Meurtre de Célya: dans son village, l'"inimaginable" s'est produit
Deux chèvres, des poules et une végétation luxuriante: devant la maison de la famille de Célya, 6 ans, enlevée par le compagnon de sa mère et retrouvée morte dans la nuit de vendredi à samedi en...
Deux chèvres, des poules et une végétation luxuriante: devant la maison de la famille de Célya, 6 ans, enlevée par le compagnon de sa mère et retrouvée morte dans la nuit de vendredi à samedi en Seine-Maritime, seuls détonnent les scellés de police.
Aux Héberts, petit hameau de la commune de Saint-Martin-de-l'If, la longère normande où vivait Célya avec sa mère et son compagnon ne se différencie pas à première vue de celles de leurs voisins.
Il faut s'approcher de la petite maison aux volets bleus ciels pour apercevoir la façade mal entretenue, la boîte aux lettres enfouie dans le lierre, le portail rafistolé et l'herbe folle dans le jardin, quand les pelouses avoisinantes sont rasées de près.
Célya y "semblait heureuse", raconte son voisin le plus proche, Jean-Pierre Demarest, encore sous le choc après avoir appris la nouvelle du meurtre de la petite fille.
"Pas plus tard que mardi, la petite faisait du vélo, on l'a saluée, elle souriait", se souvient, bouleversée, sa compagne. "Elle nourrissait les chèvres, les poules."
La mère de la petite fille s'était mise en couple avec son nouveau compagnon "il y a deux ans environ". Ce dernier était "souvent (...) assis près du portail, dans le jardin, il buvait du café, il nous saluait. Des gens discrets, sans histoire", résume-t-elle.
"Il quittait parfois la maison à 03H00 du matin, on entendait la voiture" mais "jamais une dispute, nous on n'entendait rien."
C'était "la grand-mère qui s'occupait tous les jours de la petite, elle l'amenait à l'école, elle la ramenait."
"Je pense à elle qui aimait tant sa petite-fille", murmure-t-elle, la gorge nouée.
Nuit "compliquée
À l'autre bout de la commune, à Betteville, le chemin des Marroniers devient une impasse où "d'habitude, il ne se passe rien".
Vendredi soir, pourtant, en rentrant du travail, Benoît découvre une voiture de marque Volkswagen, une Golf stationnée au bout du chemin. "On s'est dit, c'est bizarre, parce qu'on ne voit pas grand-monde dans le quartier quand même."
"De fil en aiguille, on a vu l'alerte enlèvement, on a fait le rapprochement avec la Golf (véhicule décrit dans l'alerte diffusée) et on a appelé la police", raconte le quadragénaire, qui souhaite garder l'anonymat.
Les forces de l'ordre "sont venues en grosses équipes, il y avait beaucoup de monde dans la rue, et ça a été comme ça toute la soirée. C'était assez impressionnant."
"On a un enfant de deux ans et ma femme accouche dans deux semaines. On ne connaissait pas la petite (Célya), mais ça nous affecte beaucoup", confie-t-il. "La nuit a été compliquée."
En face, les époux Gervais sont revenus vendredi soir d'un périple de 2.700 km en caravane.
"La route du retour, on l'a faite d'une traite, mais on aurait mieux fait de rentrer un jour de plus vu ce qu'on a vu hier soir", lance à son mari Marie-Claude Gervais, retraitée de 69 ans.
"Vers 22H, on a vu des policiers arriver en tenue d'assaut. Ils devaient encore chercher" le meurtrier, retrace-t-elle.
"On espérait qu'elle soit encore en vie, pauvre gosse. On s'est dit, bon, peut-être qu'elle est restée dans la voiture", dit-elle. "Ah ça, on n'a pas bien dormi, c'est sûr."
Le matin, lorsque la retraitée apprend à la radio que l'homme en cavale a été retrouvé, elle éprouve du "soulagement". "J'avais peur qu'il se cache, peut-être dans notre jardin et nous prenne en otage."
"Que ça puisse se passer ici, c'est inimaginable."
363Y6CE