Près de Soissons, Triangle remonte le son !

Une pépite, une référence, un leader... La marque Triangle est devenue au fil des ans, un repère dans le monde de l'acoustique haute-fidélité. La manufacture est implantée depuis le début des années 1980 dans l'Aisne, à Villeneuve-Saint-Germain, et rayonne dans le monde entier. 

Créée par Renaud de Vergnette, et après avoir compté jusqu'à 40 employés pour 8 millions d'euros de chiffre d'affaires au début des années 2000, elle a pourtant connu de grandes difficultés. 

« Les délocalisations, mais surtout l'essor de produits concurrents, comme les enceintes bluetooth, ont fait que notre marché a été beaucoup chamboulé entre 2006 et 2015... », raconte Hugo Decelle, le dirigeant de Triangle, arrivé justement à cette période dans l'entreprise pour épauler son père.

Triangle est alors contraint de réduire ses effectifs salariés jusqu'à 15 personnes, et de délocaliser une grande partie de sa production en Asie. Bridée par une technologie bluetooth trop restrictive en termes de débit, l'entreprise ne parvient pas à relever le défi du sans fil, pour le son de haute-fidélité. 

Heureusement, les nouvelles normes technologiques et notamment le wi-fi ont permis à la marque de franchir le pas. « Le wi-fi nous permet de garder une qualité audio suffisante, ce qui est essentiel pour nous, car c'est un marqueur important des produits de la marque », raconte Hugo Decelle.

Relocalisation progressive

Depuis, la marque connaît une seconde jeunesse. Et la crise sanitaire lui a été plutôt favorable, malgré les difficultés d'approvisionnement. « La haute-fidélité est un loisir d'intérieur, ce qui fait que nous avons progressé commercialement durant cette période. » Nettement... Le chiffre d’affaires a été multiplié par deux en deux ans, à 8 millions d'euros en 2021, retrouvant le niveau symbolique de l'apogée de la marque. Et Hugo Decelle espère atteindre 10 millions d'euros d'ici 24 à 36 mois.

« Nous avons remonté la pente, se félicite le dirigeant. Nous réembauchons deux à trois personnes par an, et nous avons entamé la relocalisation progressive de notre production. » Les enceintes haut de gamme (2 000 euros et plus) sont à nouveau fabriquées à Soissons. Cela représente une vingtaine de références sur les 70 que propose la marque. « La relocalisation a un impact sur le prix plus important pour les produits d'entrée de gamme que pour les produits haut de gamme », avoue Hugo Decelle.

Mais l'explosion du coût des transports à l'échelle mondiale peut faire la différence. Reste à trouver les composants en Europe... « Nous sommes une petite PME. Nous ne pouvons pas tout internaliser, et il est très difficile de trouver des partenaires industriels locaux. Voilà pourquoi nous réalisons un important travail de sourcing, à travers un nouveau réseau de partenaires européens. »

De nouveaux marchés en vue

En parallèle, Triangle travaille ses marchés. Elle vient justement de lancer sa gamme AIO, qui s'adresse à une nouvelle cible de consommateurs, plus jeune et aussi plus féminine. Elle intègre de nouvelles technologies tout en conservant les fondamentaux de la marque : la stéréo, la qualité des haut-parleurs et de l'ébénisterie. 

Et elle se déploie autant dans la distribution classique, que digitale, notamment via les marketplaces. Un moyen aussi de se développer à l'international, un objectif pour Triangle qui souhaite capitaliser sur sa notoriété et la réputation du made in France, auprès d'un public de spécialistes.

Dans cette idée, une filiale a déjà été ouverte aux États-Unis dans l'état de New-York. Après seulement quatre ans, elle dégage déjà 1 million d'euros de chiffre d'affaires. Une autre filiale pourrait voir le jour en Allemagne prochainement... pour conquérir ce qui est l'un des plus grands marchés de la Hi-Fi au monde.