Neurocop : l'intelligence artificielle pour mieux sécuriser les villes
Et si l'intelligence artificielle permettait aux forces de police et de gendarmerie d'être plus efficaces en matière de vidéosurveillance ? Grâce à une solution logicielle et matérielle, Neurocop effectue ce travail d'observation fastidieux pour en extraire les éléments les plus probants.
La création de l'entreprise lilloise Neuronalys vient d'un constat de terrain : DSI (directeur des services d'information) de la Ville de Loos pendant sept ans, Romain Jacquet a directement dû faire face à la mauvaise exploitation des images de caméras de vidéosurveillance placées en ville. «En construisant le système de vidéoprotection à Loos, je me suis rendu compte que les policiers étaient trop peu nombreux face aux multiples caméras et que leurs missions étaient aussi ailleurs. Les élus investissent beaucoup d'argent dans la vidéosurveillance mais, au final, l'outil n'est pas assez exploité faute de moyens humains», constate-t-il. Et de poursuivre : «Si on prend l'exemple d'une ville qui dispose de 60 caméras et qu'on souhaite en visionner seulement 1 heure, c'est trois jours complets de visionnages. Plus il y a de caméras, plus c'est complexe.»<
Avec
ses deux associés, Fabien Gavory et Fabien Antoni, il imagine
Neurocop, une solution dédiée à la safe et à la smart city.
L'idée ? Utiliser l'intelligence artificielle pour fournir aux
forces de police ou de gendarmerie un moteur de recherche affiné
afin d'extraire les bonnes images lors d'un délit. Reconnaître un
véhicule par marque ou modèle, des plaques d'immatriculation, des
personnes par genre ou couleurs de vêtements... en réduisant la
recherche à des éléments précis, les forces de police peuvent
gagner un temps considérable pour se concentrer sur l'essentiel.
Une
analyse rapide en temps réel
«La solution Neurocop est
matérielle et logicielle : c'est une machine de calcul, raccordée
au VMS (video management system) existant, c'est un peu comme un
'Google de la vidéosurveillance'.»
Une
interface web, complétée de langages performants permet d'indexer
tout ce qui se passe et d'effectuer le travail fastidieux
d'observation à la place de la police, pour pouvoir ensuite
restituer des séquences précises... «Neurocop
ne permet pas d'extraire d'images, qui peuvent uniquement être
réquisitionnées via le VMS, dans un cadre légal et réglementaire», précise Romain Jacquet. La souveraineté des données est garantie
puisque non stockées sur le cloud.
Car
même si l'ombre de Big Brother plane en ville, les faits sont là :
les collectivités s'équipent de plus en plus en outils de
vidéosurveillance, bien souvent sur la demande des habitants.
Seulement, la technologie ne suffit pas. Derrière, il faut des
algorithmes les plus efficaces possibles.
Levée
de fonds d'1,5 million d'euros
Neuronalys
a déjà installé sa solution Neurocop dans une quinzaine de
collectivités – entre 2 000 et 100 000 habitants – du territoire
national. La PME de six salariés mise beaucoup sur l'export, avec un
objectif de la moitié de l'activité à horizon 2024, pour un
chiffre d'affaires de 3 M€. Si Romain Jacquet mise autant sur
l'international, c'est que le marché mondial de la vidéosurveillance
est colossal : 50 milliards d'euros – dont 63% sur la Chine et les
Etats-Unis – ; rien que la partie logiciel représente 10
milliards d'euros.
«La
France ne représente que 2% du marché. Nous sommes le pays avec le
cadre réglementaire le plus rigide au monde, c'est un marché
extrêmement exigeant. Il n'y a pour l'instant aucun leader en France
et en Europe sur notre secteur d'activité», poursuit le
dirigeant qui vise notamment l'Amérique et l'Afrique du Sud,
l'Europe via ses partenaires ainsi que l'Asie hors Chine.
Il
pourrait aussi étendre l'expertise au domaine de l'industrie –
pour détecter par exemple des travailleurs en danger – ainsi que
la télésurveillance dans le secteur privé. Si Neuronalys compte
actuellement six salariés, l'objectif est d'atteindre les 40
collaborateurs d'ici quatre ans, notamment grâce à une levée de
fonds d'1,5 million d'euros d'ici la fin de l'année.
Dans les starting-blocks pour Paris 2024
Romain Jacquet est impatient et il y a
de quoi : d'ici quelques jours, il va (enfin) savoir si sa PME est
retenue pour expérimenter durant un an les dispositifs de
vidéosurveillance en prévision des JO de 2024. Seize entreprises
françaises et étrangères ont postulé à cet appel d'offres lancé
en juin : trois seront choisies pour cette phase d'expérimentation.
Neuronalys est l'unique représentante des Hauts-de-France.
Il s'agira de proposer des solutions d'analyses d'images afin de détecter des incidents. Face à de nombreux concurrents nationaux, Neuronalys y voit une opportunité énorme de visibilité. Affaire à suivre...