Nikita, l’agence lilloise qui veut faire bouger les lignes

L’agence de communication lilloise Nikita prouve que les talents créatifs ne sont pas qu’à Paris ! Même si en région, on en est déjà persuadés, les clichés persistent. Avec une trentaine de salariés, Nikita bouscule les codes, impulsée par ses dirigeants, Valérie Doussinault et Richard Vanlerberghe.

Nikita, l’agence lilloise qui veut faire bouger les lignes

«On teste beaucoup de choses», avoue d’emblée Valérie Doussinault, directrice générale. Cela passe déjà par une modification des bureaux… tous les 18 mois ! «La façon de travailler a beaucoup changé, nos salariés aiment travailler ensemble mais aussi pouvoir s’isoler. Ce n’est pas du flexi-desk mais des espaces qui sont réarbitrés», poursuit-elle. C’est en 1991 qu’elle crée l’entreprise avec son associé, Richard Vanlerberghe. Depuis, Nikita a connu des évolutions propres au cycle d’une entreprise mais aussi au domaine de la communication, en plein bouleversement. D’agence print, Nikita est devenue un spécialiste de la marque, avec des prédilections pour les secteurs de l’habitat, de la décoration et de l’agroalimentaire. «En fait, j’aime dire que nous sommes une ‘agence vivante’. Cela correspond à la nouvelle génération, nous avons beaucoup de salariés qui sont des millenials1, ils apprennent tout le temps et nous aussi !» Il va sans dire que chez Nikita, le management est collaboratif et que les nombreux workshops internes libèrent les énergies créatrices.

Donner de l’emploi solide est une satisfaction pour le dirigeant“, Valérie Doussinault, directrice générale de l’agence Nikita.

Récompensée par le grand prix Stratégies du Brand Content 2018

L’agence Nikita, seule entreprise régionale à avoir été primée.

«Face à des entreprises parisiennes, nous revendiquons notre côté nordiste», affirme Valérie Doussinault. Les clients de l’agence témoignent de cet engagement : Heineken, McCain, Leroy Merlin, Zodio, Essilor, Bonduelle, Lesaffre, mais aussi Cocorette ou encore Domaine Picard. Régionales, nationales, voire internationales, les entreprises clientes de l’agence plébiscitent ce côté décalé. «Il ne suffit pas de bien communiquer, il faut parler avec sincérité, notamment pour les industries agroalimentaires, confrontées aux consommateurs exigeants.» Cette approche bienveillante vient d’ailleurs d’être récompensée par l’obtention, en octobre 2018, d’un trophée national. Organisé en partenariat avec l’entreprise Ligatus et l’UDA (Union des annonceurs), ce concours vise à valoriser le meilleur de la création de contenu et d’expérience de marque, en mettant en avant les plus belles opérations conçues ces douze derniers mois. Seule agence de province à être récompensée, Nikita a remporté le prix Or pour son action «Poule-Emploi”, menée avec l’entreprise arrageoise Cocorette. Déjà connue pour ses campagnes de communication plutôt décalées – «La campagne la plus ennuyeuse du monde» ou encore «Cocolanta» –, Cocorette a encore voulu frapper fort, tout en répondant à une véritable problématique de recrutement. La plateforme en ligne poule-emploi.com rapproche donc le monde de l’agriculture des personnes en quête d’une réorientation professionnelle, via des «coco-tests» pour déterminer leur aptitude à la vie de néo-paysan. «Plus de 500 personnes sont déjà entrées dans le programme», se félicite Valérie Doussinault. Et 12 000 visiteurs uniques ont découvert la plateforme en à peine trois mois. Malgré l’ère du tout-numérique, Nikita travaille toujours sur le print, son métier d’origine. Elle réalise notamment des “magalogues” (mix de magasins et de catalogues) ou des publi-promotionnels. «Non, les gens ne lisent pas moins, mais ils lisent différemment. Nous devons donc attacher une grande importance à la rédaction. Le print n’est pas du tout mort ! Ce qui est compliqué pour les entreprises, c’est l’arbitrage et savoir sur quoi elles investissent.»

Collaborateurs et
citoyens en quête de sens

«La communication a complètement changé. Il y a des notions clés comme les valeurs, la mission de l’entreprise, la recherche de sens. Les entreprises réfléchissent à ce qu’elles apportent au monde, aux citoyens, mais aussi à leurs collaborateurs.» Une vision qui passe bien évidemment par les réseaux sociaux et la construction d’une communauté propre à la marque, des métiers avec lesquels Nikita a dû apprendre à évoluer. «On parle de ‘snack content’. Ces profils qui filment et imaginent du contenu créatif sont dans l’immédiateté, le rebond et la quête de sens. Ce nouveau type de collaborateur change le métier de chef d’entreprise parce que nous devons nous remettre en question. Je trouve cette génération fantastique car elle est très engagée. A nous de trouver les liens d’engagement.» Si l’agence Nikita attire beaucoup – Valérie Doussinault se félicite que des Parisiens quittent la Capitale pour rejoindre Lille ! –, elle est perpétuellement en quête de nouveaux profils. Fin 2018, l’agence a recruté cinq personnes, mais peine à trouver des experts formés en réseaux sociaux. Avec un chiffre d’affaires prévisionnel de 3,6 millions d’euros, l’agence lilloise fait de ses valeurs humaines – la passion, la franchise et la bienveillance – des leviers de croissance pour demain.

1. Les jeunes nés entre 1983 et 2001.