Start-up

Quand le container devient tendance

Redonner vie à d’anciens containers pour aménager de nouveaux espaces de vie, c’est le Credo de Pierre Étienne qui a créé WonderKube en 2019 dans les Vosges. Cinq ans plus tard, le jeune entrepreneur a installé son atelier et ses bureaux à Laneuveville-devant-Nancy. Après un premier recrutement il y a près de neuf mois, 2025 marquera une étape importante dans le développement de la jeune pousse qui suscite l’enthousiasme.

© Johann Marin-Thiery- Pierre Étienne qui a créé WonderKube en 2019 dans les Vosges.
© Johann Marin-Thiery- Pierre Étienne qui a créé WonderKube en 2019 dans les Vosges.

Le goût d’entreprendre après un cursus riche à tout juste trente ans. Voilà pour le Curriculum vitae de Pierre Étienne, qui a été l’un des plus jeunes responsables d’agence d’un grand groupe. En 2019, il a alors sous ses ordres près de 400 personnes. Mais le costume-cravate finit par lui peser. Il préfère dès lors voler de ses propres ailes. Des idées de business plein la tête, son choix sera guidé par sa volonté de s’engager dans la défense de l’environnement. Le combat d’une génération qu’il revendique aussi. Manuel grâce à son père, celui qui se rappelle avoir monté seul son premier parquet à seulement
14 ans, décide de redonner vie à d’anciens containers maritimes. Il mise tout sur la tendance du recyclage. Il faut dire que les plus-values d’application sont nombreuses. Ils se tourne naturellement vers son père alors jeune retraité, pour se lancer dans cette aventure entrepreneuriale en duo. «Si mon idée de départ était de construire des maisons à base de containers, il a su me faire comprendre qu’il fallait déjà tester d’autres aménagements de taille plus réduite», confie-t-il avant d’ajouter que «le postulat de départ ; c’était le studio de jardin pouvant accueillir un proche vieillissant en perte d’autonomie au lieu de l’envoyer en Ehpad.» Cette solution d’hébergement à moindre coût était une première piste. Finalement bien d’autres se profileront : une pièce en plus pour y aménager un bureau, une salle de sport, un atelier de couturière… Avec deux arguments : un investissement limité pour une réactivité d’aménagement quand des mètres carrés manquent dans une maison.

Retour aux sources

Pour ce projet, Pierre Étienne mise sur un environnement familial en s’associant à son père et en posant ses valises… ou plutôt ses containers dans les Vosges. Le lieu est tout trouvé : l’ancienne ferme de ses grands-parents implantée à Damas-et-Bettegney. À tout juste trente ans, le jeune entrepreneur se heurte alors aux premières difficultés. Et pour cause, le recyclage impose un travail d’isolation et la prise en compte des contraintes d’urbanisme. En novembre 2019, WonderKube est un OVNI qui essuie les plâtres. La première année est consacrée à la rénovation de la ferme familiale devenue atelier. Si sur le papier son concept suscite la curiosité, les premiers contrats tardent. En janvier 2020, son père et premier associé apprend qu’il est malade. Le jeune créateur continuera l’aventure en solo, quelques mois plus tard. Avec zéro business, la solution de facilité aurait été d’abandonner l’aventure. Mais l’obstination finit par payer. Il signe au cœur de l’été 2020 ses deux premiers contrats dont l’un pour un particulier et l’autre pour la guinguette place Carnot à Nancy avec un bardage bois. Ce sera sa première vitrine. D’autres projets suivront avec des bars, notamment. «Le problème est qu’au cours des premières années, il se passe des mois entre deux projets», se rappelle l’entrepreneur qui reste seul à tout gérer. Heureusement son installation dans les Vosges dans un bâtiment familial est une option peu coûteuse. «L’environnement y est favorable, l’entraide jamais bien loin.»

Montée en puissance Et équipe renforcée

Son déménagement en 2023 à Laneuveville-devant-Nancy marque un premier tournant, lui offrant davantage de visibilité. Il y installe son showroom qui permet aux clients de mieux se projeter. Il renforce son parc d’équipements avec l’acquisition d’un chariot élévateur pour manipuler les containers. Entouré de partenaires qui ont su lui transmettre les compétences indispensables en électricité, plomberie, menuiserie et métallerie, il franchit une seconde étape en avril 2024 avec le recrutement d’un chef d’atelier. Aujourd’hui et pour la première fois en cinq ans, il a enfin un carnet de commandes rempli à plusieurs mois. En 2024, il réalise son rêve : construire deux maisons de 140 m2 en containers : l’une en Alsace et l’autre dans la Meuse après avoir obtenu non sans difficulté sa précieuse décennale. Deux projets qu’il a conduits, sans encombre, profitant de ses cinq années d’expérience sur des modèles limités à 14 ou 28 m2. La vision de son père était la bonne. Ce marché pourrait exploser compte tenu des avantages des containers : résistance du matériau, possibilité d’ouverture pour gagner en luminosité et rapidité de livraison. Désormais associé à un maitre d’œuvre de trente ans d’expérience, Pierre Étienne entend poursuivre le développement de son entreprise et diversifier ses marchés. Il travaille actuellement sur un module adapté pour les chantiers des entreprises de BTP, il a également contractualisé avec une start-up grenobloise en plein boom spécialisée dans les containers pour abris de vélos et se chargera des commandes pour le Grand Est. En 2025, le trentenaire prévoit de recruter et de s’entourer d’alternants avec l’envie de transmettre à son tour.