Catherine Paillard, maire de Lunéville
Lunéville, une ville moyenne, d’avenir
Troisième ville du département de
Meurthe-et-Moselle, après Nancy et Vandœuvre, Lunéville affiche sa
singularité de ville moyenne où il fait bon vivre. C’est du moins
l’ADN affiché de la stratégie développée par Catherine
Paillard, maire de la ville depuis 2020.
Entre campagne de pub
choc et continuité des travaux de rénovation et d’aménagement,
la cité cavalière poursuit sa quête d’attractivité.
Il y a deux ans, vous avez décidé de
lancer une campagne de communication, notamment
sur le
territoire de la Métropole du Grand Nancy, pour mettre en avant,
d’une façon décalée mais néanmoins percutante, les atouts de
cette ville moyenne qu’est Lunéville. Pourquoi cette initiative ?
J’en avais assez que les autres ne se rendent pas compte de ce que nous avons sur place. Je suis élue depuis 2008, d’abord comme 6e adjointe lors du premier mandat de Jacques Lamblin, puis 1re adjointe lors de son deuxième mandat et toujours en charge des travaux. En 2020, je me présente aux élections municipales et suis élue en mai. Pendant plus d’une dizaine d’années, nous avons travaillé à la transformation de la ville et j’ai décidé qu’il fallait le faire savoir.
Histoire de gommer l’image d’une ville sinistrée impactée par la fermeture d’usines dans les années 90 et auparavant à l’image de Boussac ou encore de Trailor ?
Les coups durs économiques, cela remonte aujourd’hui à de nombreuses années et tous les territoires ont été concernés. La fermeture de Boussac, c’était dans les années soixante-dix et Trailor cela fait vingt ans. Quand j’étais enfant, j’ai vu la ville plonger. Après avoir vécu vingt ans dans la cité, je suis partie pour mes études, puis pour ma vie professionnelle. Quand je suis revenue en 2004, j’ai vu que la ville avait changé et qu’un certain renouveau commençait à s’installer. J’habitais alors dans l’agglomération nancéienne et je mettais autant de temps pour me rendre depuis mon lieu d’habitation jusqu’à mon lieu de travail en centre-ville que pour faire Nancy-Lunéville. À Lunéville, j’ai trouvé l’appartement qui me correspondait et avec tous les services autour et une facilité de mobilité aussi bien par la desserte ferroviaire que par la route. Lunéville, avec aujourd’hui ses quelque 19 000 habitants, fait partie des villes moyennes. Tous les services sont présents, crèches, écoles maternelles et élémentaires, collèges, lycées, un tissu associatif d’une centaine d’associations, cinq zones d’activités commerciales aux alentours, un centre hospitalier, une clinique privée, trois résidences seniors. Une nouvelle offre de résidences pour les personnes âgées sera d’ailleurs disponible à partir du printemps prochain. Je demeure persuadée que les villes moyennes comme la nôtre ont un avenir. Cet avenir passe par une adaptation continue dans l’amélioration de l’existant.
Comment s’est déroulée cette évolution, voire cette transformation de la ville ?
Lunéville a été la première ville de France a signé le plan national Action cœur de ville en 2018. Ce plan répond à une double ambition : améliorer les conditions de vie des habitants de villes moyennes et conforter le rôle moteur de ces villes dans le développement du territoire. La première action a été la rénovation du cinéma de la rue de la République. Cinélun a été ouvert à la fin 2019 et aujourd’hui cela représente 100 000 entrées. Le théâtre a également été l’objet d’un vaste programme d’amélioration et aujourd’hui il affiche plus de 20 000 entrées.
Et du côté du centre-ville ?
Il a fait l’objet, et fait toujours l’objet, de nombreuses opérations à l’image de la restructuration du secteur de la gare avec de grands parkings gratuits. La gratuité des parkings concerne toute la ville. Nous avons naturellement des zones bleues, mais nous sommes une des rares villes de France de notre catégorie à proposer des parkings 100 % gratuits. La place Léopold de cœur de ville a été entièrement déminéralisée. Notre objectif est de désimperméabiliser et végétaliser les espaces très minéraux pour redonner un nouveau souffle au centre-ville.
