Pas de grand-messe à Renaissance pour la célébration de Gabriel Attal

Dans une indifférence quasi générale, entre crise politique et réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron, passe dimanche entre les mains de Gabriel Attal, avec pour objectif premier de "ne pas...

Gabriel Attal à l'Assemblée nationale lors du débat précédant les votes sur la motion de censure du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, le 4 décembre 2024 à Paris © Alain JOCARD
Gabriel Attal à l'Assemblée nationale lors du débat précédant les votes sur la motion de censure du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, le 4 décembre 2024 à Paris © Alain JOCARD

Dans une indifférence quasi générale, entre crise politique et réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron, passe dimanche entre les mains de Gabriel Attal, avec pour objectif premier de "ne pas disparaître" avant l'effacement programmé du président en 2027.

Incroyable contexte. Le gouvernement de Michel Barnier a été censuré. Plus d'un Français sur deux, selon des sondages, souhaite le départ du président de la République Emmanuel Macron, de nouveau en quête d'un locataire pour Matignon.

De Donald Trump à Volodymyr Zelensky, de nombreux chefs d’État convergent vers Paris pour le retour au culte et au monde du trésor gothique de l'île de la Cité.

En un pareil moment, quelle place pour Renaissance ?

Cette discrétion obligée sied bien, en réalité, au parti présidentiel. Particulièrement à Gabriel Attal et ses équipes. Décidés à faire de ce conseil national, dimanche dans un hôtel du quartier Montparnasse, un non-évènement "interne".

Il s'agit pourtant de la prise de contrôle du parti du président par son ex-Premier ministre, pas vraiment ravi d'avoir été emporté par la dissolution quelques mois à peine après son arrivée à Matignon.

Il déroule depuis sa partition, d'abord en s'emparant, malgré la volonté de l’Élysée, de la présidence du groupe à l'Assemblée. Et à présent du parti, avec 2027 en ligne de mire...

Contexte aidant, personne, chez Renaissance, n'a le cœur à la grand-messe, au moment où Emmanuel Macron revient au centre de la crise politique -"pas loin de la crise de régime", souligne Édouard Philippe-, la solution Barnier élaborée à l’Élysée s'étant fracassée à l'Assemblée nationale.

Et tous sont liés, au demeurant, par leur remarquable discrétion sur le réel nombre d'adhérents (8.500 ? 10.000 ? 15.000 ?), tellement loin des 400.000 inscriptions gratuites revendiquées il y a six ans.

Emmanuel Macron qui, Constitution oblige, ne peut se représenter, voit donc en partie son parti lui échapper. Huit ans après sa création, sept ans après sa fulgurante ascension vers l’Élysée. Depuis ? "Une maison vide", "un parti né en cliquant" qui n'a "pas de contenu politique" et "ne s'est jamais structuré", juge sévèrement un ancien ministre.

"Il a toujours été ambigu avec le parti en disant +je m’en mêle pas+ et, en même temps, en étant très attentif à ce qui s’y passe", relève un collaborateur. Résultat, "une machine électorale, très organisationnelle". Mais "sans velléité, notamment du président, d'en faire un lieu de réflexion et de doctrine", appuie une autre, présente depuis le début de l'aventure.

Quelle "carte d'identité" ?

Affaibli par la dissolution, Renaissance est au moins parvenu à s'éviter une lutte interne. Du plus mauvais effet en pleine crise ministérielle.

Sans oublier les comptes demandés aux Premiers ministres successifs sur la dégradation des finances publiques. "Je voyais arriver les balles entre Élisabeth (Borne) et Gabriel devant les commission d’enquête (parlementaires), avec Bruno (Le Maire) en otage", illustre, soulagée, une députée.

Patient, l'ultra-favori Gabriel Attal a obtenu le renoncement d'Élisabeth Borne à briguer la tête du parti. Moyennant une liste commune et un accord sur la répartition des tendances dans les instances du parti.

Mme Borne accèdera dimanche à la présidence du conseil national, avec l'objectif de le transformer en "un véritable Parlement du parti", selon un soutien.

Gabriel Attal, qui sera officiellement élu secrétaire général dimanche matin pour succéder à Stéphane Séjourné devenu commissaire européen, prononcera un discours à la mi-journée. Il esquissera quelques priorités et un calendrier de travail pour l'année 2025. "C'est le bon moment pour montrer le chemin doctrinal qu'il veut prendre", espère un historique d'En Marche, tendance social-démocrate.

M. Attal entend cependant se laisser un peu de temps, notamment pour l'installation du bureau exécutif, le gouvernement du parti. Mais "on ne peut pas être le seul parti qui ne se réunit pas, qui ne s’exprime pas. Et on a vraiment besoin de réfléchir à la carte d’identité de Renaissance, pour ne pas disparaître. C’est ça l'enjeu", s'inquiète un cadre.

Dans le bloc central, la concurrence s'organise. Édouard Philippe est déjà candidat déclaré à l'Elysée et son parti, Horizons, prépare des meetings régionaux, le premier le 26 janvier à Bordeaux. 

Membre de Renaissance, Gérald Darmanin a, lui, récemment lancé son cercle de réflexion, Populaires, et son association de financement a reçu l'agrément des autorités, publié samedi au Journal officiel.

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