Psychose à Avion...

La visite à Avion, le 19 août dernier, de Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a ponctué une série de déplacements dédiés à la sécurité des biens et des personnes. La France et plus précisément le Nord-Pas-de-Calais sont-ils menacés ? Compte-rendu de visite.

« Manuel Valls lors de sa visite à Avion le 2 août dernier ».
« Manuel Valls lors de sa visite à Avion le 2 août dernier ».
CAPresse 2013

Manuel Valls lors de sa visite à Avion, le 19 août dernier.

 

 

Pourquoi Manuel Valls est-il venu à Avion ? Sa visite − très encadrée − dans un quartier difficile répondait aux violences urbaines qui avaient touché la ville dans la seconde semaine d’août. A l’origine de cet embrasement, un accident de la circulation : un jeune mineur d’origine maghrébine chute en percutant une voiture ; pompiers et police se rendent sur place. Une parole à caractère discriminatoire aurait été dite par un fonctionnaire de police (une enquête de commandement est en cours afin de déterminer sa véracité). Des attroupements se forment et la police est rapidement mise en difficulté. Dans la soirée, le quartier République voit une friterie brûler, les bus qui desservent le quartier sont caillassés, le Leader Price est pillé. Les jours suivants, le vestiaire d’un équipement sportif du quartier est également brûlé. En ville, les inquiétudes sont nombreuses chez les commerçants : le concessionnaire Renault a vu neuf de ses véhicules partir en fumée. «Ceux qui ont fait ça ont dit qu’ils aller brûler le centre-ville», répète la gérante d’un magasin de presse ; un autre commerçant ajoute : «Il paraît qu’il vont faire sauter la station essence.» La psychose s’installe. Dans le quartier République, une dizaine de cars de CRS s’installent tous les soirs pour éviter de nouveaux débordements.

 

Un déplacement, pour quoi faire ? Une semaine après les faits, Manuel Valls a tenu une table ronde avec le maire de la ville, un des vice-présidents du conseil général du Pas-de-Calais. «L’Etat doit montrer sa présence et ne tolérera pas de débordements», assène le plus populaire des ministres de François Hollande. «Le ministre ne s’est pas précipité sur les événements. Il n’était pas question de jeter de l’huile sur le feu», précise-t-on au sein du cabinet de Manuel Valls. Dans le quartier République, les jeunes regardent le déplacement du ministre avec amusement : «L’histoire, c’est des délinquants qui profitent d’un accident de la circulation pour faire leur coup… Le reste, c’est du cirque.» Côté justice, les auditions se succèdent : des délinquants notoires ont été interpellés. Deux jours après la visite du ministre, le dispositif a été levé dans le quartier République. A neuf mois des élections municipales, dans un territoire où le FN menace la toute-puissance du parti socialiste, la venue du ministre de l’Intérieur a le parfum d’un début de campagne. Les travailleurs sociaux et les associations qui ont entouré le ministre lors de ses déambulations lui ont rappelé le désengagement financier de l’Etat. Manuel Valls a promis de se tenir aux côtés des élus locaux. Dans les rangs des habitants du quartier, on réclamait : «Des subventions ! Des subventions !…»