Newmat : le design à la française

L'hôtel Cheval Blanc à Courchevel, la Bourse du commerce de la Fondation Pinault à Paris, des enseignes du groupe LVMH ou des magasins Apple... Autant de signatures de renom qui font de Newmat une référence sur ce marché de niche : les plafonds et murs tendus. La PME nordiste d'une cinquantaine de salariés réalise près de 70% de son chiffre d'affaires à l'export.

Newmat : le design à la française

Elle en a parcouru du chemin depuis sa naissance en 1986. Si, à sa création par Marc Fontaine et deux associés, des bâches militaires faisaient office de matières premières, l’entreprise évolue depuis à coup de techniques dernier cri et d’innovations design. Du concept à la réalisation, Newmat fonctionne avec un important réseau d’installateurs et exporte ses produits dans 80 pays. Vianney Mercherz en a pris la direction générale il y a trois ans, après en avoir été le directeur administratif et financier, puis le secrétaire général. Un beau défi que le jeune dirigeant relève aujourd’hui en restant expert sur ce marché de niche : “Aujourd’hui, nous misons beaucoup sur la qualité acoustique, les solutions lumineuses, durables et design, mais aussi sur les différents matériaux. Nos toiles tendues sont en PVC chauffé ; grâce à la mémoire du film, cela leur donne un aspect parfait.” Et c’est cet aspect que privilégient les enseignes, notamment celles du luxe, à l’heure où l’expérience client est devenue indispensable à tout lieu.

Newmat a également déjà équipé 430 magasins Apple dans le monde. “Nous réalisons 70% de notre chiffre d’affaires à l’export mais tout est fabriqué à Noyelles-les-Seclin. Nous voulons garder la main sur notre production car la toile tendue est très méticuleuse à travailler“, détaille le directeur général. L’entreprise, auparavant installée à Haubourdin, a quitté en novembre dernier une ancienne usine pour un lieu deux fois plus grand, avec doublement du parc de machines et installation de deux ateliers : l’un en métallurgie et l’autre pour les plafonds tendus. “Nous créons des structures pour les projets en 3D et des cadres en aluminium pour les lumières.” Un savoir-faire rare et reconnu qui a amené l’entreprise à obtenir le label French Fab.

Vianney Mercherz a repris Newmat il y a 3 ans, alors qu’il avait 30 ans.

Faire connaître l’expertise française

Plus connu à l’étranger, le marché des plafonds et murs tendus séduit hors des frontières, notamment au Moyen-Orient et aux Emirats arabes unis, très friands de ces innovations design. Vianney Mercherz a d’ailleurs fait partie d’une délégation de chefs d’entreprise qui a accompagné Jean-Yves Le Drian à travers le monde, pour représenter l’économie française au Liban ou encore en Israël. Une belle expérience personnelle, mais aussi une vitrine inestimable pour Newmat : “Plus on est visible, plus notre savoir-faire est connu. Cela nous permet aussi de réfléchir sur les manières de faire de l’export“, ajoute le directeur général, qui glisse même avoir trouvé son dernier distributeur en Afrique du Sud grâce à ces contacts noués lors de la délégation. Il est d’ailleurs en train de monter un groupe de travail au sein du World Trade Center de Lille, pour promouvoir l’industrie française à l’export.

S’il se garde de donner son chiffre d’affaires – “le secteur est très concurrentiel” –, Vianney Mercherz affirme que son entreprise est en croissance sur l’ensemble de ses marchés. “En France, nous travaillons avec un réseau d’artisans et de plaquistes ; nous sommes aussi très présents en Hauts-de-France. Pour accentuer notre présence sur le territoire national, nous avons racheté l’entreprise Luxtend (Reims) en novembre dernier“, poursuit-il. La PME était également engagée dans Lille Capitale mondiale du design pour la création du plafond de l’une des salles de réception de l’événement, mais pour l’instant, le projet est au point mort, en attendant la sortie de la crise.

C’est à la PME régionale que l’on doit une partie de l’aménagement du restaurant The Wright, au musée Guggenheim à New York.

Ne pas se reposer sur ses lauriers

Avec un marché B to B à 70% de son activité, Newmat mise sur l’exigence et l’évolutivité des produits. “Nous nous devons d’avoir un service après-vente à la hauteur des exigences de nos clients. Notre PME a 30 ans, mais nous améliorons sans cesse notre savoir-faire. Les structures d’accueil du public évoluent : on mise aujourd’hui beaucoup sur la connectivité, la qualité du son…“, ajoute le directeur général. Détentrice de plus de 20 brevets, la PME a aussi été récompensée par l’INPI pour son inventivité, qu’elle met aussi à disposition d’une clientèle de particuliers. En lien direct avec les architectes, Newmat dispense également son diplôme de maître poseur, indispensable aux distributeurs de la marque et garant de la qualité des produits. Sans limite de taille, les toiles tendues peuvent aussi être en différentes textures, à l’image du daim, du plafond imprimé ou des toiles miroirs – ces dernières ont été utilisées dans la confection du plafond de l’hôtel Cheval Blanc à Courchevel.

Newmat réalise aussi des aménagements pour bureaux.


Les machines continuent de tourner !

Newmat s’exporte jusqu’en Chine : ici la Bank of China.

Sur la crise du Covid-19, nous nous y sommes pris en amont. Nous étions déjà prêts. Tout le personnel commercial, hormis deux personnes qui restent en support de production, sont en télétravail. Côté production, nous avons réorganisé le service pour que chaque salarié soit seul sur son poste de travail. Certes, la production va diminuer, mais les machines continuent de tourner et nous honorons les commandes. Les stocks ont été refaits rapidement, ce qui nous permet de tenir. Bien entendu, cela dépend de la durée de la crise, et nous réfléchissons à d’autres solutions d’approvisionnement. Nous avons aussi déjà fait appel aux différents dispositifs comme le chômage partiel ou le report de charges. Quand ça redémarrera, notre croissance repartira de plus belle. Selon moi, c’est important que le dirigeant ne soit pas défaitiste. Il se doit de ne pas laisser ses salariés et de se préparer à l’après.