Gazettescope
Quand l’hyperconnexion nous submerge...
Ordinateurs, téléphones, tablettes, jeux vidéo… Les écrans sont partout dans nos quotidiens. L’addiction est souvent là sous forme d’une hyperconnexion débridée. La sphère travail n’y échappe pas. Comment trouver des méthodes simples pour juguler ce phénomène sociétal aux conséquences souvent néfastes ? La Gazettescope fait le point sur cette problématique de santé publique, trop souvent mésestimée, car devenue banalité dans nos routines journalières.
Un Français passerait en moyenne 56 heures par semaine devant les écrans. Temps passé au travail compris. Ce qui, au cours d’une vie, représenterait 27 ans, 7 mois et 6 jours, soit 122 jours par an. Un tiers de l’existence d’une personne : plus que le temps passé à dormir (entre 25 et 27 ans). Ce même Français passe 20 heures, en moyenne, par semaine devant un écran dans le cadre de son activité professionnelle, et 36 heures durant son temps libre (films, séries et programmes télévisées, réseaux sociaux). Tout ce temps rivé sur les écrans a forcément des impacts sur la santé : la vue, le sommeil, des pathologies liées à la sédentarité. Dès lors, comment limiter ces effets néfastes dans une société où 92 % des familles sont équipées d’au moins un écran Internet, que 2/3 d’entre elles s’y connectent tous les jours, que 30 millions de personnes utilisent tous les jours le smartphone pour se connecter (70 % des 15-24 ans), et que la télévision reste le premier média des Français qui y passent, en moyenne, 3 h 42 par jour ?
Hyperconnectivité et infobésité
Il y a une hyperconnexion privée et une hyperconnexion professionnelle. La frontière entre les deux est de plus en plus tenue. Depuis 2020, la crise sanitaire de la Covid-19 a bousculé nos habitudes de travail amenant un grand nombre de personnes à travailler à domicile. Des changements pas indemnes de conséquences. Ainsi, la frontière entre «vie privée» et «vie professionnelle» est devenue floue. De nombreux collaborateurs d’entreprise ressentent cette pression d’être connectés au travail 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Bien avant la pandémie, l’adoption de la loi El Khomri, qui a reformé les conditions de travail, y a inclus un droit à la déconnexion. Lequel donne aux travailleurs le temps et l’espace dont ils ont besoin pour se reposer, récupérer et s’engager dans leur vie personnelle, sans avoir l’impression de devoir vérifier leur messagerie professionnelle toutes les cinq minutes. Au-delà des obligations légales, cette réforme vise à prévenir des risques psychosociaux émanant de l’hyperconnectivité ou à l’infobésité. Alors que nous nous dirigeons vers un modèle de travail hybride, le distanciel s’installant comme une norme, la surcharge d’informations est devenue un réel danger, avec des symptômes d’épuisement professionnel, comme une forte fatigue, un stress accru, des troubles physiques, des sentiments de frustration, de négativité.
Un petit break ?
Sans doute pas un hasard si
les risques psychosociaux connaissent une croissance forte. La mission
cardinale du chef d’entreprise est de protéger la santé mentale de ses salariés
et d’améliorer la qualité de vie au travail dans son entité. Il y a de nombreux
moyens d’immiscer dans les rouages du quotidien de l’entreprise une culture de
travail positive passant par une gestion rationnelle des temps de déconnexion.
Et si cela passait par l’exemple donné par le chef d’entreprise lui-même, qui,
le premier, s’appliquerait ce précepte de séparer sphères professionnelle et
personnelle, de prendre le temps de se ressourcer, de profiter des temps
"off"… et de le montrer à ses collaborateurs ? Trop souvent,
nous avons cette sensation individuelle et collective de courir indéfiniment,
de façon frénétique et angoissante, après un temps qui nous échappe, de nous
sentir écureuil tournant en cage. Et si on faisait une pause ? Même quelques
secondes.