Parc éolien et sites de mémoire : incompatibles ?

Suite à l’avis défavorable émis il y a plusieurs mois par l’enquête publique et les différentes administrations, la société Quadran réaffirme sa volonté de ne pas abandonner son projet de créer un parc éolien sur les sites meusiens d’Esnes-en-Argonne et Montzéville. Un recours a été déposé auprès du Tribunal de Nancy.

Le projet du parc éolien se situe à seulement huit kilomètres de la Bute de Vauquois.
Le projet du parc éolien se situe à seulement huit kilomètres de la Bute de Vauquois.
Le projet du parc éolien se situe à seulement huit kilomètres de la Bute de Vauquois.

Le projet du parc éolien se situe à seulement huit kilomètres de la Bute de Vauquois.

«Il est important de rappeler le contexte de ce projet initié en 2006. Pendant huit ans, on a été soutenu par les élus des communes où devait s’implanter le futur parc éolien. Toutes les études menées en amont avaient débouché sur des avis favorables. Et puis, les élections municipales de mars 2014, un mois avant le démarrage de l’enquête publique, ont tout changé. Un collectif d’opposants s’est constitué et les conséquences ont été immédiates», confie Charles Lhermitte, le directeur régional Nord & Est de la société Quadran. Face à la fin de non-recevoir signée par les services de l’État, l’entreprise ne se résigne pas. Elle a donc engagé une procédure en recours auprès du Tribunal administratif de Nancy sachant que cette démarche sera forcément longue. Malgré cela, pas question pour eux de renoncer et de passer à un autre projet. «Le temps de développement d’un parc éolien est forcément long entre 7 et 10 ans. En tant que chef d’entreprise, voir ce dossier stopper dans ces conditions après tant d’années où un consensus avait été trouvé. On ne peut se résoudre à tout abandonner, mais on sait aussi que ce projet ne peut se faire envers et contre tout. On souhaite donc discuter avec les élus, les rassurer, voir dans quelles mesures on peut l’adapter et l’aménager. Mais pour le moment, personne ne veut nous rencontrer», regrette-t-il.

Contexte

Si effectivement toutes les études menées en amont sur l’impact environnemental, paysager, botanique, ornithologique ont débouché sur un feu vert des différents services techniques et par l’autorité environnementale représentée par le préfet de région avant 2014, la proximité avec les sites de mémoire a, semble-t-il, crispé les élus meusiens dans la dernière ligne droite de concrétisation du parc éolien. Effectivement, la période de commémoration n’a pas aidé. «On a voulu rassurer les différents élus en leur disant que les travaux ne commenceraient pas pendant les festivités entre 2014 et 2018», explique le dirigeant, mais cette précision n’a pas apaisé les esprits. «Les éoliennes se trouvent à 16 km du Fort de Douaumont, à 8 km de la Bute de Vauquois et à 7 km de la Tour de Montfaucon. On nous reproche de ne pas respecter les défunts, mais c’est faux. Cet aspect paysager ne posait pas de problème avant 2014, alors pourquoi ce revirement ?». Il est vrai que dans le même temps, le projet de classement Unesco des champs de bataille a occasionné des inquiétudes du côté du Conseil départemental, porteur du projet. Quid de la loi de transition énergétique et des retombées économiques ? «Le parc s’inscrit pleinement dans la transition énergétique et le paquet Énergie-climat défini par l’Europe. L’Allemagne propose déjà 35 % de son énergie électrique sous forme d’énergie éolienne quand la France est à peine à 7 ou 8 %», précisent les responsables de Quadran. Si des marges de progression existent, ce n’est pas certain qu’elles soient du côté d’Esnes-en-Argonne et Montzéville, même si l’entreprise met en avant «les retombées fiscales évaluées à 216 000 euros par an et ce pendant vingt ans au titre de l’IFER (imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux) dans un contexte de baisse des dotations de l’État».