«Mon compte formation» monte en puissance
Avec 600 000 téléchargements, l'application publique «mon compte formation» commence à trouver son public. Facile d'utilisation, elle n'est pour autant pas forcément adaptée à toutes les démarches. Et elle suscite un véritable remue-ménage dans le secteur de la formation professionnelle.
Quelque 600 000 téléchargements et 32 000 formations validées : tel est le bilan de l’application «moncompteformation», un mois après son lancement, le 21 novembre dernier, d’après le ministère du Travail. En tête des formations les plus demandées, figurent les bilans de compétences, les langues vivantes, ou encore le permis B… Disponible en version Internet et mobile, l’application a pour ambition de donner à chacun un accès gratuit, direct et personnalisé à quelque 40 000 formations différentes. Ces dernières émanent d’organismes agréés, préparant à un titre professionnel ou à un diplôme. Leur tarif moyen tourne autour de 1 400 euros. En tout, près de 30 millions de salariés, demandeurs d’emplois, indépendants, professionnels libéraux et conjoints collaborateurs sont concernés par ce service.
Concrètement, l’utilisation de l’application s’avère d’une grande simplicité. Une fois inscrit en renseignant son numéro de sécurité sociale, l’internaute voit immédiatement le montant de ses droits (en euros) s’afficher. Il peut ensuite indiquer le métier ou la compétence qu’il aspire à acquérir, un lieu, le format de formation souhaité (présentiel ou non). Une liste de ces possibilités de formation s’affiche alors. La mise en relation avec l’organisme concerné qui a, selon la plateforme, 48 heures pour répondre, se fait ensuite, directement.
Lumière crue sur les tarifs de la formation professionnelle
Au-delà de cette simplicité d’utilisation, beaucoup reste à évaluer sur cette nouvelle application. À commencer par le recours effectif et l’efficacité des «CEP» (Conseils en évolution professionnelle) supposés accompagner gratuitement les internautes qui le souhaitent dans leur démarche.
Autre évolution à surveiller, notée par le quotidien économique Les Échos du 8 janvier dernier : la réforme a considérablement «secoué» le marché de la formation professionnelle. Ce dernier, «très atomisé», avec 75 000 prestataires, avait été pointé par la Cour des Comptes en 2017, pour des fraudes financières chez certains organismes. La nouvelle application du gouvernement a notamment pour effet de rendre visibles les tarifs. Des écarts de prix pouvant aller du simple au triple sont ainsi apparus au grand jour, ce qui devrait pousser à une baisse du prix moyen des formations.
L’application «moncompteformation» a été réalisée dans le cadre global de la réforme professionnelle du gouvernement, votée en 2018 (loi «Avenir professionnel») et mise en œuvre en 2019, et plus précisément, de celle du CPF, Compte Personnel de Formation. À présent, ce dernier est rattaché à la personne et ses droits sont exprimés en euros, et non plus en heures. Son alimentation se fait au mois d’avril, à hauteur de 500 euros par année de travail (800 euros en l’absence de qualification), dans la limite d’un plafond de 5 000 euros. Pour le gouvernement, le projet vise à armer les individus face aux enjeux du marché du travail, marqué par une évolution forte des métiers et une corrélation entre chômage et manque de qualifications.