Luminess, la deuxième vie 100% digitale de Jouve

Fondée en 1903, l'entreprise Jouve a choisi de changer de nom en janvier dernier. Devenue Luminess et 100% digitale, elle veut poursuivre, depuis Lens, sa conquête du marché international de la gestion de la data.

Thibault Lanxade, PDG de Luminess.
Thibault Lanxade, PDG de Luminess.

Changer de nom n'est jamais anecdotique pour une entreprise. Surtout pour une entreprise centenaire. C'est pourtant le choix qu'a fait la société lensoise Jouve qui, depuis janvier, se nomme Luminess, un changement qui correspond à une transformation assumée. Créée en 1903 à Mayenne, Jouve a en effet un important passé dans l'imprimerie, aujourd'hui révolu. Elle a fini par céder l'ensemble de ses activités d'imprimerie juste avant la crise Covid, en février 2020. Thibault Lanxade, PDG de Luminess, explique : «L'imprimerie ne représentait plus que 22 M€ dans notre activité, sur plus de 100 M€ de chiffre d'affaires. Nous avons donc définitivement quitté le monde de l'imprimerie pour rester sur la gestion des flux entrants documentaires pour les entreprises.»

Le virage avait été amorcé de longue date. Dès les années 1970, Jouve avait commencé à se diversifier en montant dans la chaîne de valeur de l'imprimerie. Avant de s'orienter dès les années 90 vers le digital : «Cela a été une transformation progressive, insiste Thibault Lanxade. L'entreprise s'est adaptée à l'évolution des marchés pour devenir aujourd'hui une entreprise 100% digitale.»

Les Etats-Unis : un gros marché cible

Un changement d'identité s'imposait donc, pour mettre définitivement derrière soi ce volet imprimerie. La crise sanitaire l'a retardé jusqu'à fin janvier, avec le changement de nom officiel. Luminess était née. «On voit dans ce nom lumens, et donc l'avance de phase sur les métiers du digital, la gestion de la data et l'accompagnement des entreprises, détaille Thibault Lanxade. Surtout, c'est plus évocateur que notre ancien nom, pour toutes nos filiales à l'international.» C'est en effet sur le marché mondial que Luminess assoit son développement. Elle a ainsi remporté en juin dernier un important contrat aux Etats-Unis, pour la digitalisation de l’ensemble des flux de l'office américain des brevets, l'équivalent de notre INPI.

Un contrat qui colle parfaitement avec la volonté de Luminess de croître sur ses activités core business... «Et il se trouve que ce marché correspondait très exactement à ce que nous sommes en capacité de faire», se félicite son dirigeant. Et surtout, un contrat qui pèse : 1,4 milliard de dollars sur dix ans. «Nous allons avoir plus la moitié de notre chiffre d'affaires aux Etats-Unis, où nous sommes déjà présent avec une entreprise dans le digital learning. La croissance se fera en partie là-bas. Nous sommes aussi en Inde, à Madagascar, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, en Roumanie.»

Ancrage lensois et croissance externe

Pour autant, Luminess conserve ses racines dans le bassin minier : 80 personnes ont été embauchées depuis juin, dont la moitié au siège lensois. «C'est notre savoir-faire lensois que nous mettons en place aux Etats-Unis, défend Thibault Lanxade. On continue notre R&D en France. L'élaboration, la mise en condition et le maintien en condition de nos plateformes se font à Lens.»

Le PDG l'affirme, la montée en puissance de l'entreprise se fera sur ces bases, en utilisant la France pour construire les solutions vendues à l'étranger. «Avec la volonté de continuer à grossir en termes de chiffre d'affaires, notamment par des acquisitions externes que nous regardons en ce moment», conclut-il.