Pas encore remis de Chido, Mayotte placé en alerte cyclonique rouge

Moins d'un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido sur Mayotte, l'archipel est de nouveau placé en alerte cyclonique rouge samedi depuis 22H00 locales (20H00 à Paris), dans l'attente du passage au large de ses...

Vue aérienne de quartiers ravagés par le cyclone Chido de la ville de Vahibé, près de Mamoudzou, à Mayotte, le 24 décembre 2024 © PATRICK MEINHARDT
Vue aérienne de quartiers ravagés par le cyclone Chido de la ville de Vahibé, près de Mamoudzou, à Mayotte, le 24 décembre 2024 © PATRICK MEINHARDT

Moins d'un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido sur Mayotte, l'archipel est de nouveau placé en alerte cyclonique rouge samedi depuis 22H00 locales (20H00 à Paris), dans l'attente du passage au large de ses côtes sud de Dikeledi, annoncé comme très pluvieux.

"La population doit être confinée dans une habitation solide, avec à disposition un stock d'eau, de nourriture pour tenir le temps du cyclone", a demandé la préfecture de Mayotte.

"Je crois que cette fois les gens ont compris que c'est du sérieux" et "qu'il faut se mettre à l'abri", a indiqué sur la chaîne Mayotte-La 1ère le premier adjoint au maire de Mamoudzou, Dhinouraine Mcolo Mainty. 

"Toute circulation à l'extérieur des lieux de confinement" est "interdite", hormis pour les secours et les personnes autorisées, jusqu'à nouvel ordre.

Le cyclone Dikeledi se situait dimanche à 01H00 locales (23H00 samedi à Paris) à 380 km à l'est de Mayotte, département d'Outre-mer de 320.000 habitants.

Après avoir atteint la côte nord-est de Madagascar samedi vers 16H30 GMT (17H30 à Paris), le cyclone a commencé à s'affaiblir pour être rétrogradé au stade de forte tempête tropicale, selon Météo-France. Mais Dikeledi devrait reprendre graduellement de la vigueur quand il quittera les terres.

"La province d'Antsiranana à Madagascar subit actuellement les conditions les plus intenses de la soirée avec des vents encore destructeurs pour les prochaines heures, de fortes pluies (s'étendant jusqu'au nord de la province de Toamasina) et une mer dangereuse", a précisé Météo-France dans son bulletin de 23H00.

Après un passage par le canal du Mozambique, Dikeledi devrait passer à environ 100 km au sud de Mayotte dimanche, avant d'être de nouveau classé cyclone tropical lundi en journée.

Aéroport fermé

Le territoire ultra-marin a été placé en vigilance orange en début de matinée. Le trafic des barges (ferrys locaux) a été mis à l'arrêt et l'aéroport international a fermé ses portes jusqu'à nouvel ordre.

Quelque 645 personnels de la Sécurité civile ont été pré-positionnés dans des lieux stratégiques de l'archipel pour intervenir le plus rapidement possible à l'issue de l'alerte cyclonique.

"Rien n'est laissé au hasard", a assuré Manuel Valls, ministre des Outre-mer à l'AFP en milieu de journée. 

Au total, "plus de 4.000 personnels sont mobilisés, dont 1.500 en renfort de la Sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et de l'armée", selon le ministère de l'Intérieur.

Des messages en français, shimaoré et kibushi (langues régionales), ont été diffusés à la radio et à la télévision pour alerter la population. 

"Le relais religieux a été utilisé avec les prières de vendredi", ainsi que les réseaux sociaux, notamment Facebook, a également indiqué M. Valls. 

Au total, 79 endroits sont prêts à accueillir les personnes ayant besoin d'un abri, a recensé la préfecture.

Plus fragile

Des images diffusées sur Mayotte-La 1ère montraient des automobilistes faire le plein de carburant dans les stations-service ou des familles se ravitailler dans les magasins pour acheter notamment des packs d'eau.

Dans la capitale mahoraise, Camelia Petre, 35 ans, a indiqué dans la matinée qu'elle allait héberger "des amis et collègues" ayant "perdu leur maison" lors du cyclone Chido.

Elle se fait aussi du "souci pour la population précarisée". "Les habitats de fortune ont été reconstruits, mais d'une façon encore plus fragile, donc le vent, qui risque de (...) transformer (les matériaux) en projectiles, et la pluie et la boue qui vont s'écouler, c'est un vrai danger !", s'inquiète cette professionnelle de l'aménagement urbain.

Dans son dernier bulletin, Météo-France prévoit en effet "une importante dégradation pluvieuse et venteuse" pouvant générer "des crues soudaines, des inondations et des glissements de terrain".

"Des rafales pouvant atteindre 80 à 90 km/h, voire localement 100-110 km/h sont probables, notamment sur la partie sud de l'île", met en garde Météo-France.

Les éventuelles coulées de boue constituent "des risques importants", a souligné le préfet. "Chido était un cyclone sec, on a eu très peu de pluie. Cette tempête tropicale est un événement humide, on va avoir beaucoup de pluie (...) sur un sol déjà fragilisé."

Chido a causé des dommages colossaux dans le 101e département, le plus pauvre de France, faisant au moins 39 morts et plus de 5.600 blessés.

Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique nord et le Pacifique.

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