Pas de télé chez la nounou: des députés veulent restreindre l'exposition des tout-petits aux écrans
Ne pas laisser les enfants de moins de trois ans devant des écrans, ni les regarder en leur présence: des députés veulent imposer aux assistantes maternelles cette recommandation de la commission écrans, pour...
Ne pas laisser les enfants de moins de trois ans devant des écrans, ni les regarder en leur présence: des députés veulent imposer aux assistantes maternelles cette recommandation de la commission écrans, pour à terme changer l'attitude des parents eux-mêmes.
"Nous souhaitons interdire d'exposer les enfants de moins 3 ans aux écrans, quels qu'ils soient, télévision, téléphone, tablette, dans les crèches comme chez les assistantes maternelles", explique Antoine Vermorel-Marques, député LR à l'origine de cette proposition de loi déposée en avril, avec Annie Genevard (LR).
Ne pas exposer les enfants aux écrans avant trois ans - et quasiment pas avant six ans - est une recommandation du rapport rendu fin avril à l'Elysée par la commission d'experts sur les écrans, qui va au-delà des deux ans de l'OMS. Le chef de l'Etat a donné un mois au gouvernement pour "traduire en actions" leurs préconisations.
Le Premier ministre Gabriel Attal s'est d'ores et déjà dit "très favorable" à ce que la PPL des deux députés LR soit "reprise et adoptée".
Selon ce texte, le professionnel ne doit pas utiliser son téléphone devant l'enfant, sauf nécessité de service.
Lorsqu'il est lui-même absorbé par son écran, "l'adulte est moins disponible pour les échanges verbaux, de regards, est plus susceptible de répondre de façon plus sèche, plus distraite à l'enfant", explique à l'AFP la neurologue Servane Mouton, coprésidente de la commission.
Ces obligations feraient partie des critères pour obtenir l'agrément par le conseil départemental, que les "AssMat" pourraient perdre si elles ne les respectent pas.
Le département de l'Ain, par exemple, précise que les écrans sont déconseillés au-dessous de six ans et permet aux parents de préciser quel usage des écrans ils acceptent, dans une annexe au contrat de travail de l'assistante maternelle.
Rêvasser, c'est plus constructif
Les écrans ne sont "pas utiles au développement de l'enfant a minima jusqu'à 6 ans, et enlèvent du temps aux activités qui lui sont nécessaires: l'activité physique, l'exploration du monde réel avec tous ses sens, l’interaction avec les autres", ajoute Mme Mouton.
"Jouer, explorer la matière, la musique, la danse, le jeu libre, écouter des histoires, ne rien faire même, rêvasser, c'est plus constructif pour lui", selon la neurologue.
Les écrans favorisent aussi la sédentarité et peuvent avoir des effets délétères sur le sommeil, le développement de la vision.
"Depuis que j'ai lu sur le sujet, j'essaie d'éviter de regarder mon téléphone devant mon fils. Cela donne un mauvais exemple et nuit à l'attention que je lui porte", assure Julien Laffont, un commercial interrogé par l'AFP dans un jardin public parisien, où beaucoup de nounous regardent leur portable ou parlent au téléphone.
Pour la Fédération française des entreprises de crèches, "exposer le moins possible les jeunes enfants aux écrans, cela fait partie des messages sanitaires aujourd'hui en crèche, comme se laver les mains après avoir changé une couche", assure Elsa Hervy, sa déléguée générale.
"Former les +AssMat+ à la nocivité des écrans, c'est bien", abonde Sandra Onyszko, de l'Union fédérative nationale des familles d’accueil et assistantes maternelles. Les assistantes maternelles suivent 120 heures de formation, sans que la question des écrans soit spécifiée.
"Mais alors qu'on a perdu 50.000 +AssMat+ en cinq ans et qu'il manque 200.000 places d’accueil de jeunes enfants, est-ce crédible de parler de retirer l'agrément?", s'interroge-t-elle.
Au-delà de la garde d'enfants, les députés souhaitent changer l'attitude des parents face aux écrans. "Il y a 50 ans, dans certains milieux, ça ne choquait personne de donner du vin à un enfant. Aujourd'hui, personne ne le fait", explique M. Vermorel-Marques.
Ce sont parfois les crèches et établissements scolaires qui invitent les familles à changer leurs habitudes, avec le défi collectif "10 jours sans écrans", initiative venue du Québec.
Du 14 au 23 mai cette année, quelque 500 structures - crèches, écoles, collèges, lycées - proposeront à 60.000 jeunes et leurs familles de se passer d'écrans, leur suggérant astuces et activités pour les remplacer, précise Eneko Jorajuria, président de l'association "10 jours sans écrans".
34R262R