Nouveau dispositif national pour contrer le chômage des jeunes

Dominique Bur, préfet de la région Nord-Pas-de-Calais, et Annaïk Laurent, directrice de la Direccte Nord-Pas-de-Calais, ont présenté récemment un nouveau dispositif national visant les jeunes faiblement diplômés. D’ici décembre 2013, 7 650 emplois d’avenir seront déployés dans la région .

Annaïk Laurent, directrice de la Direccte Nord Pas-de-Calais et Dominique Bur, préfet de la région Nord-Pas-de-Calais ont présenté le nouveau dispositif.
Annaïk Laurent, directrice de la Direccte Nord Pas-de-Calais et Dominique Bur, préfet de la région Nord-Pas-de-Calais ont présenté le nouveau dispositif.
D.R.

Annaïk Laurent, directrice de la Direccte Nord Pas-de-Calais et Dominique Bur, préfet de la région Nord-Pas-de-Calais ont présenté le nouveau dispositif.

Au troisième semestre de cette année, la situation économique continue de se dégrader dans la région, affectant à la fois l’emploi et le marché du travail. Un mal qui perdure depuis plus de quatre semestres consécutifs, concernant surtout le domaine de l’intérim avec une perte de 8%. Au total, 4 400 emplois ont disparu dans le Nord-Pas-de-Calais (-0,5%) pendant l’année. En plus des 6 900 licenciements économiques recensés par la Direccte (direction régionale du travail) fin septembre, les individus de 15-24 ans connaissent plus de difficultés qu’ailleurs à obtenir un emploi.

 

Région la plus jeune de France, le Nord-Pas-de-Calais est un territoire fortement touché par le chômage des jeunes. Un triste constat dû à une plus faible obtention de diplômes. La demande d’emploi concernant cette tranche d’âge a augmenté de 0,3% en septembre, et 25% des jeunes Nordistes sont au chômage contre 17% en France. L’insertion est difficile. Au total, la région comptabilise 34 900 demandeurs d’emploi, dont 43% d’entre eux sont inscrits depuis plus de 12 mois au Pôle emploi. Cependant, si le niveau régional est historiquement élevé, il se dégrade pourtant moins que la moyenne nationale. Face à cette crise, le gouvernement mise sur les contrats d’avenir afin de faciliter l’insertion professionnelle et l’accès à la qualification pour les jeunes sans emploi.

 

Un public bien ciblé. La plupart des demandeurs d’emploi ne sont pas concernés par la mesure phare de la campagne du candidat François Hollande. Seuls les jeunes de 16 à 25 ans sortis du système national sans diplôme ou peu qualifiés, ceux issus des zones prioritaires (ZUS ou ZRR) et les jeunes de moins de 30 ans reconnus travailleurs handicapés pourront en bénéficier. Afin de contrer un niveau de chômage croissant, les contrats d’avenir poursuivent un double objectif d’acquisition : il s’agit non seulement d’une expérience professionnelle, mais également de compétences reconnues, gages d’une insertion durable sur le marché du travail. Le contrat signé entre le jeune et l’employeur relève d’un CAE ou d’un CIE associé d’un CDI ou d’un CDD de trois ans à temps complet. Afin de pérenniser l’emploi, un suivi personnalisé est prévu pendant toute la période de travail. C’est ainsi une réelle responsabilité pour les employeurs appelés à recruter en emploi d’avenir. Afin de remplir les conditions, ces derniers doivent avoir une capacité d’encadrement suffisante pour accueillir un jeune en difficulté, avec une proposition de tutorat.

Le secteur non marchand en priorité. Les entreprises concernées par les emplois d’avenir doivent être en mesure financière de maintenir l’activité pendant la durée de l’aide. Les emplois visés par le dispositif sont issus en priorité des activités ayant une utilité sociale, environnementale ou avec un fort potentiel de création d’emplois tels que le secteur médico-social, le tourisme, les loisirs, l’aide à la personne. Il s’agit bien évidemment des secteurs les plus porteurs. Les collectivités, les associations, les bailleurs sociaux, les hôpitaux et les entreprises publics doivent ainsi se mettre au pas pour tenter de relancer le marché de l’emploi et promettre un meilleur avenir aux jeunes défavorisés ou écartés de la bonne voie. Le secteur marchand, quant à lui, n’est pas en reste, même s’il ne représente pas la cible prioritaire. Les postes à pourvoir devront offrir des perspectives de développement d’activités nouvelles en visant les emplois de demain. Par ailleurs, une liste est fixée par arrêté du préfet de région pour respecter cette contrainte.

Les aides et financements pour les entreprises. Environ 70 000 jeunes seraient éligibles dans la région. Afin de profiter de cette mesure, les intéressés peuvent s’adresser au Pôle emploi, aux Missions locales et au Cap emploi qui font la relation avec les employeurs potentiels, identifiés au préalable. Les Cap emploi se chargeront principalement du suivi de la signature de la convention, de l’accompagnement et du contrôle des obligations de l’employeur durant toute la période du contrat. Afin d’inciter les entreprises à se lancer dans cet engagement et à apporter un nouveau souffle dans le domaine de l’emploi, des aides leur seront attribuées. Mais cela dépend de différents facteurs. Elles doivent répondre à certaines obligations et justifier d’une bonne santé financière. Les compétences à acquérir et les domaines visés sont des points essentiels de cette démarche. Cependant, la formation qui se positionne au cœur du dispositif est obligatoire pour l’obtention des financements. Celle-ci peut prendre forme avant, pendant et après le contrat. L’aide dont peuvent disposer les entreprises est de 75% du Smic dans le secteur non marchand, de 35% dans le cas général pour le secteur marchand et de 47% pour les entreprises d’insertion, tout au long de la convention. Par ailleurs, le non-respect des engagements en matière de formation implique le remboursement des aides perçues. Enfin, deux mois avant l’échéance du contrat, les jeunes ne seront pas propulsés sur le marché du travail sans suivi. Un bilan de compétences sera réalisé. Pour ceux qui sont intégrés en CDD, ils bénéficieront d’une priorité à l’embauche durant l’année qui suit. Mais, en général, le jeune actif obtiendra un emploi auprès d’un autre employeur ou conservera son emploi au sein de la même entreprise. Le processus de reconnaissance fait aussi partie des objectifs du dispositif national.

Déjà sur les rails. Le dispositif a pris effet depuis le 1ernovembre 2012. La mobilisation des services d’Etat, en étroite relation avec l’ensemble des acteurs concernés, a été lancée le 5 novembre dernier dans le cadre régional. Ainsi, 7 647 emplois d’avenirs sont réservés aux Nordistes, cadrés par un schéma d’orientation régional, contre 85 000 pour le reste de l’Hexagone ; 150 000 contrats seraient visés pour 2014 en France. Le Nord-Pas-de-Calais est la troisième région bénéficiaire derrière l’Ile-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Chaque région dispose d’un budget alloué par l’Etat. L’enveloppe dégagée pour le Nord-Pas-de-Calais est de 200 millions d’euros. Les Missions locales, quant à elles, sont dotées de 30 millions d’euros. Dans tous les cas, les entreprises ont l’obligation de mener à bien cette mission à double face. Car même si la volonté d’agir contre le fléau du chômage est très forte, les contrats d’avenir pourraient se superposer aux contrats aidés. Ces derniers seraient alors délaissés par les entreprises au profit du nouveau dispositif qui présente d’autres avantages. Mais à l’aube d’une nouvelle année, les acteurs nationaux et régionaux gardent espoir afin de redresser légèrement la situation conjoncturelle et offrir un plus bel horizon à une jeunesse privée d’avenir professionnel.