OVH, toujours plus haut

Depuis Roubaix, OVH, le groupe d'infrastructures numériques, s'apprête à déployer son offre aux Etats-Unis. Et déjà Octave Klaba, fondateur de la société, peaufine son prochain plan quinquennal dont l'investissement s'élèverait entre 4 et 7 milliards d'euros.

C'est depuis son site roubaisien qu'OVH prépare son offensive pour les Etats-Unis

Hernan Ameijeiras
C'est depuis son site roubaisien qu'OVH prépare son offensive pour les Etats-Unis Hernan Ameijeiras

Bienvenue au Summit annuel d’OVH. Dans le brouhaha des 3 000 personnes qui ont pris place au Paris Event Center, Octave Klaba grimpe sur l’estrade, agrippe sa Gibson et ouvre cette sixième rencontre réunissant clients, partenaires et collaborateurs, sur des notes de heavy métal. “Il joue de mieux en mieux, commente un salarié du site de Brest. C’est la force d’Octave, il ose tout!
Quelques gouttes de sueur perlent sur le front du dirigeant quand il revient sur scène. “J’étais déjà un peu fou quand j’ai créé OVH en 1999, sans un sou en poche. En 2004, j’ai dit : OVH deviendra une boîte européenne. En 2011, j’ai dit : OVH ira au Canada. Et dernièrement, j’ai dit : on recrute 1 000 personnes et on va aux US. On y est.

Livrer la bataille des US

Depuis 2016, la firme roubaisienne d’infrastructures web (cloud computing) connaît un développement sans précédent, dopé par un plan d’investissement quinquennal (2016-2020) de 1,5 milliard d’euros. Au 30 août 2018, OVH comptait désormais 2 200 salariés à travers le monde, dont près de 1 000 installés à Roubaix, au siège de l’entreprise. Côté infrastructures, OVH a construit, depuis 2016, 12 nouveaux data-centers et dispose aujourd’hui de 356 000 serveurs irriguant 138 pays. Deux data-centers sont désormais opérationnels aux Etats-Unis (côte Ouest et côte Est), tandis que le rachat, au premier trimestre 2017, de la société vCloud Air a permis au groupe d’aborder le marché américain. “Nous sommes prêts à livrer la bataille des États-Unis“, commente Grégoire Kopp, conseiller spécial. Un marché capital pour la firme française.

Toujours plus gros


Sur l’estrade, après Klaba, les interlocuteurs se succèdent. Michel Paulin, ex-directeur de SFR, devenu le directeur général du groupe fin août dernier. “Nous allons poursuivre la croissance rapide d’OVH en gardant l’ADN d’OVH, celui du logiciel libre”, assène le nouveau venu. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires du groupe s’élève à plus de 500 millions d’euros. L’objectif est de le porter à un milliard d’euros dans deux ou trois ans. Le plan quinquennal 2016-2020 n’est pas tout à fait exécuté que le prochain est déjà d’actualité avec un chiffre avancé de 4 à 7 milliards d’euros. Et pour son financement, toutes les hypothèses sont sur la table : “En 2016, l’entreprise disposait d’un milliard de fonds propres, décrypte Grégoire Kopp. Entrée en Bourse, levée de fonds, emprunt, le choix du financement dépendra aussi du montant finalement arrêté.” Le directeur technique, François Sterin, s’avance maintenant devant le public et revient sur les investissements “colossaux réalisés sur l’infrastructure après l’incident surmonté de novembre 2017”. Une usine d’assemblage a également été inaugurée cette année à Croix, d’une capacité de production de 400 000 serveurs.

European Virtual Gafam


Enfin, Octave Klaba remonte sur scène pour évoquer un sujet qui lui tient à cœur : le big data et l’intelligence artificielle . “Il y a un an, j’imaginais quelle serait la stratégie d’OVH autour de l’IA et la notion de plateforme m’a paru évidente. Et plutôt que de développer des outils en interne, utilisons des compétences qui existent. L’Europe, c’est une communauté ; créons l’European Virtual Gafam, un regroupement d’entreprises basé non sur le lien capitalistique, mais sur la confiance. Dans dix ans, nous aurons 100 entreprises qui collaboreront ensemble, réalisant chacune un milliard de CA et nous aurons ainsi les géants du Net européen.” Rien n’arrête Octave Klaba. L’homme reprend sa guitare et clôt cette rencontre au sommet en reprenant Métallica : “
Forever trusting who we are and nothing else matters…” (Croyons éternellement en ce que nous sommes/Rien d’autre n’a d’importance…).

Caroline Behague

C’est depuis son site roubaisien qu’OVH prépare son offensive pour les Etats-Unis. Crédit photo Hernan Ameijeiras