ne profite pas à l’emploi
Les entreprises étrangères sont prêtes à investir en France mais pas à embaucher ! Une bonne reprise des investissements étrangers en 2014, mais sans emploi à la clé : tel est le paradoxe présenté par le baromètre annuel réalisé et publié récemment par le cabinet EY d’audit et de conseil britannique.
L’attractivité de la France auprès des investisseurs internationaux a affiché des résultats probants et encourageants en 2014. Avec 608 décisions d’investissements étrangers, l’an dernier, soit une augmentation de 18 % par rapport à 2013, la France se classe au troisième rang au niveau européen en matière d’attractivité des capitaux étrangers, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui restent les deux leaders en Europe. «La France profte de la reprise des investissements étrangers en Europe et dépasse la performance de ses voisins et concurrents», souligne Marc Lhermitte, associé chez EY et auteur de l’étude. Depuis quinze ans, la France reste leader sur le Vieux Continent en matière de projets d’investissements étrangers dans des sites industriels avec 231 projets, suivie du Royaume-Uni (164 projets), puis de l’Allemagne (131 projets). «Ce résultat est le reflet de la force de la chaîne logistique en France, de son rôle de plateforme au cœur de l’Europe.».
Des emplois qui se font toujours attendre
Malgré cette augmentation du nombre d’investissements directs étrangers (IDE), l’Hexagone reste toujours dans une situation économique chancelante. La création d’emplois liée à ces mêmes investissements a diminué de 11 %, avec seulement 12 577 emplois créés l’an dernier, contre 14 122 un an plus tôt, soit 2,5 fois moins d’emplois créés qu’au Royaume-Uni. «La France reste, de par sa position de seconde économie européenne, un pays incontournable. Mais c’est un pays dans lequel les investisseurs étrangers étendent surtout leurs capacités existantes. Ils restent très prudents sur le pays. Il y a eu une première réponse dans l’intérim, mais du fait d’un manque de flexibilité du marché du travail, il n’y a pas eu de montée en charge dans la création d’emplois en France». Ainsi, les entreprises à capitaux étrangers préfèrent souvent miser sur d’autres pays jugés moins coûteux et moins compliqués juridiquement. Dans l’industrie, un projet d’unité de production en France n’a produit, en moyenne, que 25 emplois en 2014 (29 en 2013), contre 39 en Allemagne et 71 au Royaume-Uni. Pour l’an dernier, EY a repéré en Europe 75 très grands projets internationaux, susceptibles de créer chacun plus de 500 emplois. Un seul concernait la France, l’extension de l’usine nordiste Toyota de Valenciennes.
Une France innovante mais…
En parallèle de ce diagnostic économique, le cabinet EY a aussi procédé à un sondage auprès de plus de 200 dirigeants d’entreprises concernant leur appréciation de la France( 1) . Le principal atout reconnu est notre capacité d’innovation pour 42 % des PDG sondés. Le directeur général de Google France, interrogé par EY, loue ainsi la «démonstration de force» réalisée auprès des investisseurs internationaux par les 160 entreprises françaises du numérique présentes au dernier CES 2015 à Las Vegas, le plus grand salon d’électronique au monde. Dans ce sens, 80 % des investisseurs étrangers qui sont déjà implantés dans l’Hexagone se disent satisfaits. En revanche, seuls 45 % de ceux qui n’ont pas investi en France voient le pays positivement. En effet, l’attractivité de la France au cours des cinq à sept dernières années a perdu de sa superbe auprès des économies émergentes. À titre d’exemple, les investisseurs chinois sont passés de 6 à 14, puis 17, ces trois dernières années, contre 46, 68 et 79 en Allemagne. Pour les dirigeants, trois mesures d’urgence doivent être prises par les autorités françaises afin de devenir un pôle majeur d’attractivité au niveau mondial : l’allégement du coût du travail, l’assouplissement de l’environnement administratif et juridique des entreprises, et la diminution de la fiscalité sur les entreprises. «Nous constatons une envie de France conséquente. Mais la lenteur importante de la réforme sur la compétitivité avec le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi), puis le pacte de responsabilité ont brouillé l’envie des investisseurs internationaux.» (1) Enquête de l’institut CSA réalisée par téléphone du 16 au 30 janvier 2015 auprès de 206 dirigeants d’entreprises dans 25 pays.