Mélenchon et LFI toujours aussi esseulés et critiqués sur le Proche-Orient

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon étaient mardi toujours autant critiqués, même à gauche, pour leur position jugée trop ambiguë sur le conflit entre Israël et le Hamas, au lendemain des propos virulents du leader des...

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © JEFF PACHOUD
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © JEFF PACHOUD

La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon étaient mardi toujours autant critiqués, même à gauche, pour leur position jugée trop ambiguë sur le conflit entre Israël et le Hamas, au lendemain des propos virulents du leader des Insoumis sur la principale organisation juive de France.

Devant la presse, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, refusant tout mea culpa, a affirmé que son parti ne changerait pas "d'un iota" sa position et n'a pas souhaité directement qualifier le Hamas d'organisation "terroriste", à l'inverse des autres partis de gauche: "C'est la branche armée qui est aujourd'hui responsable de crimes de guerre", a-t-elle dit à la presse.

"Nous condamnons l'ensemble des crimes de guerre, qui visent à la terreur, donc on peut appeler ça terroriste", a-t-elle également déclaré.

Les débats houleux suscités par cette ligne pourraient-ils se muer en querelles intestines? Mardi soir, le député François Ruffin, tout en affirmant que "le soutien au gouvernement israélien ne doit pas être aveugle", a appelé à ne pas avoir de "pudeurs de gazelle". Le Hamas "est une organisation fanatique, terroriste", a-t-il affirmé au Monde, appelant son camp à "mettre des mots forts sur des actes horribles, sinon notre parole est discréditée" et "pas à la hauteur de la gravité des événements".

Cramponné à sa position officielle, LFI avait essuyé notamment des critiques virulentes du député PS de l'Essonne Jérôme Guedj, pourtant l'un des plus ardents défenseurs de l'alliance de gauche Nupes.

"LFI légitime le Hamas et ses modes d'action", a écrit celui qui fut longtemps très ami avec Jean-Luc Mélenchon, qualifiant cela de "dangereux" et "irresponsable". 

Première action concrète au niveau national, les députés socialistes ont indiqué suspendre leur participation à la préparation d'un contre-budget de la Nupes, en marge du budget 2024.

"Pour l'instant, on n'a pas envie de travailler" avec LFI, explique une source socialiste.

Signe de la tension qui règne actuellement autour du conflit, les élus Les Républicains et une partie de ceux du camp présidentiel ont quitté l'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une prise de parole de Mathilde Panot.

Des députés Renaissance lui ont par ailleurs demandé de retirer aux élus insoumis Aymeric Caron et Ersilia Soudais leurs responsabilités dans le groupe d'amitié France-Israël et celui d'études sur l'antisémitisme.

Position abjecte

Les différents partis de gauche s'étaient retrouvés mardi en début de journée à l'Assemblée pour leur réunion hebdomadaire commune. "Ce n'est pas l'intergroupe le plus simple qu'on ait eu depuis le début de la Nupes", a reconnu devant la presse la députée communiste Elsa Faucillon.

"On a essayé de se dire les choses, de comprendre pourquoi les polémiques ont trop pris le dessus pendant le week-end", a-t-elle expliqué.

Lundi soir, quelques heures à peine après un rassemblement parisien en solidarité avec Israël, auquel LFI n'a pas envoyé de délégation, Jean-Luc Mélenchon a relancé la polémique en accusant le Conseil représentatif des institutions juives de France d'"empêcher la solidarité des Français avec la volonté de paix". 

Réaction enflammée mardi du président du Crif Yonathan Arfi pour qui le chef des Insoumis est "un ennemi de la République" et sa position "abjecte".

Le leader de la gauche radicale de 72 ans avait déjà estimé mi-juillet que le président du Crif faisait partie de l'extrême droite après avoir été visé par ce dernier.

Explication claire

"Quand on a commis une faute politique, on la reconnaît plutôt que de chercher à discréditer tous les autres", a réagi le patron des socialistes Olivier Faure sur Public Sénat.

"Sur ce sujet à l'intérieur de la Nupes, LFI est minoritaire et divisée en son propre sein", a analysé la première secrétaire déléguée du PS Johanna Rolland, regrettant que M. Mélenchon "tape de plus en plus fort sur ses partenaires de gauche".

Olivier Faure a cependant refusé de suivre Elisabeth Borne qui avait dénoncé un antisémitisme "masqué" chez LFI. 

Et, tout en souhaitant "une explication claire", il ne veut pas entendre parler de la mort de la Nupes. Mais l'alliance doit "indéniablement fonctionner différemment", a reconnu le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud.

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