Quand start-up et grands groupes collaborent pour favoriser l’innovation

Trois lettres pour soutenir la dynamique entrepreneuriale. TIA (Territorial Innovation Accelerator), initié par Veolia environnement, Orange et Groupe Rabot Dutilleul, prévoit un soutien des grandes entreprises à des start-up régionales. La démarche est unique en France.

Le second appel à projets a été lancé le 17 septembre 2013.
Le second appel à projets a été lancé le 17 septembre 2013.
D.R.

Clément Raffin, Cyril Dubus et Camille Thiriez.

C’est un fait : les start-up ont rarement le réflexe d’aller sonner à la porte des grandes entreprises. Peur de ne pas trouver le bon interlocuteur, de faire face à un maillage administratif ou tout simplement de ne pas paraître crédibles, il est difficile pour des entreprises innovantes d’entrer dans ce monde souvent différent du leur. Grâce à la démarche TIA, ces deux univers devraient se rapprocher.

Comment ? La démarche TIA a été pensée pour soutenir la croissance d’entreprises locales innovantes à travers, notamment, l’analyse de leur projet par des industriels et la mise en place de partenariats. Autrement dit, il s’agit d’un partage de valeurs et de connaissances entre une structure experte en son domaine et une jeune pousse en quête de soutien. TIA est d’abord le fruit d’une réflexion de Veolia environnement, rapidement rejoint par Orange et Groupe Rabot Dutilleul. Jean-Pierre Léac, responsable du pôle performance réseaux et chef de projet “Objectif PME” chez NFID (voir encadré), explique : “Le lien avec les grands groupes n’était pas fait, pourtant cela permet d’apporter une visibilité à l’international ou d’avoir plus facilement des prototypes grandeur nature. Le cœur de cible du TIA, ce sont les PME.» Mais attention, il ne s’agit pas d’appui financier mais bien de soutien technique ou opérationnel, NFID se portant garant du bon fonctionnement du dispositif. «Notre objectif, c’est ‘gagnant-gagnant-gagnant’ : pour les grands groupes, les start-up et les pouvoirs publics. Les jeunes entreprises imaginent les grands groupes comme des donneurs d’ordre, mais pas comme des soutiens opérationnels», résume Jean-Marie Pruvot, directeur de NFID.

«Open Innovation». Première étape concrète de cette démarche : un appel à projets lancé début 2013 autour du thème «Smart Building». Une thématique qui intéressait bien entendu Veolia environnement, Orange et Groupe Rabot Dutilleul ; 24 start-up se sont portées candidates, 8 d’entre elles ont été sélectionnées (Effigénie, Espaciel, Fred&Fred, Qarnot Computing, Stereograph, So Smartlab, Tactus et Webinage). Parmi elles, Effigénie qui a imaginé un outil de domotique sur la consommation de chauffage des bâtiments. Rabot Dutilleul a décidé d’intégrer cette solution pour répondre à des appels d’offres, lui permettant aussi d’accélérer son processus d’innovation tout en restant compétitif. Les grands groupes n’ont pas toujours la souplesse d’innover, comme c’est le cas pour une start-up, malgré leurs ressources en R&D. Effigénie pourra ainsi se déployer sur le marché régional, voire international. «Nous avons imaginé un optimiseur énergétique pour prendre la main sur les systèmes de ventilation/chauffage en fonction des conditions météorologiques. On peut par exemple anticiper la surchauffe d’un bâtiment par des capteurs intégrés et un logiciel de calcul qui prend des décisions pour le bâtiment», détaille Camille Thiriez, directeur général. Si on sait qu’une salle va être occupée, elle sera moins chauffée. D’abord incubée à Tonic puis installée à EuraTechnologies, Effigénie est née en mars 2011 de l’imagination de Clément Raffin, Cyril Dubus et Camille Thiriez. Après avoir équipé les bureaux de l’Ecole centrale de Lille, de l’Ecole des mines et d’EDF, Effigénie équipe aujourd’hui tous types de bureaux ou d’ateliers industriels, essentiellement en région. «Nous équipons surtout des bâtiments déjà existants ou en réhabilitation sur lesquels on améliore la consommation d’énergie. Nous avons pour projet de travailler sur des bâtiments neufs», poursuit Camille Thiriez. L’entreprise a eu connaissance de l’appel à projets par J’innove en Nord-Pas-de-Calais : «Quand on est une start-up, ce n’est pas facile de rencontrer la bonne personne dans un grand groupe. Avec le TIA, les besoins ont déjà été identifiés et ça permet un contact plus facile. Nous avions déjà rencontré des personnes chez Rabot Dutilleul mais il n’y avait pas eu de suite. L’aspect ‘préparation’ de l’appel à projets est structurant et il y a une écoute favorable des deux côtés.» «Avec le TIA, on apporte une valeur ajoutée en complément des financements publics : c’est l’accès au marché. C’est tout aussi important d’avoir une vitrine via une entreprise que d’avoir une subvention», résume Jean-Marie Pruvot.

Deuxième chance ! Le second appel, «Ville de demain», a été lancé lors du salon Créer. Il traite des thématiques des énergies alternatives, des réseaux intelligents, de l’organisation territoriale, de l’implication des citoyens, du commerce mobile… Pour y participer, rendez-vous sur www.jaiunprojetinnovant.com jusqu’au 1er novembre 2013.

D.R.

Le second appel à projets a été lancé le 17 septembre 2013.

ENCADRE

NFID, qu’est-ce que c’est ?

Nord France innovation développement a été créé dans le cadre du SRDE (Schéma régional de développement économique). Ce centre de ressources a pour clients directs les pôles de compétitivité, d’excellence, les incubateurs, etc., et anime le réseau J’innove en Nord-Pas-de-Calais. En avril dernier, NFID a intégré Je crée en Nord-Pas-de-Calais. Au total, ce sont 24 salariés qui officient à Lille. Cette structure fédératrice anime et coordonne les politiques publiques régionales à destination des chefs d’entreprise. A sa création en 1993, NFID s’appelait alors RDT Nord (Réseau de développement technologique). Depuis 2000, le Conseil régional et l’Etat lui ont confié la politique d’innovation. En 2009, la Commission européenne a demandé aux régions d’élaborer des SRI (Stratégie régionale de l’innovation), dont la coordination a été donnée à NFID, financé par le Conseil régional et le FEDER. En 2013, le budget s’est élevé à 3 millions d’euros et devrait avoisiner les 3,8 millions d’euros en 2014.