Oise : le Département soutient les commerçants... qui restent très inquiets

La présidente du Conseil départemental de l’Oise, Nadège Lefebvre, s’est rendue auprès des commerçants du centre-bourg de Grandvilliers. Pour les écouter et se faire l’interprète de leurs difficultés auprès de la Région et de l’État.

Le chausseur William Maille, au centre, s’interroge : son commerce est-il vraiment non essentiel ? Pour lui en tous cas, il l’est.
Le chausseur William Maille, au centre, s’interroge : son commerce est-il vraiment non essentiel ? Pour lui en tous cas, il l’est.

« Nous n’avons pas la compétence économique. Cela ne nous empêche pas d’être extrêmement préoccupés par la situation des commerçants de proximité et de nous impliquer à leurs côtés » : la présidente du Conseil départemental de l’Oise a voulu exprimer fortement sa solidarité avec les petits commerces. « Dans cette crise, chaque consommateur a un rôle à jouer : avant de commander ce dont il a besoin auprès des grands sites marchands internationaux, il doit s’assurer qu’il ne peut pas l’obtenir auprès de ses commerçants locaux », estime la présidente.

Car nombre de boutiques ont instauré un système de Click and collect, avec réservation des produits sur une page Facebook ou un site Internet et retrait des marchandises devant le magasin. C’est ce qu’a mis en place le gérant du magasin de chaussures Le Chat Botté tenu par William Maille. « Mais c’est loin de résoudre nos problèmes, confie le commerçant installé depuis 25 ans à Grandvilliers. La plupart de mes clients ne sont pas équipés en informatique, ils ont besoin d’être conseillés et d’essayer les chaussures.»  Avec à peine 2% de son chiffre d’affaires réalisés en ligne et un stock de marchandises important, le chausseur voit « s’effondrer toute une vie de travail » et demande, au moins, un report des soldes à fin janvier.

Nadège Lefebvre, à gauche, a réaffirmé son soutien à la présidente de l’association de commerçants Anita Blondel et à la fleuriste Audrey Langlois (à dr.).

Solidarité citoyenne

Même constat chez la fleuriste Audrey Langlois, qui assure la livraison à domicile de ses bouquets, compositions et plantes commandés sur sa page Facebook. « Le mois de novembre est traditionnellement assez creux dans notre activité, mais je suis très inquiète pour la période des fêtes, qui représente une grosse part de nos ventes », reconnaît la jeune femme installée depuis seulement quelques mois. « Cela pose le problème des indemnisations de l’État pour les commerçants qui viennent de démarrer leur activité, en l’absence de référentiel sur l’année précédente », s’interroge Nadège Lefebvre.

Le Click and collect mis en place par Nathalie Goulencourt génère infiniment moins d’activité que les colis en provenance des grandes plates-formes qu’elle remet à leurs destinataires.

Pour le maire de la commune, Jacques Larcher, « faire mourir notre commerce, c’est faire mourir nos centres villes. » L’élu s’appuie sur une association de commerçants particulièrement active, présidée par Anita Blondel. « Comme lors du premier confinement, nous relayons toutes les informations utiles auprès de nos 57 adhérents, précise-t-elle. Nous allons aussi éditer un prospectus présentant notre offre commerciale locale, qui sera distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune. »

Il y a en effet fort à faire : Nathalie Goulencourt, responsable du magasin de maroquinerie et vêtements Chez Marilyn, assure aussi un point Pick-up pour la réception des colis. « Je vois mon propre chiffre d’affaires s’effondrer, et en même temps le nombre de colis venus de grandes plates-formes de vente en ligne exploser », se désole-t-elle. Nadège Lefebvre insiste : « Il faut vraiment une mobilisation de tous pour sauver nos commerces locaux. Les clients sont contents de les trouver quand ils en ont besoin, à eux maintenant de montrer leur solidarité citoyenne. »