Paté à Flin : une reprise à la pointe

Après 150 ans dans la même famille, la tréfilerie-pointerie Paté de Flin débute l’écriture d’une nouvelle page de son histoire. Après 35 ans à la tête de l’entreprise familiale, Denis Renaud vient de la transmettre à David Deflin et Jean-François Bourdon. Tous deux originaires de la région, ils entendent faire perdurer l’ADN et le cœur de métier de l’entreprise tout en accentuant sa diversification vers de nouveaux marchés.

Jean-François Bourdon, le nouveau directeur général de Paté à Flin devant une partie du stock de bobines d’acier de l’entreprise.
Jean-François Bourdon, le nouveau directeur général de Paté à Flin devant une partie du stock de bobines d’acier de l’entreprise.

«J’ai vu bon nombre d’industries textiles et autres disparaître en laissant un désert économique et social. À notre échelle, nous l’évitons avec la reprise de Paté.» Jean-François Bourdon est de Rambervillers. Cet ancien de chez Hydro Leduc et professionnel de l’usinage et de la transformation de l’acier vient de reprendre avec son beau-frère, David Deflin l’historique tréfilerie-pointerie Paté de Flin (deuxième producteur de pointes en vrac pour le bâtiment) et ses quinze collaborateurs. Effective depuis le mois de juin dernier, la transmission a été officialisée fin juillet à l’occasion des 150 ans de l’entreprise. Après 35 ans à la tête de cette entreprise familiale, Denis Renaud a décidé de passer la main. «La décision de transmettre a été prise après plusieurs épisodes difficiles pour l’entreprise. Après avoir pris des mesures drastiques et rechercher des solutions, j’ai remarqué que j’étais essoufflé, dépassé. Transmettre pour assurer un avenir à l’entreprise était nécessaire», assure l’arrière-arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise Georges Paté en 1871. À l’occasion d’une réunion dans le cadre de l’ALSMT (Association lorraine de santé en milieu de travail) il rencontre David Deflin (homme d’affaires notamment dans le milieu médical à Toul), les prémices d’une transmission s’opèrent.


Collaborateurs attachés à l’entreprise

Cela matche entre Denis Renaud et celui dont les lointains aïeux sont originaires de Flin. Le hasard fait, parfois, bien les choses. Avec son beau-frère Jean-François Bourdon (avec qui il possède déjà une entreprise en commun de négoce) ils sont à la recherche d’un projet industriel. «Reprendre une industrie qui fait des pointes, un sacré challenge !», assure Jean-François Bourdon. Transparence, valeurs humaines et même vision de la notion d’entreprendre font le reste. En juin dernier, la transmission est une réalité. «Denis Renaud nous a ouvert les portes en toute transparence. Quand, nous avons visité l’entreprise pour la première fois et rencontrer les collaborateurs, nous avons vu une entreprise organisée, saine, solide et des collaborateurs fortement attachés à elle.» Un patrimoine industriel dans cette partie de la Meurthe-et-Moselle sud «et un savoir-faire indéniable qu’il était nécessaire de faire perdurer.» Avec ses 2 000 tonnes d’acier consommé par an, Paté continuera à fabriquer des pointes. «La pointe n’est pas un métier d’avenir mais il en faudra toujours. Les volumes demandés sont moins importants et les importateurs ne sont plus présents du fait de cette baisse de volume, seules des sociétés de proximité comme Paté peuvent répondre aux besoins du marché grâce à sa flexibilité», assure Jean-François Bourdon. L’accentuation de la diversification dans la transformation du fil d’acier tréfilé s’affiche comme l’un des axes forts entrepris par les nouveaux pilotes de l’entreprise. «Nous proposons déjà des systèmes d’agrafes pour les géotextiles. D’autres produits et projets annexes sont en cours d’élaboration.» L’aventure de Paté à Flin continue...

«Je suis un homme heureux»

Denis Renaud, ancien propriétaire

«Aujourd’hui je ne suis pas soulagé, je suis un homme heureux !» Denis Renaud, arrière-arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise Paté de Flin affiche une grande satisfaction au sujet de la transmission réussie de l’entreprise familiale qu’il a pilotée pendant 35 ans. «Mon objectif était d’offrir une pérennité à la société et surtout un avenir à ses salariés.» L’arrivée de Jean-François Bourdon et de David Deflin, les nouveaux propriétaires, devrait le permettre.