grossir les rangs des défaillances.