Pour contrer la crise, Philippe Vasseur envisage un renforcement avec la région
La rentrée ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices et Philippe Vasseur, président de la CCI de région, a présenté des chiffres qui ne sont pas les plus glorieux qu’a connus la région. Sa solution anticrise ? Aider encore plus les entreprises et renforcer les liens entre le Conseil régional et la Chambre.
Quatre ans après le début de la crise, la situation des entreprises régionales ne semble toujours pas s’améliorer. La récente enquête de conjoncture de la CCIR (Chambre de commerce et d’industrie de région) du mois de juin 2012 montrait toujours une dégradation de la trésorerie de nos entreprises avec des conséquences évidentes sur l’emploi. Au second trimestre 2012, les défaillances d’entreprises ont connu une hausse de 4% par rapport au même trimestre 2011, alors qu’elles s’inscrivaient à la baisse depuis le troisième trimestre 2010 ! Avec des répercussions immédiates sur le marché du travail : sur les 12 derniers mois, 11 700 emplois étaient menacés par les défaillances, soit 3 000 de plus qu’à fin 2011. “Nous redoutons un taux de chômage de 13,5% à fin 2013”, a ajouté Philippe Vasseur, pour poursuivre : “Notre réflexion immédiate, c’est de venir en aide aux entreprises en difficulté via un accompagnement spécialisé.” A l’initiative de Philippe Hourdain, président de la CCI Grand-Lille, un fonds de 4 millions d’euros a été débloqué au printemps dernier pour subvenir aux besoins de trésorerie des dirigeants avec des prêts sous forme d’avances remboursables pouvant s’échelonner de 30 000 et 100 000 €. Autre chiffre on ne peut plus préoccupant : entre 6 000 et 9 000 emplois pourraient être détruits entre 2012 et 2013. La CCI redouble donc d’efforts pour soutenir les entrepreneurs en difficulté. Six conseillers ont ainsi été mobilisés et ont bénéficié d’un parcours spécifique de formation sur le dispositif “CCI prévention”, lancé en mars 2012 et qui aide les entreprises à trouver des solutions adaptées en ressources humaines, stratégie ou recherche de financement. A ce jour, 134 entreprises ont été accompagnées représentant 1 072 salariés. Les autres chambres consulaires régionales ne sont pas en reste avec la CCI Grand-Hainaut, la CCI Côte d’Opale et la CCI Artois qui proposent toujours des permanences au Centre d’information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP)1.
Canal Seine-Nord : rester mobilisés. Le deuxième signal d’alarme que tire Philippe Vasseur, c’est le fameux canal Seine-Nord Europe dont tous les grands projets d’infrastructure sont encore dans les cartons. “C’est un équipement stratégique dont nous avons besoin. Le 25 février 2011, j’ai écrit au Premier ministre de l’époque, François Fillon, pour lui rappeler les enjeux considérables que représente le canal Seine-Nord Europe pour l’économie régionale. Le 25 mars 2011, la CCI de région a récolté plus de 50 signatures de personnalités économiques et politiques régionales. On pouvait imaginer que cette agitation avait été entendue. Le président de la République avait annoncé le dialogue compétitif. Nous restons mobilisés”, poursuit le président de la CCIR. Surtout, le projet coûterait plutôt aux alentours des 6 milliards d’euros plutôt que les 4,3 annoncés… La question du financement reste donc toujours en suspens (voir La Gazette n°8482 du 14 septembre 2012).
Acte III de la décentralisation. En lançant un ambitieux programme de décentralisation – l’Acte III –, François Hollande, président de la République, veut faire des régions “un pivot du développement économique”. En disposant, dès 2013, de compétences élargies et de pouvoirs accrus, les régions seraient dotées de pouvoirs normatifs et prescriptifs. “Il serait donc possible d’adapter un texte national à des spécificités régionales. Le Conseil régional pourra aussi adopter un schéma qui serait imposé à tous les acteurs de la vie économique comme les communes ou les départements, notamment dans l’aménagement du territoire, l’environnement, le service aux entreprises, etc.”, détaille Philippe Vasseur, pour mettre en garde : “Je suis un régionaliste convaincu et j’apprécie la décentralisation mais il ne faut pas que ce soit un moyen pour l’Etat de se débarrasser de certains dossiers car il n’aurait plus les moyens d’assurer certaines missions…” Concrètement, alors qu’aujourd’hui, la formation professionnelle, via les CFA ou les écoles, est financée par la taxe d’apprentissage dont les CCI sont collectrices, demain les régions pourraient être les pilotes de la formation et de l’emploi. Une décision à laquelle Philippe Vasseur s’oppose : “Pour nous, c’est une perte de responsabilité. Il ne faut pas entrer dans une confrontation Conseil régional/Chambre de commerce, mais dans une complémentarité.” D’autant que le Nord-Pas-de-Calais est plutôt exemplaire dans cette association : il n’y a qu’à citer l’exemple de CCI international, née de la collaboration entre le Conseil régional et la Chambre et qui est citée partout en France. Le président de la Chambre propose donc un “pacte global de coopération économique” englobé dans le SRDE (Schéma régional de développement économique). Le but ? Allier davantage les acteurs politiques et économiques des deux institutions. Cette alliance serait une première en France. A suivre…
1. Informations au 03 27 51 32 26 pour Cambrai, 03 27 51 32 69 pour Feignies, 03 27 51 31 53 pour Valenciennes, 03 28 22 71 58 pour la Côte d’Opale et 0 800 112 978 pour l’Artois.