Maude in France : l’art et la matière version relocalisation

Savoir-faire, relocalisation et déconsommation ! Leitmotivs affichés de Maude in France additionné à un quasi-militantisme version écoresponsable. L’atelier de couture de Bouxières-aux-Dames, spécialisé dans le travail du cuir et des textiles made in France, est piloté par Maude Vanobberghen avec son acolyte Nadège Fuhrmann, deux artisanes créatrices engagées et engageantes.

Avec l’atelier Maude In France, Maude Vanobberghen, cogérante avec Nadège Fuhrmann, entend défendre les filières textiles locales.
Avec l’atelier Maude In France, Maude Vanobberghen, cogérante avec Nadège Fuhrmann, entend défendre les filières textiles locales.

Son doigt passe doucement sur la couture de la souple matière comme si elle était en parfaite osmose avec elle ! Le cuir, elle pourrait en parler indéfiniment, «j’ai une passion pour cette matière», tout comme le lin, le chanvre ou encore la laine son cheval de bataille affiché version défense d’une production locale. Dans son atelier de Bouxières-aux-Dames, Maude Vanobberghen évolue dans son univers de confection, de réparation, d’élaboration d’objets du quotidien à la sauce écoresponsable. À la petite trentaine, cette jeune mère de famille s’est lancée dans l’aventure entrepreneuriale avec son acolyte Nadège Fuhrmann. Le duo se connaît depuis plusieurs années pour avoir évolué dans la même entreprise de confection de chaussures orthopédiques. La nouvelle stratégie mise en place par leur entreprise employeuse ne s’inscrit plus réellement dans leurs valeurs et convictions. Les deux artisanes créatrices unissent leurs expériences et technicités complémentaires pour aboutir à la naissance de Maude in France en mars 2021. «Nous n’arrivions plus toutes les deux à trouver nos marques !» Avec plus de vingt ans comme ouvrière-piqueuse dans le domaine de la couture pour cuir, Nadège Fuhrmann entend vivre de sa passion avec une forte volonté de sensibilisation sur la réutilisation des consommables.


Sellier chez les Compagnons du Devoir

L’approche écologique fait également résonnance chez Maude Vanobberghen chez laquelle l’économie circulaire est loin d’être un simple concept. Belge d’origine, de Bruxelles, elle suit une école d’art appliqué histoire d’assouvir sa passion de la conception. C’est à l’occasion d’une journée porte ouverte chez les Compagnons du Devoir, qu’elle découvre le métier de sellier-garnisseur. «Je suis tombée sur un compagnon qui présentait son métier. Il m’a vendu du rêve.» Elle s’engage dans cette voie, obtient son CAP de sellerie générale. La passion pour le travail des matières souples ne la quittera plus. Piqueuse sur cuir, prototypiste en bagagerie, sellier garnisseur, patronnier, elle enchaîne les expériences professionnelles d’abord en Belgique puis chez les voisins ch’tis de Villeneuve-d’Ascq avant d’arriver en Lorraine (où elle rencontre son compagnon), Maude Vanobberghen assure «avoir toujours eu cet esprit d’entreprendre» en elle. Un passage par le CEP (Conseil en évolution professionnelle) à Laxou, elle se lance dans l’aventure entrepreneuriale avec Nadège Fuhrmann. Accompagnées par Alexis Grand Est à Maxéville, les deux femmes concentrent leur activité sur trois domaines principaux : la sous-traitance pour un fabricant de chaussures orthopédiques, une activité de sellerie générale (sièges en tous genres de motos, de véhicules, d’appareils de professionnels de santé) et comme véritable étendard, le travail de textile français. Laine, lin, chanvre, «il est nécessaire de soutenir ces filières locales encore occultées aujourd’hui.» Avec technicité et un certain talent, Maude in France valorise ses matières en objets du quotidien. «Nous faisons tout, sauf des vêtements.» La commercialisation se fait via leur portail web et leur e-boutique, une présence régulière sur les marchés locaux et dans des boutiques partenaires aux valeurs identiques sur Nancy. Des valeurs, une technicité et une belle vision du monde... à essaimer !

L’étendard du local

Laine, lin, chanvre, trois filières à soutenir pour Maude Vanobberghen. De son atelier sur les hauteurs de Bouxières-aux-Dames, l’artisane créatrice entend farouchement défendre les producteurs locaux de ces filières malmenées et en quête réelle de considération. Ses créations réalisées s’affichent quasiment comme un acte militant.