Prospective des campagnes urbaines
L’Agence de développement et d’urbanisme du Grand Amiénois accueillait en septembre la 34e rencontre nationale des agences d’urbanisme. Un défi réussi pour cette jeune agence créée en 2006.
La complémentarité urbain/ rural s’est imposée comme le thème des rencontres de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU) organisée à Amiens. La question périurbaine a donc été traitée, sans tabou ni préjugé, sous l’angle spatial, économique et sociologique durant trois jours d’ateliers et de tables rondes avec le regard de professionnels, d’élus et de chercheurs. « Les enjeux des territoires périurbains sont importants. Il s’agissait de mieux comprendre les modes de vie de leurs habitants, leurs dynamiques et ne plus être dans l’état d’esprit du “lutter contre” mais d’aborder ces espaces comme espaces de projet et d’action », résume Jérôme Grange, directeur de l’Aduga qui recevait plus cinq cent congressistes venus des 53 agences françaises.
Une agence amiénoise qui n’a pas peur des challenges. C’est elle qui élabora le deuxième plus grand Schéma de cohérence territoriale (Scot) de France, approuvé en décembre 2012 pour 381 communes et 12 intercommunalités. Parmi les vingt ateliers visite, débat et production au programme, figurait la présentation de la reconversion de la citadelle, un parcours “Art, villes et paysage” dans les Hortillonnages, ou encore une réflexion sur l’urbanisation des territoires de faible densité avec un expert de la Datar qui a inscrit le congrès tout entier au programme des festivités de son 50e anniversaire. A cette occasion, une exposition intitulée La France de 2014 était accessible place Gambetta, au coeur d’Amiens, lors de visites guidées.
Plusieurs centaines de participants ont donc alterné visites et débats. Lors des débats de clôture de cette 34e rencontre, le grand urbaniste venu de Milan, Bernardo Secchi, expliquait que selon lui la ville diffuse n’est pas une catastrophe. « C’est un phénomène à accepter. Le tout est de savoir comment gérer ce phénomène et les enjeux qui l’accompagnent comme la préservation de l’environnement et notamment la gestion de l’eau ou la mobilité que tout le monde conçoit comme un droit. Au final, cet étalement urbain est à regarder comme un objet de projet qu’il ne faut pas stigmatiser », insistait l’expert. De son côté, Eric Delzant, nouveau délégué interministériel à l’aménagement du territoire annonçait la création d’un commissariat général à l’égalité des territoires. Un véritable acte politique semble-t-il pour cette question majeure de nos sociétés modernes. Les campagnes urbaines viennent en effet remplacer ce que l’on nommait périurbain. Le mot change mais pas l’objet à en croire les spécialistes qui martelaient durant ces trois jours que l’on ne peut empêcher l’étalement de la ville, mais qu’il faut l’organiser. Ainsi, l’oxymore campagne urbaine semble émerger comme une figure positive.