Protocole sanitaire : la remobilisation en entreprise
Alors que la 5e vague épidémiologique a démarré de façon importante, gouvernement comme fédérations professionnelles et Medef territoriaux, ont demandé aux entreprises de se remobiliser en interne quant à la nouvelle offensive de la Covid-19. Mot d’ordre : appliquer avec rigueur l’ensemble des règles sanitaires. Le nouveau protocole sanitaire en entreprise, entré en vigueur ce 29 novembre, cible particulièrement la restauration collective.
Pour
tenter de comprendre où nous allons dans cette crise sanitaire inédite et qui
ne semble pas vouloir nous lâcher de sitôt, il faut revenir en arrière. 16 mars
2020. Le président de la République, Emmanuel Macron annonçait le premier
confinement. La France vécut sous cloche, chloroformée, dans le silence,
jusqu’au 10 mai. Le monde de l’entreprise fut impacté au premier chef.
Remémorons-nous ces chiffres témoignant d’un fait d’une ampleur inégalée. En
avril 2020, près de 9 millions de salariés se sont trouvés au chômage partiel,
soit 832 millions d’heures chômées, 2,8 semaines par salarié en moyenne - sur
la base de 35 heures -. Ce choc économique perdura, avec un nouveau confinement
du 30 octobre au 15 décembre 2020, avec à la suite, un couvre-feu jusqu’au 20
juin. Juin 2021, c’est également à cette période que le gouvernement recommanda
la fin du télétravail à 100 %. Ces dernières semaines, le travail à
domicile concernait moins de 5 % des salariés. La Covid-19 n’est, on le
rappelle, pas une maladie anodine. Fin novembre, 7,62 millions de Français
l’ont contractée. 120 000 en sont morts. Dans une crise instable, qui fait passer
chacun d’entre nous par des adaptations jamais vues dans le passé (masques,
pass sanitaire), la bonne nouvelle a été celle du vaccin. Près de 52 millions
de Français ont reçu une première dose (77 % de la population), pas loin
de 47 millions présentent un schéma vaccinal complet (70 %) et déjà plus
de 6 millions ont reçu leur rappel. Pourtant, tout cela ne semble pas
encore suffire pour terrasser ce virus.
Aérer les locaux toutes les heures…
Dans les multiples tentatives d’explications des raisons et des chaînes de contamination, l’une a retenu l’attention : celle émanant de la sphère professionnelle. Beaucoup de données ont été lancées, souvent à l’emporte-pièce, sur le sujet. Une analyse émanant de l’Institut Pasteur est intéressante. Elle révèle comme première source de contamination en milieu professionnel, la cantine ou la cafétéria. C’est l’un des points majeurs du nouveau protocole sanitaire entré en vigueur ce lundi 29 novembre dans les entreprises, avec une obligation des distances de sécurité de deux mètres entre chaque salarié. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a apporté des précisions : «Quand on est à table, on ne porte pas le masque. Donc, on ne mange pas face-à-face.» Autre facteur décisif : l’aération des locaux. La Haute autorité de santé recommande ce geste cinq minutes toutes les heures. Pour les réunions en présentiel, il est recommandé de respecter les distances d’un mètre par rapport à ses collègues. La question se pose : faut-il porter le masque quand on est seul dans son bureau ? Non. En revanche, dès qu’on est avec des collègues et dans un espace de travail fermé, il s’impose. Si le télétravail est recommandé, il n’y a là, aucune mesure d’obligation faite à l’employeur. Les partenaires sociaux ne sont pas demandeurs du retour de la fixation d’un nombre minimum de jours pour ceux pouvant travailler à la maison. Ce n’est pas l’objectif du gouvernement non plus. On l’a compris, dans la dernière ligne droite avant Noël, le leitmotiv est au resserrage de boulons sur les conditions de travail en présentiel. En entreprise, l’un des vecteurs de bon sens consiste à limiter les jauges de réunions ou de rassemblement de salariés. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le synthétisait les jours derniers : «Il s’agit de réenclencher une dynamique afin d’éviter des mesures contraignantes dans quelques semaines.» Quid des traditionnels pots de fin d’année en entreprise ? La réponse est dans la question. Comme sur le télétravail, le gouvernement a choisi la méthode douce et ne compte pas interdire ces temps de convivialité… néanmoins fortement déconseillés. Si malgré tout, l’envie était là de fêter la fin d’année au bureau, ce sera dans le strict respect des gestes barrières. Soit être à deux mètres de ses collègues si on retire le masque pour prendre un verre. La consigne est tout simplement d’éviter d’en faire. On peut très bien boire une coupe de champagne dans son bureau en solo, avec modération. On le voit, si cette avalanche de consignes et recommandations ajoute aux contraintes déjà lourdes, elle est préventive. Un nouveau confinement dur s’apparenterait à une apocalypse économique et sociétale. Il nous faut apprendre à quitter ce déni de pensée d’une Covid-19 présente sur un temps court pour entrer dans l’acceptation qu’il sera notre quotidien pour bien longtemps encore, sans doute...
L’inspection du travail renforce ses contrôles
Depuis le début de la crise sanitaire, l’inspection du travail a multiplié les contrôles dans les entreprises quant à l’application des mesures de prévention face à la Covid-19. Plusieurs centaines de mises en demeure ont été adressées aux entreprises ne respectant pas leurs obligations de prévention. Les agents de l’inspection ont notamment pour mission de vérifier systématiquement les mesures prises contre les risques de contamination. Ici, les points de vigilance portent sur les espaces et locaux de travail, d’hébergement et de restauration collectifs. Chaque intervention fait l’objet d’un suivi qualitatif et quantitatif. Lorsque la situation l’exige ou en l’absence persistante de mise en œuvre des mesures de prévention requises, les agents de contrôle de l’inspection du travail disposent d’outils juridiques et de prérogatives qui leur permettent d’imposer les mesures de protection nécessaires et leur mise en œuvre effective : mise en demeure par la DREETS en cas de situation dangereuse qui peut aboutir à établir un procès-verbal si l’entreprise ne donne pas suite, procès-verbal, référé judiciaire s’il existe un risque sérieux d’atteinte à l’intégrité physique des salariés. Dans neuf cas sur dix, une mise en demeure est suivie d’effets.