Procès des viols de Mazan: derniers réquisitoires et début de la défense

Avec le cas de Jérôme V., 46 ans, l'accusation a entamé mercredi ses réquisitions contre les quatre derniers des 51 accusés, au procès des viols de Mazan. Puis le relais passera à la défense, dans l'après-midi, avec l'avocate de Dominique...

Gisèle Pelicot quitte le palais de justice d'Avignon, dans le sud de la France, après une audience le 26 novembre 2024 © Christophe SIMON
Gisèle Pelicot quitte le palais de justice d'Avignon, dans le sud de la France, après une audience le 26 novembre 2024 © Christophe SIMON

Avec le cas de Jérôme V., 46 ans, l'accusation a entamé mercredi ses réquisitions contre les quatre derniers des 51 accusés, au procès des viols de Mazan. Puis le relais passera à la défense, dans l'après-midi, avec l'avocate de Dominique Pelicot, clef de voûte de ce dossier hors norme.

Entamé lundi matin, le réquisitoire du ministère public va se conclure dans la matinée, devant la cour criminelle de Vaucluse, avec ensuite les cas de Romain V., 63 ans, Dominique D., 45 ans, et Mohamed R., 70 ans.

Puis les deux avocats généraux, Jean-François Mayet et Laure Chabaud, passeront le relais aux avocats de la défense. Et ce sont une trentaine de robes noires qui vont se succéder jusqu'au 13 décembre, à Avignon, pour les 50 coaccusés. 50 hommes de 26 à 74 ans jugés pour avoir répondu à l'invitation de M. Pelicot, "chef d'orchestre" de cette décennie de viols sur son ex-épouse, qu'il droguait pour la violer et la livrer à des inconnus recrutés sur internet.

Avant cela, le ministère public va donc boucler ses réquisitions, entamées avec l'ex-mari de Gisèle Pelicot, contre qui il avait demandé la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle.

Dix-sept ans de prison avaient ensuite été réclamés à l'encontre de Jean-Pierre M., 63 ans, qui avait reproduit le même procédé de soumission chimique sur sa propre épouse, pour ensuite la violer en compagnie de Pelicot, son mentor.

Pour les coaccusés qui ont suivi, les peines demandées sont allées crescendo: 4 ans contre Joseph C., 69 ans, seulement jugé pour "atteinte sexuelle" sur Mme Pelicot. Puis au moins 10 ans de réclusion criminelle contre tous les autres, jusqu'à atteindre les 16 ans pour trois accusés aux profils plus dangereux.

33 demandes d'acquittement ?

Ces réquisitions sont sensiblement plus sévères que la moyenne générale des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022, selon le ministère de la Justice. Contre les 45 coaccusés poursuivis pour viols aggravés ou tentatives de viol dont les cas ont été abordés lundi et mardi, le parquet a ainsi réclamé des peines de 12 à 17 ans de réclusion criminelle pour 32 d'entre eux.

"Si M. Pelicot a eu 20 ans, on ne peut pas mettre 20 ans aux autres", avait expliqué mardi auprès de l'AFP la juriste Catherine Le Magueresse, ancienne présidente de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).

Et mercredi les peines demandées pourraient encore atteindre voire dépasser les 16 ans, vu les dossiers des quatre derniers accusés: trois d'entre eux, Romain V., Jérôme V., et Dominique D., 45 ans, s'étaient en effet rendus à six reprises à Mazan pour agresser sexuellement Mme Pelicot ; quant à Mohamed R., il avait déjà été condamné à de la prison ferme pour le viol d'une de ses filles.

Une fois les réquisitions terminées, mercredi matin, un nouveau cycle va débuter avec les plaidoiries de la défense, et

donc pour commencer, au nom de Dominique Pelicot. Le seul qui a intégralement reconnu les faits, depuis le début.

Après elle, les plaidoiries des avocats des 50 coaccusés commenceront jeudi matin.

Outre les arguments concernant "l"emprise" et la "manipulation" dont leurs clients auraient été victimes de la part de Dominique Pelicot, qui leur aurait fait croire au scénario sexuel d'un couple libertin, plusieurs avocats devraient même tenter de plaider l'acquittement. Ainsi, pour au moins 33 accusés, ils ont d'ores et déjà expliqué qu'ils allaient plaider une altération du discernement.

"Un non-sens médical et un non-sens juridique", avait rétorqué par avance Laure Chabaud lundi, au nom du parquet, soulignant qu'aucun rapport d'expert ne va en ce sens.

Après la défense, il restera alors une semaine aux cinq magistrats professionnels de la cour criminelle de Vaucluse pour délibérer puis donner leur verdict, attendu le 20 décembre au plus tard.

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