Plus d'un million d'emplois équivalents temps plein d'ici dix ans
Le 31 mai, la première Convention nationale de l’emploi à domicile a eu lieu au Nouveau-Siècle, à Lille. À cette occasion, Marie-Béatrice Levaux, la présidente de la Fédération des particuliers employeurs de France (Fepem), a signé deux conventions complémentaires : la première avec Xavier Bertrand concernant le développement d’un programme emploi et domicile, à travers laquelle le président des Hauts-de-France s’engage à financer toute formation de ce secteur, et la seconde avec Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France (ADF), relevant de l’accompagnement à domicile.
La Gazette. Pourquoi avoir choisi les Hauts-de-France pour cette première Convention nationale ?
Marie-Béatrice Levaux : Si nous avons choisi les Hauts-de-France, ce n’est pas un hasard. D’abord parce qu’il y a des engagements avec Xavier Bertrand qui a signé la première convention régionale entre un Conseil régional et la Fepem. L’objectif est d’accompagner les besoins au quotidien des personnes en finançant les formations d’emplois à domicile – “Nous avons actuellement 4 647 postes à pourvoir dans la région dans ce domaine, et je suis prêt, avec un budget régional de formation de 262 millions d’euros, à financer ce secteur porteur aux nombreux débouchés“, a déclaré Xavier Bertrand à cette occasion. Ensuite parce que Xavier Bertrand a aussi annoncé que ce territoire était un territoire d’innovation sociale et que sa région pouvait être pilote de tous ces enjeux de vie quotidienne. Nous sommes dans une région difficile en matière d’emploi et il y a toute une stratégie à mettre en place pour montrer qu’on peut trouver un emploi intéressant dans ce domaine et avoir accès à des formations professionnelles.
Quel est l’enjeu de ces deux conventions signées ?
Notre enjeu à nous est double et concerne l’emploi déclaré. Pour cela, nous avons besoin de politiques publiques nationales qui stabilisent le coût de l’emploi, pour qu’il soit acceptable par un maximum de ménages. Mon slogan à moi, c’est l’emploi à domicile pour tous sur tous les territoires ! Nous avons besoin d’un allègement de charges maintenu. Aujourd’hui, c’est 2 euros d’allègement par heure déclarée pour tous les particuliers employeurs ; je pense qu’il faudrait le porter à 3 euros. Nous avons aussi besoin que le système du crédit d’impôt quand vous employez quelqu’un à domicile – et qui a été ouvert, rappelons-le, à tous les retraités depuis le 1er janvier – soit simplifié et que vous n’ayez plus à attendre dix-huit mois pour que l’Etat vous le déduise de votre déclaration ou vous le rembourse.
Comment cela se concrétiserait ?
À terme, nous souhaiterions que le crédit d’impôt soit mensualisé, que nous puissions vraiment créer un dispositif assez souple. Comme ça, les personnes bénéficiant du Chèque emploi service universel (Cesu), ayant droit à ce que la moitié de ce qu’ils dépensent en emploi à domicile soit transformée en crédit d’impôt, n’auraient plus à attendre presque un an et demi pour être régularisées. C’est un des derniers freins à lever. C’est là-dessus que je suis en train de porter ce projet au plus haut niveau de l’Etat. Face au chômage de masse, il y a peu de secteurs qui peuvent encore créer de l’emploi de proximité. C’est un vrai défi. Aujourd’hui, l’emploi à domicile constitue 570 000 emplois équivalents temps plein et, d’ici dix ans, ce chiffre sera doublé.
Il y a également une deuxième convention qui a été signée par Dominique Bussereau…
C’est une convention entre notre secteur emploi à domicile et les Départements. L’enjeu est d’accompagner un maximum de ménages à assumer ce rôle d’employeur, tout en les accompagnant, en termes d’information notamment. Mais aussi de proposer à tous les citoyens une pluralité de solutions d’accompagnement à domicile. En 2015, rappelons que 3,4 millions de particuliers ont employé chez eux environ 1,5 million de salariés pour des besoins quotidiens. Au total, ils ont versé 12 milliards de salaires et de cotisations pour 1,7 milliard d’heures déclarées. En fait, c’est une manière d’exprimer clairement cette notion de citoyen et de société civile dont on a beaucoup parlé pendant les élections. Ces deux conventions sont un peu la synthèse de tout ça, c’est tout ce que nous avons réussi à porter depuis cinq ans, et que nous désirons projeter pour le mandat présidentiel actuel et législatif à venir.