Quand la Chine ralentira…
Pour être plus précis, la Chine depuis son fabuleux réveil économique des années 80 doit déjà gérer un ralentissement de sa croissance depuis 2011. La question n’est donc pas de savoir quand la Chine ralentira mais quelle sera l’ampleur du ralentissement économique et surtout quelles en seront les conséquences localement… et pour le reste du monde…
Malgré une conjoncture économique mondiale difficile, l’empire du milieu a connu pendant plusieurs années une croissance économique supérieure à 10 %. Or, depuis 2011, cette croissance économique ralentit. Pour 2013, le FMI prévoit ainsi une croissance de 7,75 % en Chine mais le gouvernement chinois, quant à lui, vient d’annoncer que la croissance sera autour de 7 %, seuil à partir duquel la croissance n’est plus assez forte pour accueillir les nouveaux entrants sur le marché du travail. Associé aux décisions du gouvernement et de la banque centrale de contrôler avec vigueur le secteur bancaire et les crédits occultes, ce ralentissement économique remet donc en cause le miracle économique chinois. Les économistes occidentaux s’inquiètent et l’on entend déjà les scénarios les plus alarmistes sur l’avenir de la Chine… Premier sujet de réflexion, quelle est l’origine du ralentissement chinois ?
Phase d’austérité durable
Le fait est que nous en sommes les premiers responsables. L’occident incapable de retrouver son rythme de croissance d’avant 2008, est entré dans une phase d’austérité durable. L’impact est direct pour les industriels chinois habitués à une forte demande étrangère. Une moindre demande à l’export implique un ralentissement des investissements locaux dans les outils de production. La spirale du ralentissement est enclenchée…. Si la Chine subit le contre coup de la baisse de la demande mondiale, le gouvernement de Pékin a pris très tôt conscience de ce risque de dépendance aux exportations et a décidé de réorienter son économie. Aidé par une inflation en baisse en raison de la chute des cours des matières premières, la Chine a donc décidé de maintenir une politique monétaire accommodante pour favoriser les investissements locaux et la consommation des ménages. Le rythme de croissance de l’ordre de 7 % est ainsi porté par les investissements en capital, notamment étrangers, qui progressent de 20,4 % en glissement annuel sur les cinq premiers mois de l’année, de quoi laisser envieux notre ministère du redressement économique. Il faut dire que l’on ne compte plus les projets d’implantations d’industriels occidentaux désireux de profiter du boom de la consommation locale.
Impact du ralentissement chinois
Cette dernière progresse encore de 13,1 % en juin contre 13,7 % en mai en rythme annuel, là aussi de quoi faire rêver nos entreprises ! Toutefois l’exemple japonais des années 50 à 70 démontre que ce rythme de croissance de la consommation des ménages est caractéristique d’une économie émergente et qu’il n’est pas soutenable dans le temps. Le rythme généralement constaté après cette phase de démarrage économique est plus proche des 8 % annuels. En fait, hormis nos sociétés exportatrices, nos entreprises occidentales seront les premières impactées par le ralentissement chinois. L’augmentation des implantations industrielles en Chine sera fatale aux sous-traitants occidentaux qui n’auront pas les moyens de suivre leurs clients. En plus, la croissance chinoise, même plus faible, s’accompagne d’une augmentation du niveau de vie et donc d’un renchérissement des coûts des productions locales qui alimentent nos magasins occidentaux. La première victime du ralentissement chinois pourrait donc bien être l’Europe. Nos chefs d’entreprise ont bien compris que si le réveil chinois était une opportunité historique de développement, le ralentissement de la Chine s’accompagnera malgré tout d’une consommation locale grandissante qui nécessitera une présence sur place. En s’implantant localement, leur vision est à moyen long terme, ils ont confiance dans l’avenir de l’empire du milieu. Cela doit nous faire réfléchir sur les investissements financiers. Les marchés financiers chinois ont perdu 70 % de leur valeur depuis 2008, quand la Chine ralentira la bourse de Shanghai se réveillera-t-elle ?