Nouveau chauffage urbain : un partenariat ville–bailleur gagnant-gagnant
Cofely services est lauréat de la consultation pour la création d’un grand réseau de chaleur urbain sur Lambersart. Cette initiative, impulsée par le bailleur Vilogia et la municipalité, a pour objectif de maîtriser les consommations énergétiques grâce à une chaufferie bois.
C’est une victoire pour l’agence Nord de Cofely services, la plus importante de France, implantée depuis septembre dernier dans le parc d’activité Horizon à Villeneuve-d’Ascq et fusionnant désormais avec les équipes de la SAMEE. L’alliance entre un bailleur et une ville est, quant à elle, presque inédite. Et pourtant naît de cette union un nouveau réseau de chauffage urbain qui desservira, à partir de septembre prochain, une partie des 1 700 logements reliés à ce projet novateur.
Constitution d’un GIP. L’objectif initial de rénover l’ancien réseau de chauffage uniquement sur le quartier du Pacot-Vandracq a finalement vu surgir un défi de taille : la maîtrise des charges thermiques des usagers lambersartois. «Nous avons un objectif ambitieux à atteindre : en signant un accord européen pour protéger la planète, la Convention des maires, la Ville s’est engagée à réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020. L’extension du réseau de chauffage urbain existant, avec la construction d’une chaufferie bois et d’une pompe à chaleur, sera l’une des actions majeures permettant de répondre à cet objectif», affirme Marc-Philippe Daubresse, le maire de la commune. C’est donc sous la forme d’un groupement d’intérêt public, nommé GIP Lambersart énergie 2020, que cette initiative porte un double intérêt : l’impact environnemental et la réduction du coût global. Marc Bonnaure, directeur du GIP Lambersart énergie 2020, précise : «Ce groupement permet, au-delà d’être un espace de solidarité, de constituer un véritable service public autour d’une personne publique et d’une personne privée.»
Le patrimoine énergétique de demain. Renouveler les énergies fossiles et assurer le confort des habitants tout en diminuant la facture, tels seraient ainsi les objectifs du nouveau réseau de chauffage urbain, déjà exploité au nombre de 90 par Cofel sur le territoire français. Un développement cependant encore frileux par rapport au reste de la zone européenne. «Nous avions une vieille chaufferie que nous entretenions pour le compte de Vilogia. Notre contrat arrivait à son terme. Sous l’impulsion de la Ville, l’idée de la remplacer a germé et la chaufferie bois a été retenue», explique Raphaël Serrurie, directeur de l’agence Nord de Cofely services. Olivier Kakol, directeur général des services DGS de la ville de Lambersart, soutient ce projet : «Nous avons réfléchi sur le remplacement de l’ancienne installation cogénération, qui était cependant déjà en avance en matière d’économie d’énergie. Mais nous avons voulu être plus ambitieux et étendre ce réseau de chaleur.» Par ailleurs, selon les services de la mairie, seule la société Cofely était à la hauteur du projet et a souhaité négocier : «Cofely services nous a fait l’offre la plus compétitive, aussi bien d’un point de vue qualitatif qu’économique. Il nous propose un brevet de condenseur qui récupère les particules rejetées grâce à un système de filtre. Le projet est aussi parfaitement étudié du point de vue acoustique et esthétique», confirme le responsable du GIP Lambersart énergie 2020.
En plus de se fondre dans le paysage urbain, la chaufferie Bois, actuellement en construction et érigée par l’agence d’architecture Archi concept, affichera 71 000 tonnes de CO2 évitées sur la totalité du contrat. Soit l’équivalent de trois années de circulation automobile au sein de la ville. Cette installation nouvelle génération desservira une chaleur produite à 60% de biomasse, provenant intégralement de la région. «Durant la période hivernale, le réseau sera principalement alimenté par l’énergie du bois, mais pendant l’été la chaufferie sera économisée par le biais d’un mix énergétique», détaille Raphaël Serrurie. Et de poursuivre : «C’est une erreur de vouloir démanteler entièrement les cogénérations à gaz qui représentent une technologie très efficace énergétiquement. C’est pourtant dans les tuyaux de la haute sphère gouvernementale. L’avenir est dans le mix énergétique» assène t-il. Ici, le secours pourra être assuré par le gaz naturel et le fioul.
Long de 7,7 km, le réseau de distribution desservira l’équivalent de 1 700 logements, en passant par les bâtiments municipaux, le patrimoine de Vilogia, les établissements scolaires et les établissements de santé et autres résidences. La première phase, qui débutera dès septembre prochain, reliera entre autres le groupe scolaire, la salle des fêtes, la piscine Guerechau, etc. L’hôtel de ville, quant à lui, sera raccordé en deuxième phase, effective en 2014. Au total, l’ensemble du réseau atteindra une consommation prévisionnelle de 20 459 MWh.
D’importants investissements pour de petites économies. Le GIP, en qualité de maître d’ouvrage, mettra en route d’ici un an, le premier réseau de chaleur par Cofely services dans le département du Nord. La ville d’Arques fera, quant à elle, office d’exemple dans le Pas-de-Calais dans quelques mois. Au total, une enveloppe de 6 millions d’euros d’investissement a été mise sur la table pour la naissance de ce projet plus écologique, permettant au réseau d’être qualifié de «vertueux» et d’assurer son éligibilité au «Fonds chaleur» de l’Ademe. Ainsi, 3 millions d’euros sont dégagés par cette structure, complétés par une aide financière du FEDER, ce qui permet d’équilibrer les comptes. «C’est grâce aux subventions que nous pouvons mettre en place une solution de chauffage viable et rentable», insiste le représentant de Cofely services.
Selon le directeur général des services de la ville, ce nouveau réseau de chaleur urbain permettra à la commune de réaliser une économie de plus d’un million d’euros, correspondant aux dépenses de l’ensemble des fluides. «L’objectif à terme est de devenir progressivement indépendant du prix du gaz qui ne cesse d’augmenter», avance-t-il. Pour les habitants, cette solution représentera une économie estimée entre 0 et 10% sur leur facture selon le type de logement. Une aubaine pour les Lambersartois mais aussi pour la société qui bénéficiera d’une TVA de 5,5% sur le coût de chaleur. Sans compter les quelque 2,3 millions d’euros d’investissement annuel, sur une période de 24 ans. «Ce contrat nous donne de la visibilité et représente une victoire par rapport à notre concurrent Dalkia qui possède une bonne partie des installations régionales», conclut-il.