Opal'TV, une télévision sans fréquence...
Le tribunal de commerce de Dunkerque a décidé, le 31 juillet dernier, d'octroyer Opal TV au Groupe La Voix. C'est exactement le contraire de ce que lui avait demandé le CSA qui avait retenu l'offre de Grand Lille TV et l'avait rappelé au procureur de la République et aux juges à deux reprises fin juillet. Retour sur une histoire complexe...
Dernière-née du paysage audiovisuel régional, Opal’TV n’en finissait pas de dépérir. Des réductions des effectifs avaient fait passer la chaîne de 21 à 6 salariés en 18 mois. Un fiasco largement prévisible depuis les dernières élections municipales à Dunkerque : le nouveau maire et président de la communauté urbaine de Dunkerque, Patrice Vergriete, a tourné le dos à Opal’TV et prépare une télévision agglomérale sur le web… Dans les autres agglomérations, c’était l’expectative avant l’audience du tribunal de Dunkerque du 29 juillet dernier. La CASO et la CUD seules étaient présentes et n’ont pas véritablement pris parti dans la lutte qui opposait Grand Lille TV et Weo (Groupe La Voix), pour la seconde fois en concurrence pour la reprise de la fréquence d’Opal’TV. L’agence CAPresse (fournisseur de La Gazette Nord – Pas de Calais) a demandé en vain un report du jugement pour laisser du temps à tous les candidats et aux collectivités. Et a fini par rejoindre l’offre de Grand Lille TV au nom de la pluralité et de la proximité.
Une fréquence n’est pas un simple fonds de commerce. Les offres des deux groupes de médias sont quasi similaires : six salariés sur six repris chez Weo (dont un directeur à 130 000 euros/an) et cinq chez Grand Lille TV ; 49 000 euros pour Weo, 41 000 euros pour Grand Lille TV. Le tribunal a donné la parole aux créanciers : le bailleur votant Weo qui reprenait le bail, le fournisseur d’accès à la fibre s’en remettant au tribunal, la CASO défendant l’activité locale, la représentante des salariés votant Weo. La plupart ignorant les deux courriers du CSA qui choisissait Grand Lille TV… Côté recettes, Weo indique que 60% (sur un budget total annuel de 800 000 euros) viendront de la publicité mais n’en a récolté que 150 000 l’an dernier en tant que régie exclusive d’Opal’TV. L’affaire est complexe : le tribunal de commerce est totalement dans son rôle quand il juge de la reprise d’une entreprise ou de la location-gérance d’un fonds de commerce. Sauf que ce fonds de commerce ne tient qu’à la fréquence sur laquelle l’autorité du CSA ne se partage pas. Saisi par le tribunal de commerce, le CSA s’est prononcé mais le tribunal ne l’a pas suivi. C’est une première de laquelle Weo devra se sortir par voie de recours en assumant «tous les risques» comme déclaré devant les juges. De son côté, Grand Lille TV plaidera très probablement contre cet octroi de fréquence «illégitime». Devant les trois offres, le tribunal de commerce avait émis trois avis «réservés» tant le passif (plus d’un million d’euros alors que la direction l’évaluait à moins de 800 000 en juin dernier) était loin des offres des repreneurs ! Mais le choix s’est néanmoins porté sur Weo. Regrette-t-il de ne pas avoir mis la SAEM TV CO en liquidation judiciaire ? On attend de voir si le CSA acceptera de se voir mettre devant le fait accompli sur un choix qui ne relève que de lui…