Parlementaire européen, un rôle méconnu
En mai prochain, 500 millions d’électeurs éliront les 751 députés qui siègeront au Parlement européen pour les 5 prochaines années. L’occasion pour l’eurodéputé picard Phillippe Boulland, de faire découvrir sa fonction et de vulgariser le rôle du Parlement.
Le 25 mai 2014 les électeurs français éliront 74 députés européens. Ceux-ci siègeront à Strasbourg et à Bruxelles et représenteront directement les intérêts des citoyens sur l’ensemble des sujets du quotidien. Pour cela, ils intègrent une des 20 commissions permanentes du Parlement. C’est là qu’ont lieu les débats et que sont élaborées les législations. Les décisions finales sont cependant adoptées en session plénière où siègent les 751 députés.
Philippe Boulland, parlementaire européen depuis 2010 sous l’étiquette UMP et conseiller général du canton de Betz (Oise), achève son premier mandat. Il fait partie du Parti Populaire Européen (PPE), et est membre de trois commissions : emploi et affaires sociales, commission des pétitions ainsi que la commission du développement. Si les listes UMP ne seront dévoilées qu’en janvier, le parlementaire, qui vise une deuxième ou troisième place sur une liste UMP dans la circonscription Nord- Ouest (Normandie-Nord-Picardie), a souhaité faire découvrir sa fonction en amont.
Un vrai pouvoir législatif
Si le Parlement a pu faire figure de “parent pauvre” des institutions européennes, il a acquis au cours des dernières décennies de plus en plus de pouvoirs, notamment depuis l’adoption du Traitée de Lisbonne. Aujourd’hui par exemple, le Parlement bénéficie d’un véritable pouvoir législatif, grâce notamment à la procédure de “co-décision” sur pratiquement l’ensemble de la législation de l’Union. Pour la première fois par exemple, le Parlement a refusé de voter la première proposition de budget faite en février dernier par le Conseil européen (formé par l’ensemble des chefs d’état), estimant qu’elle n’allait pas dans l’intérêt des citoyens.
Martin Schulz, Président du Parlement européen, a également promis de « très longues négociations » autour de l’accord trouvé à propos de l’union bancaire (créée pour éviter que les fragilités bancaires ne puissent entrainer de nouvelles crises au sein de l’Union) par les ministres des Finances midécembre, le jugeant « très éloignés des ambitions des députés ». Une position que nuance Philippe Boulland, qui souhaite simplement qu’un aspect social soit intégré : « L’Europe n’avait pas les outils pour se prémunir d’une crise mondiale, mais grâce à l’union bancaire, c’est maintenant chose faite. Je pense que le pic de la crise est passé, il faut maintenant gérer ses conséquences, notamment en matière d’emploi en insufflant un versant social à l’union budgétaire. »
La mauvaise image de l’Europe
Une crise qui a écorné encore un peu l’image des institutions européennes, déjà fragile dans l’opinion. Selon l’eurodéputé, la mauvaise image de Bruxelles est due à plusieurs facteurs dont un certain désintérêt de la part des journalistes : « Devenir eurodéputé c’est faire voeu de chasteté médiatique », concède-t-il, mais également la mise en cause régulière des décisions européennes par les politiques eux-mêmes: « Les politiques ont sans doute une part de responsabilité dans la mauvaise image des institutions européennes puisqu’ils défendent leurs prérogatives en émettant un jugement négatif à l’encontre de l’Union européenne, alors qu’ils devraient assumer leur part de responsabilité. » Des raisons qui n’expliquent sans doute pas entièrement la méconnaissance des institutions et l’impression générale d’une très grande distance entre l’Europe et ses citoyens. « Chacun voit l’Europe de son point de vue, il faudrait présenter les institutions sous un angle pratico-pratique, permettre à tous de découvrir l’Europe autrement. Peu de citoyens savent par exemple que le traité de Lisbonne donne plus de poids aux citoyens. » La commission des pétitions, dont Philippe Boulland est membre permet à chaque citoyen habitant un des pays de l’Union, d’adresser une pétition au Parlement qu’il s’agisse de droits des citoyens, de la protection des consommateurs, d’une question environnementale ou encore d’une question liée à l’emploi et à la politique sociale. Opposants et partisans au projet de l’aéroport Notre- Dame-des-Landes ont par exemple été auditionnés lors de la commission de septembre. N’ayant décelé aucune entorse à la législation européenne, la Commission a maintenu son soutien au projet.
Agir en Picardie
S’il est difficile pour un parlementaire européen d’être véritablement identifié à un territoire, Philippe Boulland met cependant en avant les relations qui peuvent se nouer entre une région et l’Europe, notamment en matière de financement : « Les aides européennes ne sont malheureusement pas assez utilisées en France, alors qu’elles pourraient bénéficier aux entrepreneurs locaux, aux associations ou encore aux collectivités. Beaucoup sont méconnues alors qu’il existe des dispositifs européens pour tous les niveaux. »