Mister bio-sourcing du jean

Mister bio-sourcing du jean

Un jean 100 % made in France confectionné en lin avec une logique de circuit court et une conscience environnementale affichée ! C’est la belle et nouvelle trouvaille du Nancéien Davy Dao, concepteur et confectionneur de jeans avec sa société et marque éponyme rue Saint-Nicolas à Nancy. Une approche nouvelle dans la mode où le jeune créateur affiche une véritable approche bio-sourcing loin de surfer sur la vague écolo-bobo. Un aboutissement ? Juste le cheminement d’un parcours de vie professionnelle et personnelle. Itinéraire d’un créateur avec lequel le terme éthique prend tout son sens.

 Il s’affaire avec un de ses collaborateurs à remplacer une courroie usagée sur une de ses robustes machines à coudre ! À l’ancienne au bon vieux burin pour que l’axe central de la machine se dégage. Cela doit lui rappeler ses premiers pas dans l’aventure entrepreneuriale il y a quelques années quand il s’installe, seul à l’époque, du côté de la rue Phalsbourg dans un petit atelier pour confectionner sa marque de jean made in Nancy. C’était en 2012-2013 (plusieurs articles de presse de l’époque sont d’ailleurs bien présents et mis en évidence dans sa boutique). Le temps a passé, la marque Davy Dao (du nom de son créateur) s’est fait une place (et pas seulement nancéienne) et a pignon sur rue du côté de la rue Saint-Nicolas à Nancy. Des jeans naturellement mais pas n’importe lesquels surtout le dernier né : le DenimLin. «C’est un jean 100 % français fabriqué à partir de lin. Dans ces modèles, nous n’utilisons plus de coton mais du lin. Avec 60 % de la production mondiale, la France est le premier producteur de cette plante. Nous avons tout pour faire dans l’Hexagone. En plus cette plante ne pollue pas les sols et sa culture ne nécessite pas, à la différence du coton, un apport en eau important. Il n’y a pas besoin d’irrigation, l’eau de pluie suffit. La grande majorité des cultures se situent entre Caen et Dunkerque.»

Bousculer les codes

Reste que la matière est capricieuse car souvent instable après lavage, Davy Dao s’allie avec le fabricant vosgien de textiles Valrupt Industries. Deux ans de recherche et développement auront été nécessaires pour arriver «à maîtriser le lin et aboutir à cette nouvelle matière qui nous permet aujourd’hui d’avoir sur le marché un jean 100 % français et quasiment biosourcé.» L’affaire prend auprès des consommateurs, il lance une campagne de financement participatif où «l’on a littéralement explosé avec 100 000 euros de précommandes.» Plus qu’une simple tendance ou d’un mouvement écolo-bobo, l’approche de Davy Dao bouscule les codes de la mode. «La notion de bio-sourcing est plus souvent utilisé dans l’univers du bâtiment ou de l’agroalimentaire. Dans la mode quand on parle de vêtements à tendance écologique il y a souvent l’impression que cela ne doit pas être forcément esthétique. C’est totalement faux !» Son DenimLin semble le prouver. Tout comme le reste de ses collections, il continue à faire des jeans en coton, «mon objectif n’est pas d’opposer les matières entre elles mais d’offrir des alternatives.» Alternatives ! Le terme est lancé et cela semble être le fil rouge de l’existence de Davy Dao. «À 14 ans, je me suis acheté un jean, trop large pour moi. Je l’ai personnalisé et c’est de là que tout a commencé.» L’ado est devenu grand mais la fibre de l’alternative n’a cessé de grandir. Le déclic entrepreneurial, il l’a, «après mon retour d’un voyage au Vietnam où j’ai vu tout ce que je ne voulais pas en termes de confection, d’exploitation de la nature et des gens.» Éthique le styliste créateur ! «Avec mes équipes et mes partenaires, nous sommes en train de travailler sur une nouvelle alternative, une nouvelle matière. Il faudra encore bien deux ans de développement. Si l’on y parvient, nous serons les premiers surpris.» Davy Dao n’a pas fini de surprendre… et c’est tant mieux !