AEIM-Adapei 54 : premier congrès à Nancy sur fond d’autodétermination

Le handicap mental en entreprise et ailleurs, un tabou ? La question se pose toujours même si les politiques, dites, d’inclusion pour les personnes en situation de handicap mental sont bien présentes. Il n’en demeure pas moins que dans la pratique, ces personnes restent encore trop souvent des invisibles. Histoire de tenter de faire bouger les lignes, d’interpeller sur cette nécessité d’intégration et non simplement d’inclusion, l’AEIM-Adapei 54, association d’accompagnement d’enfants et d’adultes en situation de handicap, a décidé d’organiser son premier congrès le 10 novembre au centre Prouvé de Nancy (un congrès sur invitation réservée aux professionnels, aux familles, partenaires et acteurs de l’écosystème de l’AEIM). «L’un des objectifs est de permettre de regrouper dans un même lieu l’ensemble de la communauté de l’AEIM avec des temps de réflexion, faire remonter des expériences du terrain et surtout prendre en compte les demandes, revendications des personnes en situation de handicap mental que nous accompagnons», explique Denis Renaud, le président de l’AEIM-Adapei 54. En Meurthe-et-Moselle, l’association (créée en 1957) compte aujourd’hui 45 établissements et accompagne plus de 2 500 personnes. Autodétermination, environnement inclusif, militance sociale et solidaire seront les fils rouges de ce congrès qui se veut être un congrès fondateur, «pour mettre en œuvre une ligne commune pour aller vers l’autodétermination.» L’idée de l’organisation d’un tel événement est venue quelques semaines après l’élection de Denis Renaud à la présidence de l’AEIM-Adapei 54 l’année dernière sur l’impulsion notamment d’Alexandre Horrach, le directeur général de l’AEIM-Adapei 54. Un moment qui se veut fort et interpellant.

Table ronde avec le monde de l’entreprise

Un genre de laboratoire d’idées et de mise en prospectives qui pourrait faire des émules. Luc Gateau, le président de l’Unapei (Fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles) sera présent à l’occasion du congrès nancéien. «L’ouverture et la clôture du congrès seront réalisées par des personnes en situation de handicap mental. Elles présenteront leurs revendications, leurs souhaits et nous tenterons sur chaque niveau de préoccupations d’apporter des réponses sans filet.» La sphère entrepreneuriale sera en première ligne avec notamment l’importance des entreprises adaptées, «qui sont de véritables passerelles» et les entreprises classiques où l’intégration des personnes en situation de handicap peut apparaître comme délicate. Une table ronde avec les acteurs du monde de l’entreprise, de l’éducation nationale ou encore des bailleurs sociaux est d’ailleurs programmée. «Dans nos différentes démarches, nous ne mettons jamais en avant le handicap de la personne mais ses compétences.» En Meurthe-et-Moselle, bon nombre d’entreprises intègrent dans leurs équipes des personnes en situation de handicap mental mais il semble qu’il faut encore aller plus loin pour tenter de démystifier cette typologie d’individus. «Cela fait de nombreuses années que je suis dans l’univers du handicap, j’ai été chef d’entreprise et je peux affirmer que c’est une chance car c’est une ouverture formidable. Vous voyez les choses autrement !», explique celui qui est personnellement concerné par le handicap mental pour avoir une fille dans cette situation. Ouverture, le terme est lancé ! Elle apparaît devoir s’élargir pour aboutir réellement à une société inclusive. Reste réellement à savoir ce que signifie une société inclusive ? Vivre ensemble est une force, le slogan fédérateur de l’AEIM-Adapei 54 prend tout son sens aujourd’hui... Et demain ?