Menaces ou redéfinitions des pôles de compétitivité

L’audit relatif aux pôles de compétitivité lancé depuis 2005 a été rendu à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, le 30 juillet dernier. Très brièvement mis en ligne avant de disparaître du serveur, le document n’est “pas destiné à être publié” selon le service de presse du ministre. Les 71 pôles français ont donc fait l’objet de multiples visites de la part des spécialistes des cabinets BearingPoint, Erdyn et Technopolis ITD.

Une des machines conçues avec le soutien du pôle UP-tex.
Une des machines conçues avec le soutien du pôle UP-tex.

Le verdict est tombé mais les résultats ne sont que partiels. On ne peut donc que supputer. Le ministère du Redressement productif a d’abord fait marche arrière sur ce dossier. L’audit brièvement mis en ligne sur son site a été retiré pour “raisons techniques” avant que le service presse ne convienne que ce document n’était pas destiné à être publié… sans dire pourquoi. Le communiqué est d’ailleurs un modèle de pratique de la langue de bois : “Les 71 pôles de compétitivité ont fait l’objet d’évaluations individuelles définitives (…) dans le cadre de la deuxième phase de la politique des pôles de compétitivité. Les conclusions des évaluateurs sont globalement positives. Elles traduisent la montée en puissance et la professionnalisation des pôles.” Mais le gouvernement repousse à l’automne sa décision de dire ce que sera sa stratégie concernant les pôles.

Une des machines conçues avec le soutien du pôle UP-tex.

Une des machines conçues avec le soutien du pôle UP-tex.

Ces derniers ont été évalués et classés selon le critère de performance. Ainsi, 19 ont été jugés “très performants, dont i-Trans, pôle régional dédié au transport ferroviaire, vraisemblablement servi par sa vocation mondiale ; 16 sont jugés pudiquement “moins performants”, dont 4 pôles en Nord-Pas-de-Calais : UP-tex, Maud (utilisation de nouveaux matériaux), Industrie du commerce et Team2 (traitement des déchets). On a certes peu entendu parler des projets des deux derniers. Pour Maud, l’histoire se répète après la dernière évaluation où la question de sa survie était clairement posée. La déception vient en fait d’UPtex dont l’innovation textile a néanmoins commencé à porter ses fruits (cf. le supplément sur les pôles de compétitivité d’avril 2012). Les autres pôles sont simplement jugés “performants” et leur reconduction ne semble pas menacée.

Réorganisation des soutiens aux pôles. Pour cela, il faudra que le gouvernement s’entende avec les collectivités territoriales qui soutiennent déjà les projets des pôles. Alliés à des structures comme Oséo et/ou Finorpa, les acteurs régionaux ont favorablement accueilli la création des pôles… et les subsides qui les accompagnaient. Mais aujourd’hui, le contexte budgétaire gouvernemental fait craindre une négociation dont le critère sera très probablement les niveaux d’engagements respectifs. On doit s’attendre à ce que l’Etat choisisse de soutenir certains pôles et pas d’autres. Ceux à vocation mondiale resteront- ils les préférés de l’Etat tandis que le soutien aux autres incombera aux acteurs régionaux ? Les premières indications devraient intervenir à la rentrée. Les perspectives dépendront de deux autres dossiers importants : la Caisse des dépôts et consignations dont le rôle sera sûrement amplifié ; la création de la Banque publique d’investissement, futur bras armé financier des collectivités mais supervisé et soutenu par l’Etat…