Les impacts sur la dynamique commerciale sont-ils perceptibles ?
Depuis 2020, nous avons multiplié par trois le nombre de créations de boutiques. Chaque fois qu’il y en a trois qui se créent, il n’y en a qu’une qui ferme. Ce qui veut dire que nous avons enregistré une vingtaine de boutiques supplémentaires en centre-ville en deux ans et demi. Notre observatoire du commerce nous permet de connaître tous les lieux disponibles, leurs surfaces, leurs loyers. Grâce à un partenariat avec la CCI de Meurthe-et-Moselle dans un objectif commun de dynamisation et d’attractivité du centre-ville de la ville, nous avons recruté, dès 2021, un manager de centre-ville. Depuis la fin du mois de septembre, il fait aujourd’hui partie intégrante des équipes de la ville. Il veille notamment à ce que l’offre commerciale soit diversifiée avec un équilibre entre les divers types d’activités. L’un de ses rôles est d’accompagner les commerçants dans toutes leurs démarches. C’est un accompagnement complet. Nous avons également créé une boutique éphémère, en accord avec une propriétaire privée, pour permettre aux porteurs de projets de tester leur concept. Elle accueille également des artisans d’une façon ponctuelle comme pour les fêtes de fin d’année.
Impossible de parler de Lunéville sans parler du château, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, propriétaire des lieux, a signé récemment un pacte de développement avec la Région dont un volet concerne le petit Versailles lorrain, comment se positionne la ville ?
Le château est une entité départementale qui intervient sur le bâti et le parc des bosquets qui est un des poumons verts de la ville avec près de 20 hectares. Pour la ville, nous intervenons sur les extérieurs, c’est notre responsabilité. Nous avons notamment travaillé sur la rénovation des rues et des places de la ville pour créer un véritable cheminement entre la gare et le château. Un groupement de commande est aujourd’hui effectif entre la ville et le Département. Quand il aura rénové les cours du château, la ville réalisera la place du château qui a été ciblée dans le programme Action cœur de ville.
Quels sont vos liens avec vos administrés ?
L’avantage d’être une ville comme la nôtre est que tout le monde se connaît. Nous avons une grande proximité avec les habitants. Nous avons mis en place des réunions publiques de quartiers, c’est important en plus des rendez-vous informels. Cela permet d’expliquer nos projets. Aller voir les habitants uniquement en campagne électorale, cela n’a pas de sens. Le fait d’expliquer nos actions, de montrer les réalisations permet aux habitants de s’approprier leur ville. Les Lunévillois deviennent ainsi tous des ambassadeurs de leur ville.
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Guillaume Ramon.
La place Léopold, en
cœur de ville, a été entièrement déminéraliser.
Quels sont vos futurs projets ?
L’un de notre grand projet est la réhabilitation des friches Fischer (voir encadré). Des projets, nous en avons cinquante par minute. Il est difficile de se projeter car nous sommes en fin de mandat. Une chose est certaine, c’est qu’à la fin de mon mandat, tous les engagements de campagne auront été réalisés.
Site Fischer : le renouveau...
C’est l’un des projets phares de la ville ! La réhabilitation des anciennes friches Fischer (du nom de l’entreprise éponyme fermée en 2000) est en marche. Ce terrain de 11 hectares a été racheté par la ville en 2007. La partie Nord (5,5 hectares) est rétrocédé au 53e RT (Régiment de transmissions), deuxième employeur de la ville, pour lui permettre de continuer son activité de façon optimale et notamment d’accueillir dans un futur proche (à l’horizon 2028) de nouveaux matériels militaires Serval. Sur la partie Sud, la ville engagera des programmes immobiliers pour la construction d’habitations individuelles et de petits immeubles collectifs. «La dépollution du site est aujourd’hui engagée et elle sera effectuée avant le 31 décembre», assure Catherine Paillard, maire de Lunéville. «Avec cette opération, nous consolidons la présence de l’armée sur Lunéville pour les quarante prochaines années.» L’armée devrait investir près de 60 M€ dans les années à venir dans la cité cavalière.