Mesurer l’impact des nouvelles technologies sur le travail

Organisée par la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), la 4ème conférence régionale du travail portait cette fois-ci sur l’impact des nouvelles technologies sur le travail.

Après l’exposé des différents experts, la conférence sur les TIC s’est achevée par une table ronde réunissant l’ensemble des partenaires sociaux.
Après l’exposé des différents experts, la conférence sur les TIC s’est achevée par une table ronde réunissant l’ensemble des partenaires sociaux.

 

Après l’exposé des différents experts, la conférence sur les TIC s’est achevée par une table ronde réunissant l’ensemble des partenaires sociaux.

Après l’exposé des différents experts, la conférence sur les TIC s’est achevée par une table ronde réunissant l’ensemble des partenaires sociaux.

Avec 97 % des entreprises connectées et 64 % des salariés utilisant quotidiennement un ordinateur, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont fait une entrée fracassante dans l’univers des entreprises. Celles-ci ont connu une très forte ascension depuis quinze ans avec le développement des réseaux, l’apparition des smartphones, tablettes et autres outils de connexion à distance.
Tout ceci a contribué à l’évolution des entreprises à travers une réorganisation du travail, entraîné un gain de productivité et facilité la communication. Pourtant, peu de personnes se sont souciées de la contrepartie à cette évolution. En effet, les TIC ne sont pas des outils comme les autres, ils sont intégrés à un système de management et en amplifient les effets, positifs ou négatifs. Aujourd’hui, plusieurs études ont démontré l’impact des nouvelles technologies sur la santé des salariés et le brouillage de plus en plus fréquent des frontières entre travail et vie privée.

Brouillage des frontières
Si l’arrivée de l’informatique et d’Internet a véritablement révolutionné le mode de fonctionnement des entreprises, l’intrusion du web 2.0 (évolution d’Internet vers plus de simplicité et d’interactivité : chacun peut maintenant échanger, contribuer sans avoir besoin de connaissances très poussées en informatique), de la messagerie, des smartphones, tablettes et autres réseaux sociaux a, quant à elle, complètement bouleversé les rapports hiérarchiques et salariaux.
Avec la possibilité de se connecter partout à l’aide de moyens mobiles (ordinateurs portables, tablettes) ou de consulter des courriers électroniques depuis n’importe quel ordinateur, le salarié est de plus en plus confronté au fait d’emmener son travail hors de son lieuprofessionnel. Les frontières et les repères temporels se retrouvent alors complètement brouillés.
Ce débordement des nouvelles technologies sur la vie privée des salariés est-il incontournable? Pour Jean-Emmanuel Ray, professeur de droit à Sciences-Po, les seules technologies ne sont pas responsables de tout : « Cette subordination est-elle vraiment imposée par l’employeur ? Ou fortement suggérée, vu les objectifs fixés ? Très souvent. Mais au-delà des workalcoholics ne pouvant plus quitter leurs doudous technologiques, il est des ingénieurs et autres chercheurs tout simplement passionnés par leur métier, par ailleurs parfaitement équilibrés. » Autre phénomène, l’omniprésence des contrôles. Certains salariés peuvent voir leur autonomie diminuer drastiquement. « La France compte 6 millions d’ouvriers et pour la majorité d’entre eux, évoquer la merveilleuse autonomie engendrée par les TIC constitue une provocation. Il en va de même des employés de certains centres d’appels et autres caissières pour lesquels l’informatisation a créé une subordination à la seconde près, avec un contrôle global, permanant, invisible, automatisé et qui repose sur une mémoire d’ordinateur », ajoute même Jean-Emmanuel Ray.

Impact sur la santé
Outre l’imbroglio générationnel, relationnel et juridique, les technologies de l’information et de la communication peuvent avoir un impact sur la santé, comme l’a expliqué Sophie Fantoni-Quinton, professeur de médecine à la faculté de Lille, au CHRU de Lille, et docteur en droit. Selon, elle, les TIC oscillent entre deux fonctions : ressources et contraintes. La mutation des organisations et l’augmentation de la charge mentale sont les principales sources de stress chez les salariés. Cette charge mentale, plus difficile à évaluer que la pénibilité, accroît la difficulté à mesurer l’impact des TIC sur la santé. L’intensification du travail, la surinformation et la saturation de communication, en grande partie dues à l’échange intempestif de courriers électroniques ou de données, sont autant de causes à certaines maladies chroniques dont le stress est le point de départ.