Marion Leporcq a «Des Rêves», faire renaître la faïencerie de Desvres

À Longfossé, Marion Leporcq fait revivre un savoir-faire qui avait disparu depuis une quinzaine d’années. Au sein de la faïencerie «Des Rêves», sont fabriqués de la vaisselle et des carreaux en faïence de Desvres. Reportage.

Marion Leporcq, fondatrice de la faïencerie «Des Rêves». © L.Péron
Marion Leporcq, fondatrice de la faïencerie «Des Rêves». © L.Péron

Dans les années 1800, la ville de Desvres était l’un des berceaux de la faïence. Nombreuses étaient les entreprises qui fabriquaient des carreaux et de la vaisselle, grâce à ce matériau. Seulement, avec l’industrialisation, ce savoir-faire s’est étiolé «En 2002, j’ai visité le musée de la céramiques de Desvres. J’ai appris qu’il ne restait plus que deux manufactures de faïence. La première fabriquant des sanitaires et la seconde des poêles. J’étais si triste d’apprendre que cette tradition se perdait», relate Marion Leporcq. Alors face à ce constat, la jeune femme a décidé d'enfiler sa casquette d’entrepreneuse.

Un savoir-faire retrouvé

Ainsi, en février 2023, elle a ouvert : «Des Rêves Faïencerie». Dans les locaux de l’entreprise, situés du Village des Métiers d’Art à Longfossé, Marion et sa salariée Céline produisent à la main de la vaisselle et des carreaux en faïence. «De la préparation de la pâte jusqu’à la décoration, je vous l’assure, nous faisons tout à la main !», lance la fondatrice de la société, qui pour apprendre les bonnes techniques et les bons gestes a fait le tour des cafés du Pas-de-Calais. «Cela faisait 15 ans qu’aucun carreau n’avait été fabriqué avec de la faïence de Desvres. J’ai fait le tour des cafés, afin de retrouver les anciens des manufactures, pour qu’ils puissent tout me transmettre», explique Marion Leporcq. Une technique qui a bien fonctionné.

Dans l’atelier, la production est à la main, rien n’est automatisé, pour faire renaître le savoir-faire. © L.Péron

Pour les particuliers comme les professionnels

Au bout d’un an, le catalogue de la faïencerie dispose déjà de 35 références en vaisselle et de 18 couleurs de carreaux. «Nous possédons un catalogue, mais nous réalisons aussi des projets sur mesure», précise Marion Leporcq. Via son site Internet, sur les marchés artisanaux ou directement à l’atelier, la fondatrice vend ses productions aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. «Il faut tout de même savoir que nos productions ont un coût puisqu’elles sont fabriquées à la main et en France. Ce que nous proposons, c’est du haut de gamme», témoigne l’entrepreneuse, qui a confectionné de la vaisselle pour le restaurant L’Îlot Vert à Boulogne-sur-Mer. Pour satisfaire ses clients et réduire les délais d’attente, l’entrepreneuse a toujours une dizaine de pièces d’avance, pour chaque référence. «Une faïence, c’est cinq semaines de confection», ajoute Marion Leporcq.

Pot à sucre, carafe, tasse… La faïencerie dispose d’une trentaine de références. © L.Péron

Export

Ces faïences, fabriquées à Desvres, prennent peu à peu le large. «Nous débutons l’export aux États-Unis. J’ai participé à l’exposition Arts de Vivre à la Française à New-York et il y a de l’engouement», confie Marion Leporcq. L’entrepreneuse intensifie sa communication dans le pays et trouve peu à peu les bons interlocuteurs pour ses productions. Elle espère obtenir des résultats d’ici 6 à 8 mois. «Nous ne délaissons pas la France, nous voulons remettre Desvres sur la carte des grandes faïenceries françaises», lance Marion Leporcq. Elle pourrait d’ailleurs envisager d’envoyer ses productions vers d’autres pays, si le marché des États-Unis croît. L’entrepreneuse veut étudier toutes les possibilités, pour atteindre son rêve : celui d’ouvrir une vraie manufacture, avec une dizaine d’employés.