Marina, une Franco-Russe qui défend le "made in France"

Marina, une Franco-Russe qui défend le "made in France"

Arrivée en France en 2002 avec ses deux enfants, Marina Rogozina est aujourd’hui à la tête de son entreprise, Rogofog, à Crépy, près de Laon. Une femme opiniâtre qui aime la France sans oublier son pays d’origine, la Russie.

Marina Rogozina accueille le public dans son atelier installé dans une ancienne gare du village de Crépy, à quelques kilomètres de Laon. Son bureau est installé derrière le grand guichet, là où se trouvait le bureau du chef de gare, voilà maintenant quelques décennies. Si Marina n’a pas le sifflet et la casquette du chef de gare, elle a toute la rigueur d’un chef d’entreprise. Elle doit gérer le technique, l’administratif et le commercial de cette petite entreprise familiale qui fabrique des pièces d’arts décoratives en laiton, bronze, inox, acier et cuivre, destinées à l’aménagement et à la décoration, allant de la pièce unique à la moyenne série.

« Il faut faire confiance à la vie »

Marina Rogozina, psychologue de profession, a quitté la Sibérie en 2002 et est arrivée en France en tant que demandeuse d’asile. « Je suis arrivée à Laon à 39 ans avec mes deux enfants de 17 ans et 7 ans et une valise. Je ne parlais pas un mot de français », se remémore la quinquagénaire qui ne préfère pas s’attarder sur les souvenirs liés au départ de son pays.

Marina arrive dans l’Aisne, inscrit ses enfants à l’école, achète un dictionnaire pour apprendre au plus vite la langue. Elle se rapproche d’organismes et associations caritatives qui la soutiennent. Elle obtient un contrat aidé en tant que psychologue dans une école à Laon. « En France, j’ai eu beaucoup de chance de trouver un travail qui me correspondait en ne sachant pas parler la langue correctement. J’ai fait connaissance d’une famille qui m’a protégée, soutenue et m’a ensuite proposée de me lancer dans l’entreprenariat et de devenir associée », explique Marina qui a gardé son petit accent slave. Elle ajoute : « Même si cela est parfois difficile, il faut faire confiance à la vie ! » En 2006, elle participe aux stages organisés par la Chambre des métiers où elle travaille la gestion. En 2007, elle crée son entreprise et achète des machines d’occasion. « Je suis une éternelle étudiante. Je suis bien structurée et je travaille étape par étape. J’ai eu cette opportunité et j’ai rencontré des gens fidèles », explique la chef d’entreprise qui travaille depuis plusieurs années avec l’entreprise axonnaise Godin.

Promouvoir le “made in France” Marina travaille avec le particulier, l’architecte d’intérieur, le sculpteur, en passant par l’industriel et le décorateur. La volonté de l’entreprise a toujours été de promouvoir une fabrication française de qualité, avec des pièces d’usinage en métaux nobles. De 2007 à 2013, la petite entreprise familiale ne connaît pas la crise. Son fils Anton rejoint sa maman à l’atelier. En 2015, Marina voit le chiffre d’affaires baisser et prend la décision de changer de stratégie. Elle se rapproche de la CCI de Picardie et de la Chambre des métiers, et elle se fait aider d’un accompagnement commercial. Poussée par les chambres consulaires, elle se lance dans une mission de prospection en Ukraine. Elle prospecte avec des fabricants de meubles en Ukraine qui apprécient beaucoup le “made in France”, mais les projets sont freinés suite à l‘embargo. Marina explique : « J’ai été ravie d’avoir pu participer à différents salons en Russie et d’y être retournée en tant que chef d’entreprise. » Une fierté, même si elle constate que les charges sont lourdes en France et qu’il est parfois compliqué de monter des dossiers. Mais elle compare avec la Russie où tout est encore bien plus difficile.

Marina aime la France et la région. « Ici, en Picardie, le climat me convient : il ne fait ni trop froid, ni trop chaud. Rien à voir avec les températures de Sibérie. En Russie, j’habitais dans une grande ville. Ici, je vis à la campagne, dans la maison du chef de gare. Je m’y sens bien. Je suis entourée de mes livres, je ne peux pas vivre sans. J’ai planté quelques pieds de tomates, et de courgettes », explique-t-elle en montrant son petit jardin où des jeux de plein air sont installés pour son petit-fils. Une chef d’entreprise franco-russe heureuse, entourée de ses enfants dans une région qui l’a accueillie, voilà 15 ans maintenant.