muto, ou quand événementiel rime avec réemploi
L'entreprise francilienne vient de lancer son antenne dans la région. Sa mission : proposer aux entreprises de donner une seconde vie à leurs stands éphémères et autres décors, au bénéfice d'associations. Rencontre avec Émilien Fromentin, responsable Hauts-de-France de muto Event.

Défilés de mode, conventions, cocktails, salons… L'événementiel génère plus de 100 000 tonnes de déchets par an en France*. Bien souvent, les matériaux (mobilier, bâches, textile, etc.) utilisés pour ces installations éphémères partent, en effet, à la benne. C'est ce qui a décidé Vincent Raimbault, lui-même ancien du secteur, à fonder muto Event.
Un service clé en main inédit consistant à proposer aux entreprises de récupérer leurs scénographies pour leur éviter d'être jetées. Et ce en quatre étapes : l’inventaire, le démontage, le don à des associations et, enfin, le bilan de l’opération. Les bénéficiaires les transforment (ou pas) pour leur propre utilisation : scénographie, jardins partagés, et même textile, à l'instar de La Collecterie de Montreuil, qui dispose d’un atelier en insertion et de boutiques pour vendre ses sacs, trousses et autres accessoires fabriqués grâce à des matériaux upcyclés issus d'événements; bâches, rideaux, sangles, etc.
muto va, depuis novembre, encore plus loin, proposant simu, sa propre gamme de mobilier «reconditionné» issu de bois de réemploi et conçu par un menuisier en interne. Les meubles sont ensuite proposés à la location événementielle.
L'entreprise francilienne de deux ans et demi - 13 salariés et deux entrepôts (à Gennevilliers et désormais Plaisir) -, voit son agenda 2025 déjà bien rempli. Si bien qu'elle a essaimé à l'automne dans les Hauts-de-France, sous la houlette d'Émilien Fromentin. Elle compte déjà dans son portefeuille clients des géants comme GL events et a su trouver sa place lors des Jeux olympiques de Paris, sur une dizaine de sites.
«Roubaix est pionnière dans l'économie circulaire»
«Le Nord est très réputé pour son dynamisme dans le domaine de l'économie circulaire. Et Roubaix en a réellement été la pionnière», estime-t-il au milieu d'une équipe qui s'affaire aujourd'hui les locaux roubaisiens de GRDF, en plein déménagement. Une fois n'est pas coutume ; nous ne sommes pas ici dans l'événementiel. Mais le distributeur de gaz est désormais un client régulier, qui a par exemple collaboré avec la start-up pour son stand lors des dernières Assises européennes de la transition énergétique à Dunkerque.

Autre collaboration muto-GRDF : «Une association bénéficiaire va transformer des toiles PLV en furoshiki (une technique japonaise de pliage de tissu utilisée pour emballer des cadeaux, ndlr) que GRDF va acheter pour les cadeaux que le groupe compte offrir à ses collaborateurs. Un bel exemple de boucle rebouclée en économie circulaire !», se réjouit Émilien Fromentin.
Bureaux, chaises, lampes et autres portants du site de Roubaix partiront quant à eux vers un foyer pour mineurs (pour équiper notamment les chambres des enfants) et le tiers-lieu Tissel. Le reste sera brièvement stocké à l'aide du partenaire de muto, la société tourquennoise DMultiple, avant de trouver preneurs via la matériauthèque de la jeune société, disponible en ligne pour les associations sélectionnées au préalable. Une sélection d'ores et déjà accessible à 200 organismes de la région, sélectionnés sur des critères d'engagements sociétaux et environnementaux stricts.
«muto m'ouvre l'esprit»
Pour le client, les atouts du spécialiste du réemploi sont nombreux, témoigne Clotilde Champetier, cheffe de groupe Immobilier chez GRDF, présente sur place pour les opérations roubaisiennes. Car au-delà de l'inventaire et du démontage de son événement, elle sera informée de la seconde vie des matériaux qu'elle a donnés. «L’occasion de montrer son engagement concret à travers une véritable histoire de réemploi», explique Émilien Fromentin. Sa cliente pourra ainsi partager son action avec ses collaborateurs et en communication externe.
Pour cette dernière, en plus d'un «gain de temps incroyable», la prestation «s'ancre dans le projet global de GRDF, qu'est la décarbonation». «On arrête de jeter», s'enthousiasme celle qui a choisi l'entreprise à mission pour un partenariat pérenne à l'échelle régionale. D'un point de vue plus personnel, Clotilde Champetier se dit «très engagée sur le réemploi»... «muto m'ouvre l'esprit», confiera-t-elle.
Bref, muto - du latin mutare : mouvoir, déplacer -, porte bien son nom tant elle est prête à déplacer des montagnes pour favoriser l'économie circulaire en donnant une seconde vie bien utile à des objets qui ne paient pas de mine... mais se trouvent être des mines d'or.

*Source : Union française des métiers de l'événement (Unimev).
Zoom sur muto
- Fondation en 2022 à Gennevilliers (92)
- 13 salariés
- 1 million d'euros de chiffre d'affaires
- Deux entrepôts, à Gennevilliers et Plaisir (78)
- Une antenne en Hauts-de-France et trois partenaires : Altereos, DMultiple et VitamineT
- Des centaines d'associations bénéficiaires
- Une gamme de mobilier upcyclé en interne, baptisée Simu
