Projet d'attentat à Marseille: "tout a été surinterprété" se défend Mahiedine Merabet

Mahiedine Merabet, l'un des principaux accusés jugés par la cour d'assises spéciale de Paris pour un projet d'attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017, reconnaît tout ce que lui est reproché mais a cherché vendredi à...

Mahiedine Merabet, jugé pour un projet d'attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017, essaie de convaincre que rien n'était à prendre au sérieux © DAMIEN MEYER
Mahiedine Merabet, jugé pour un projet d'attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017, essaie de convaincre que rien n'était à prendre au sérieux © DAMIEN MEYER

Mahiedine Merabet, l'un des principaux accusés jugés par la cour d'assises spéciale de Paris pour un projet d'attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017, reconnaît tout ce que lui est reproché mais a cherché vendredi à convaincre que rien n'était à prendre au sérieux.

La fabrication de TATP, l'explosif prisé par les jihadistes ? "Je reconnais l'avoir fabriqué... mais c'était parce que, depuis petit, j'étais attiré par la chimie et que c'était intellectuellement très stimulant".

"Je m'ennuyais. Alors, focaliser mon attention sur quelque chose qui me stimule ça comblait l'ennui. Je jouais le chimiste", argumente-t-il.

Les vidéos de menaces contre la France ? "C'était idiot. Faut pas prendre ça au premier degré. Tout a été surinterprété".

Jugé pour association de malfaiteurs terroriste, Mahiedine Merabet, 36 ans, est le seul des douze accusés à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car en état de récidive légale.

"Mahiedine ? Il était gentil avec les humains. Je ne le vois pas faire du mal", a témoigné à la barre son ex-femme, Alexandra C., une jeune femme convertie à l'islam, avec laquelle M. Merabet a été marié religieusement pendant deux mois en 2016.

"A l'époque, j'étais beaucoup plus rigoriste que lui", reconnait la jeune femme, longs cheveux laissés libres, vêtue d'un pull et pantalon noirs.

Pour son deuxième interrogatoire sur le fond depuis le début du procès (un troisième est prévu vendredi prochain), Mahiedine Merabet a admis avoir été "fasciné" par l'organisation Etat islamique (EI). Mais jamais au grand jamais, assure-t-il, il n'a fait allégeance au groupe qui a notamment revendiqué les attentats du 13-Novembre à Paris et Saint-Denis.

"Je n'ai jamais adhéré à l'idéologie" de l'EI, affirme-t-il.

Une folie totale

Lors de son arrestation dans la planque qu'il partageait à Marseille avec son complice Clément Baur, le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle, la police a découvert plus de 3,5 kg de TATP, un fusil mitrailleur Uzi, trois pistolets, des centaines de munitions.

"J'étais dans ma petite bulle. Je ne pouvais pas m'arrêter de fabriquer du TATP. Je me rends compte maintenant que c'était une folie totale mais je me disais que ça pourrait m'être utile", détaille-t-il. Mais pas pour commettre un attentat, jure-t-il. "Peut-être pour le revendre", avance-t-il.

"Après coup, je me suis rendu compte que ça serait très difficile à refourguer", admet-il.

Pour fabriquer l'explosif, il reconnait avoir regardé des vidéos explicatives de l'EI "mais pas  seulement".

"Mais, sur les tutoriels de l'EI pour la fabrication d'explosifs il y a aussi des images d'exactions", rappelle la présidente, qui n'a pas hésité à diffuser l'une de ces vidéos "ultra-violentes" à l'audience au début du procès.

"Les vidéos d'exactions ne m'intéressent pas. On ne peut avoir que de la répulsion. Ça me choquait. Ça me dégoûtait", se défend M. Merabet. "Je les regardais froidement, comme un chercheur".

Et pourquoi avoir lui-même réalisé des vidéos menaçant la France, s'interroge la cour.

"J'étais préoccupé par le sort des civils" visés, selon lui, par les forces de la coalition (contre l'EI), répond M. Merabet. Les vidéos, c'était "un projet +communicationnel+" pour faire basculer l'opinion, avance-t-il.

"Je me suis pris pour Robin des bois. J'avais l'ambition de changer le narratif des médias sans être violent", dit-il.

Ces vidéos affirmant notamment que "la petite France haineuse n'est plus en sécurité", étaient destinées "à l'organe de propagande" de l'EI, explique l'accusé.

En fait, une seule vidéo, où l'on voit des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion", au côté du fusil Uzi, d'un drapeau de l'EI et de la une du Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat de droite à la présidentielle François Fillon, suivie d'un montage d'enfants victimes de bombardements en Syrie, a été diffusée... vers un agent cyberinfiltré de la DGSI.

Cette vidéo "c'était une erreur, c'est ridicule", se repent M. Merabet.

Le procès est prévu jusqu'au 1er décembre.

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